Il est un devoir pour tout homme de « contribuer à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle il appartient. »
Compendium §189

Sommaire

    Qu’est-ce que le principe de participation ?

    Dans l’enseignement social chrétien, peut-être même encore davantage chez les protestants que chez les catholiques, la Participation est une conséquence directe de la Subsidiarité.

    Cela signifie que ce principe, qui consiste à ce que chacun « apporte sa pierre » dans tous les domaines de la vie sociale, est profondément ancré dans les principes qui guident l’enseignement des églises, sur la reconnaissance de la Dignité et de la Liberté qui donnent la capacité d’agir à tout homme.

    Il s’agit même d’un devoir pour tout homme, considéré comme un citoyen, de « contribuer à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle il appartient » (Compendium § 189).

    L’acception du principe de participation est large, elle ne doit pas être délimitée ou restreinte a priori, car la participation est essentielle à la croissance humaine. Elle doit s’exercer particulièrement dans le monde du travail et les activités économiques, l’information et la culture, et dans la vie sociale et politique jusqu’au niveau international.

    Participation en entreprise : permettre aux collaborateurs d’apporter idées, savoir-faire, charismes personnels…

    En entreprise, il est essentiel de permettre à tous les collaborateurs de participer en apportant leurs idées, leur savoir-faire, leurs charismes personnels, leur manière de prendre les problèmes.

    Ainsi est-il bon d’accueillir les jeunes en les encourageant à exprimer leur point de vue, souvent différent, ou d’embaucher des personnes plus créatives qui apporteront leur richesse à l’entreprise. C’est aussi l’idée que nous avons développée pour nous ouvrir à l’accueil de réfugiés dans nos entreprises. Se laisser bousculer, donner les moyens de s’exprimer à chacun (écoute, formation, temps disponible…) et laisser les « jeunes pousses » se développer peuvent fournir des occasions de renouvellement des biens et services offerts et des modes de production ou de commercialisation. Bien sûr, il s’agit toujours d’un risque, mais il est nécessaire pour faire grandir les autres en leur confiant des responsabilités. C’est au pied du mur qu’on voit le maçon, dit-on. Si l’on ne donne jamais l’occasion d’innover à nos collaborateurs, comment saurons-nous de quoi ils sont capables et quels sont leurs besoins pour aller plus loin ? On comprend à la lecture de ces exemples pourquoi ce principe de Participation a été retenu pour nommer l’actionnariat salarié institué en 1959 et rendu obligatoire dans les entreprises de plus de 100 personnes en 1967 par le Général De Gaulle, qui voulait tout à la fois instaurer « la participation directe du personnel au résultat, au capital et aux responsabilités  ».

    Il est vrai que la vision usuelle de ce nouveau mode de partage des résultats de l’entreprise est souvent celle d’un simple complément de rémunération auquel ont accès les salariés des entreprises de plus de 50 personnes (depuis 1990) ayant accumulé suffisamment de résultats. Mais la Participation au capital d’une entreprise donne, en principe, accès à des informations et à des responsabilités qui peuvent changer le regard des salariés, surtout s’ils peuvent participer au Conseil d’Administration. Les administrateurs salariés sont en général élus par leurs pairs et les entreprises leur offrent souvent de se former à l’économie et à la gestion des entreprises pour mieux exercer leurs droits et devoirs de participation, tant au capital qu’aux organes de gouvernance.

    Participation au-delà de l’entreprise : projets personnels, familiaux, associatifs, sociaux, caritatifs voire politiques.

    Au-delà de la Participation dans l’entreprise, les salariés sont souvent engagés par ailleurs dans des projets personnels, familiaux, associatifs, sociaux, caritatifs, voire politiques. Leur participation à l’extérieur de l’entreprise enrichit également celle-ci et il est important de veiller à les concilier avec l’engagement professionnel. Une attention aux situations personnelles, sans ingérence excessive, peut permettre de réduire les sources de souffrances dues à l’écart entre l’implication dans l’entreprise ou dans la société et la reconnaissance reçue.

    Participation des personnes les plus fragiles

    La Participation des personnes les plus fragiles doit faire l’objet d’une attention particulière. Les associations caritatives leur donnent désormais une large place dans l’expression de leurs besoins et de leurs solutions, ce que faisaient déjà les associations évangéliques en Angleterre au XIXème siècle. Par exemple l’initiative « Territoires Zéro Chômeurs » d’ATD-Quart Monde part de l’expression des talents et des désirs des chômeurs eux-mêmes pour créer ou adapter les emplois qu’ils sont susceptibles de remplir avec la plus grande motivation et l’utilisation de toutes leurs capacités, et ce au bénéfice de toute la collectivité, sans coût supplémentaire.

