Petite impulsion de notre conseiller spirituel régional : Père Paul Houdart
Publié le 15/07/2022Faire le plein…
Dans les années 1920 nous les aurions appelés « estivants ». Cela ne manquait pas de poésie ! Le mot a été rapidement détrôné avec la naissance du terme « vacanciers » en 1928 pour définir ceux qui prennent des vacances. Manifestement il faut les « prendre ». Ce temps pourrait vous échapper ou même vous fuir. Elles sont devenues un droit.
A l’origine, le mot « vacance » (au singulier) vient des romains. Il signifie « être vide ». Ainsi on parle de la vacance du Siège apostolique (« sede vacante » en latin), non pour définir la période estivale sous le ciel du Vatican, mais à la mort du pape, ou sa renonciation , le Siège est déclaré « vide » jusqu’à l’élection du successeur.
La vacance désigna sous la Renaissance l’interruption des travaux des tribunaux. C’est au XVIIe siècle que l’on parla de vacances (au pluriel) des étudiants. C’est le sens que nous entendons aujourd’hui.
Faire le vide et s’arrêter. C’est salutaire ! Quand on pense que dans certaines grandes entreprises, des collaborateurs n’hésitent pas à vous contacter, voire vous poursuivre jusque dans vos temps de repos sous prétexte d’urgences, il y a de quoi s’inquiéter sur la nature du rapport entre l’Homme et le travail.
L’Homme est-il le centre de l’économie ? L’être humain est-il un simple pion sur l’échiquier de l’entreprise ? Nous savons que « la vie fleurit par le travail » (Rimbaud) mais les vacances deviennent nécessaires pour garder un équilibre, prendre du recul, regarder autrement, se ressourcer, développer des relations. Prendre des vacances pour plus « être » et se reconnaître comme existant dans sa famille, dans son travail, dans le monde. Les vacances ne sont pas qu’un des rouages de la rentabilité.
L’exercice n’est pourtant pas toujours simple. Cette rupture avec le rythme de la vie ordinaire n’en fait pas nécessairement un temps de tous repos… Alors il est bon de prendre le temps et prendre son temps, puisque ordinairement c’est le temps qui nous prend ! C’est se donner des priorités. C’est aussi un temps pour enrichir sa foi. Trouver un nouveau rythme dans sa prière (sans se laisser submerger par les événements). Prendre le temps de lire, d’entrer dans une église, de respirer. C’est retrouver ou maintenir le chemin de la messe, même si l’entourage semble indifférent. Les vacances sont un enrichissement. Elles favorise un nouveau départ. Elles sont « sur mesure ». À nous de reconnaître nos vrais besoins.
Alors qu’une fois de plus le vide des vacances devienne un plein de vie.
Père Paul Houdart
Conseiller spirituel des EDC Bourgogne-Franche-Comté