Qu'est-ce que le principe de solidarité ?

« Personne ne peut affronter la vie de manière isolée » écrivait le pape François dans Fratelli Tutti. En effet, le principe de solidarité est d’abord une caractéristique anthropologique de cet être de relation qu’est l’homme. Mais ce principe de solidarité, de fait, la morale chrétienne appelle à en faire à la fois une vertu que chacun doit manifester dans ses actes de charité et un principe social. La solidarité s’offre alors comme une réponse à la pauvreté relationnelle que connaît la société d’aujourd’hui.

L’homme est un être de relation

L’homme ne vit pas seul. Il doit se reconnaître dépendant de Dieu, d’abord, qui lui a donné « la vie, la croissance et l’être », des autres ensuite, car il est créé en relation avec les autres hommes, sa mère en premier lieu pour le petit d’homme, si démuni à la naissance, son père et sa famille qui le protègent et l’éduquent, puis la société qui l’entoure, et au-delà avec toute l’humanité.

« À la reconnaissance de l’égale dignité de chaque homme et de chaque peuple doit correspondre la conscience que la dignité humaine ne pourra être protégée et favorisée que sous une forme communautaire, par l’humanité tout entière »

Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise § 145

Une chronique RCF de Pierre Arnaud sur le thème de la solidarité

 

 

De cette reconnaissance d’une solidarité intrinsèque à la vie humaine découlent deux aspects complémentaires du principe de solidarité :

– d’une part, celui de principe social qui se traduit dans l’organisation de la société :

« La solidarité doit être saisie avant tout dans sa valeur de principe social ordonnateur des institutions, en vertu duquel les « structures de péché » qui dominent les rapports entre les personnes et les peuples doivent être dépassées et transformées en structures de solidarité, à travers l’élaboration ou la modification opportune de lois, de règles du marché ou la création d’institutions » (Compendium § 193).

– d’autre part, celui de vertu morale que chacun doit savoir pratiquer envers les autres hommes :

« La solidarité est également une véritable vertu morale, et non pas « un sentiment de compassion vague ou d’attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire, c’est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c’est-à-dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous ». La solidarité s’élève au rang de vertu sociale fondamentale parce qu’elle se situe dans la dimension de la justice, vertu orientée par excellence au bien commun et dans l’engagement à « se dépenser pour le bien du prochain en étant prêt, au sens évangélique du terme, à “se perdre” pour l’autre au lieu de l’exploiter, et à “le servir” au lieu de l’opprimer à son propre profit (cf. Mt 10, 40-42; 20, 25; Mc 10, 42-45; Lc 22, 25-27) ». » (Compendium § 193, suite).

Pour les entrepreneurs et dirigeants chrétiens, les deux aspects sont nécessaires.

Laisser place à l’expression de la solidarité pour que s’épanouissent les capacités des collaborateurs

En effet, une organisation qui ne laisse place à l’expression d’aucune solidarité entre les membres d’une même entreprise ou d’une même chaîne de valeur a peu de chance de voir s’épanouir les capacités des collaborateurs et se développer des initiatives créatrices. Elle restera pyramidale, les « chefs » étant sollicités sur tout, faute de subsidiarité et de transversalité, et elle sera quittée par les salariés les plus mobiles, qui recherchent une communauté de vie professionnelle, tout autant que la mise en œuvre de leur talent personnel.

Inversement, une organisation, si parfaite soit-elle pour encourager les compétences à se mettre à son service, ne réussira à motiver durablement les personnes qui y concourent que dans l’expression vraie d’une volonté de travailler pour un Bien commun collectif, et non pour la recherche exclusive des résultats.

« Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui »

Prendre soin des collaborateurs, être attentifs à leur vie toute entière n’est pas faire preuve d’ingérence dans la vie personnelle de ceux-ci, mais prendre en compte cette parole de saint Paul : « Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Co, 12, 26).

Et cela conduit à se préoccuper du développement intégral des hommes et des femmes qui nous entourent, « le développement de tout homme et de tout l’homme », comme le définit le pape Paul VI dans Populorum Progressio en 1967. « Le développement est le nouveau nom de la Paix », disait-il aussi. Nous avons un devoir de solidarité plus large avec tous les pays du monde qui souffrent de retard dans leur développement, ainsi qu’avec les générations futures, pour les laisser disposer des ressources naturelles ou culturelles qui leur seront nécessaires, dans notre « maison commune ».

Repères chrétiens

 

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