    Chacun, quelle que soit sa place dans l’entreprise et dans la société, se sent appelé à Participer, car rien n’est pire que de se sentir inutile et chacun aspire à donner de son temps et de son énergie pour les autres, pour le Bien commun, et à se donner soi-même d’une certaine façon. « Qui veut garder sa vie la perdra, qui la donne avec Moi la trouvera », nous dit le Christ.

    Participation des citoyens en politique

    Dans le domaine politique, la Participation prend aussi tout son sens, notamment depuis que les citoyens ont obtenu le droit d’être associés à toute décision ayant un impact potentiel sur l’environnement, ce qui lui donne un champ d’exercice très large. En France, les procédures mises en place prévoient soit une information du public (qui peut, au moins, se faire son opinion sur les projets publiés et l’exprimer, le cas échéant), soit des enquêtes publiques (où l’avis du public est recueilli et pris en compte : une réponse à toutes les observations doit être apportée par l’administration), soit encore un débat public (organisé de façon indépendante par une commission ad hoc qui réunit les avis d’experts et les porte à la discussion avec le public). Elles sont en constante évolution sous la pression des ONG environnementales, mais aussi pour mieux assurer l’acceptation durable des projets dans leur environnement humain.

    La Charte de l’environnement adoptée en 2005 est désormais adossée à la Constitution ; son article 7 stipule que

    « Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement ».

    Plus généralement, la participation des salariés et des citoyens à la vie de leur communauté leur permet de valoriser leurs capacités de contribuer au Bien commun. Benoît XVI recommandait ainsi  :

    « Œuvrer en vue du bien commun signifie d’une part, prendre soin, et d’autre part, se servir de l’ensemble des institutions qui structurent juridiquement, civilement et culturellement la vie sociale qui prend ainsi la forme de la « polis », de la cité ».

    Questions qui se posent en entreprise
    Eclairages

    Eclairages de fond

    Définition du principe de participation
    Définition du principe de participation

    Le principe de participation trouve sa source dans le principe socle de la Pensée Sociale Chrétienne, la dignité de l’homme. En effet, elle tire les conséquences concrètes de la confiance que la Doctrine sociale de l’Eglise place dans la personne humaine capable d’agir en toute liberté et responsabilité au service du bien commun. Cette confiance « s’exprime essentiellement en une série d’activités à travers lesquelles le citoyen, comme individu ou en association avec d’autres, contribue à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle il appartient. »

    15713
    Participer à l’œuvre de l’entreprise, première forme de participation à la vie de l’entreprise
    Participer à l’œuvre de l’entreprise, première forme de participation à la vie de l’entreprise

    Par son travail et sa participation à la vie de différents groupes sociaux « … l’homme réalise le plan de Dieu, manifesté au commencement des temps, de dominer la terre et d’achever la création, et il se cultive lui-même. En même temps, il obéit au grand commandement du Christ de se dépenser au service de ses frères »

    15898
    Donner une place à chacun et faire participer les plus faibles
    Donner une place à chacun et faire participer les plus faibles

    Dans l’entreprise, veiller à faire une place aux petits est une de nos contributions à la construction du Royaume, à la cocréation voulue dès la Genèse dans le plan de Dieu pour les hommes.

    16004
    Pourquoi développer une culture de la coopération au sein des entreprises ?
    Pourquoi développer une culture de la coopération au sein des entreprises ?

    Seules les entreprises qui sauront développer la coopération au sein de leurs équipes et avec les acteurs de leur écosystème survivront.

    17995
    L'échelle de la participation de Sherry Arnstein
    L’échelle de la participation de Sherry Arnstein

    L’échelle de Sherry Arnstein est utilisée pour évaluer le niveau de participation des citoyens à la vie publique. Elle est ici adaptée au monde de l’entreprise et peut inspirer un manager qui souhaite développer la subsidiarité au sein de ses équipes.

    15886
    Le principe de participation aux niveaux personnel et politique
    Le principe de participation à deux niveaux : personnel et politique (organisation et exercice du pouvoir)

    Le principe de participation dans l’entreprise nous fait réfléchir à deux niveaux : au niveau personnel et au niveau politique dans l’organisation et l’exercice du pouvoir.

    15724
    Les nouvelles formes de participation à la vie de la cité
    Les nouvelles formes de participation à la vie de la cité

    La place prise par les réseaux sociaux, l’organisation de débats publics, les initiatives citoyennes pour organiser la vie locale… de nouvelles formes de participation émergent et contribuent à transformer la vie sociale et politique de notre pays. En quoi est-ce une transformation profonde ?

    15925
    L'objection de conscience : questionnements pour le dirigeant chrétien
    L’objection de conscience du dirigeant d’entreprise – Questionnements

    Quand on parle d’objection de conscience, on pense tout d’abord au refus de prendre les armes au nom de convictions religieuses ou philosophiques. Cependant l’objection de conscience peut être élargie à de très nombreuses autres situations.

    15767
    Le principe de participation en Suisse
    Zoom sur la participation en Suisse

    Principe de participation en politique : l’exemple suisse. Le système politique suisse est un mixte de démocratie directe et représentative dans lequel le peuple participe avec le gouvernement et le Parlement aux prises de décisions politiques.

    15739

    Eclairages de dirigeants

    Participation dans l'entreprise : nous remettre en question
    Participation dans l’entreprise : nous remettre en question

    L’équipe EDC Aix-en-Provence témoigne sur le thème de la participation. Un principe qui résonne de manière différente chez chacun des membres de cette équipe aux situations professionnelles variées (indépendants, dirigeants de petite entreprise ou dans un grand groupe…)

    15126

    Eclairages spirituels

    La participation comme service (Evangile de Jean)
    La participation comme service : Evangile de Jean 13,1-20

    Les Apôtres, qui participent à la mission de Jésus, sont ainsi également invités à participer à sa compréhension de l’exercice de l’autorité. L’autorité est nécessaire dans la vie et dans l’organisation de la communauté chrétienne, mais elle ne s’exerce légitimement que dans un esprit de service.

    15303
    La participation comme adhésion à un projet : l'alliance (Ex 19-24)
    La participation comme adhésion à un projet : l’Alliance (Ex 19-24)

    L’expression « fondements bibliques » pourrait être trompeuse. Aucune tradition biblique ne déploie un concept ou une catégorie de « participation », dont pourraient être « déduites » un certain nombre de conséquences pour une réflexion sociale contemporaine. Il s’agit plutôt dans ce chapitre d’examiner un certain nombre de traditions bibliques qui, répondant à des situations ou à défis de leur temps, peuvent néanmoins constituer des ressources pour une réflexion contemporaine sur la participation.

    15378
    Bible : La participation comme responsabilité partagée dans l'Evangile de Luc
    Bible : La participation comme responsabilité partagée dans l’Evangile de Luc

    La mission des 72 disciples du Christ (Luc 10,1-20) : Il est probable que le récit de Luc 10,1-20 fasse allusion au récit de Nombres 11. Les chiffres des deux récits concordent : 72 disciples, soit le […]

    15309
    La confiance, clé du lâcher-prise
    La confiance, clé du lâcher-prise

    Si la tradition chrétienne ne connaît pas la locution lâcher prise, quels sont les domaines qui s’ouvrent au lâcher-prise dans une perspective chrétienne ?

    15173
    Ne former qu'un seul corps
    Ne former qu’un seul corps avec le principe de participation

    Selon le principe de participation, « on ne fait pas le bonheur des gens sans eux. » Il est nécessaire d’associer nos partenaires et collaborateurs aux décisions.

    15133
    Derrière la question du sens se trouve celle de la vocation
    Derrière la question du sens se trouve celle de la vocation

    L’homme trouve du sens là où il répond à sa vocation. Pour cela, chacun est appelé à faire croître et prendre soin.

    17989
    La participation comme responsabilité partagée dans le Livre des Nombres
    Bible : La participation comme responsabilité partagée dans le Livre des Nombres

    La participation comme responsabilité partagée : la charge de Moïse et des Anciens (Nombres 11,4-34) ; la charge des 72 disciples (Luc 10,1-20) Nb 11,4-34 : la nécessité pour Moïse de partager sa « charge » Le récit de Nb […]

    15308
    Témoignages
    Susciter confiance et esprit d'intiative
    Principe de participation : susciter confiance et esprit d’initiative

    Le père Baudouin Roger et Philippe Hyvert définissent ensemble les conditions de mise en œuvre de la participation en entreprise.

    15037
    GT Location : "Il faut que la structure s'efface pour laisser les collaborateurs s'épanouir"
    « Il faut que la structure s’efface pour laisser les collaborateurs s’épanouir. »

    Témoignage de Michel Sarrat : Conduire une entreprise de location de camions, orienter son management vers plus de confiance et d’autonomie : ouvrir la voie à plus d’humanisation.

    2652
    Reportage à l'atelier HandySoie
    « Construire l’entreprise sur les richesses de chacun »

    Rencontre avec Hélène Dabbadie, membre des EDC et fondatrice de HandySoie, un atelier d’artisanat textile d’excellence qui travaille notamment pour le groupe Hermès. Une entreprise qui, dès sa création, a fait le choix d’inscrire le souci du bien commun au cœur de la vie de l’entreprise.

    2907
    Réfléchir en équipe EDC et partager mes expériences

    Quelques questions à vous poser seul ou en équipe EDC.

    • Quelle place faisons-nous dans nos entreprises à l’expression des idées et au développement des initiatives de chacun, dans la Subsidiarité, pour permettre une Participation plus active et plus riche ?
    • Quelle part des profits est-ce que je partage dans l’intéressement et la participation ? Avec quelle conséquence sur la gestion de l’entreprise (participation au CA, à la stratégie, aux objectifs…) ?
    • Quelle possibilité et quelle attention j’offre à mes collaborateurs pour leur permettre de participer à la vie sociale en dehors de l’entreprise et quelle reconnaissance j’y porte ?
    • Est-ce que je m’implique dans les enjeux collectifs (professionnels ou politiques) et est-ce que j’encourage mes salariés à s’y impliquer selon leurs charismes ?

    Questionnaire proposé dans la revue Dirigeants chrétiens n°83

    1. État des lieux : dans mon entreprise, qu’en est-il en termes de participation?

    • Suis-je prêt au don d’une partie de mes prérogatives, pour favoriser la prise de responsabilité par les salariés ?
    • La prise de responsabilité par les salariés : droit, invitation, devoir ?
    • Quelles sont les décisions pouvant/ devant être traitées par les salariés ?

    2. Agir : comment favoriser l’éducation à la prise de responsabilité ?

    • La direction s’intéresse-t-elle à la base, avant d’attendre de la base qu’elle s’intéresse au sommet ?
    • La prise de responsabilité par la base est-elle valorisée ?
    • L’entreprise a-t-elle mis sur pied un parcours de formation ou un cadre propice à la prise de responsabilité ?
    • Le droit à l’échec existe-t-il ?
    • Les salariés de mon entreprise savent- ils que le don qui est attendu d’eux fait grandir et rend heureux ?

    3. L’organisation: comment proposer la participation sans l’imposer ?

    • Dans mon entreprise, quel rôle jouent les IRP sur ce sujet ?
    • Quels indicateurs simples mettre en place, en accord avec les IRP, pour mesurer la participation des salariés au projet d’entreprise ?
    • Un dialogue tripartite entreprise- syndicats-salariés existe-t-il a n que la participation sorte du champ de la revendication et de la négociation ?
    • Les salariés se savent-ils libres à tout moment de participer ou non ?
    Liens avec les autres principes de la pensée sociale chrétienne

    Lien entre la participation et le bien commun

    La participation est définie comme « l’engagement volontaire et généreux de la personne dans les échanges sociaux. Il est nécessaire que tous participent, chacun selon la place qu’il occupe et le rôle qu’il joue, à promouvoir le bien commun. Ce devoir est inhérent à la dignité de la personne humaine ».

    Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise

    Lien entre la participation et la subsidiarité

    La conséquence caractéristique de la subsidiarité est la participation qui s’exprime, essentiellement, en une série d’activités à travers lesquelles le citoyen, comme individu ou en association avec d’autres, directement ou au moyen de ses représentants, contribue à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle il appartient.

    Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise

    Lien entre la participation et la dignité

    « La participation est l’engagement volontaire et généreux de la personne dans les échanges sociaux. Il est nécessaire que tous participent, chacun selon la place qu’il occupe et le rôle qu’il joue, à promouvoir le bien commun. Ce devoir est inhérent à la dignité de la personne humaine ».

    Catéchisme de l’Eglise catholique n°1913