Qu'est-ce que le principe de destination universelle des biens ?

La destination universelle des biens repose sur une vision chrétienne de la Création du monde.

« Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité » (Compendium § 171).

La destination universelle des biens découle du bien commun.

C'est elle qui permet permettre à tous les hommes de remplir leurs besoins fondamentaux et d’avoir ainsi la capacité d’atteindre au mieux leur perfection.

Cela entraîne pour tout chrétien que la propriété privée a toujours une limite, celle qu’imposent les besoins des hommes qui nous entourent, et le respect de la Création qui nous est confiée collectivement.

« Le principe de la Destination universelle des biens invite à cultiver une vision de l’économie inspirée des valeurs morales qui permettent de ne jamais perdre de vue ni l’origine, ni la finalité de ces biens, de façon à réaliser un monde juste et solidaire, où la formation de la richesse puisse revêtir une fonction positive »

Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise § 174

La destination universelle des biens nous demande de reconnaître la valeur du travail qui crée ces richesses, travail d’imagination et de réalisation, la valeur des ressources qui y sont mises en œuvre, celle des connaissances techniques et scientifiques nouvelles, et l’objectif de bien-être des hommes et des peuples auquel cette production doit concourir.

Cela s’oppose d’abord à la fois à l’exploitation des hommes et à leur exclusion, mais aussi à l’accaparement des biens, qui va contre la liberté humaine, car il ne permet pas à ceux qui manquent du nécessaire d’exercer pleinement leur dignité et leur responsabilité. La Destination universelle des biens est ainsi directement liée à ce que l’Église appelle « l’option préférentielle pour les pauvres » et au Partage, qui est également un pilier de la pensée sociale chrétienne. Le texte auquel nous pouvons nous référer est l’évangile de Zachée (Luc, ch. 19).

Avec la destination universelle des biens, la pensée sociale chrétienne reconnait une fonction sociale à toute propriété...

... sans pour autant préconiser que tous puissent la « posséder confusément ». Les limites doivent être claires ! Elles obligent ensuite les propriétaires légitimes à user de leurs biens en tenant compte des effets de cet usage et « de façon à poursuivre, au-delà de son avantage personnel et familial, le bien commun. Il s’ensuit un devoir de la part des propriétaires de ne pas laisser improductifs les biens possédés, mais de les destiner à l’activité productive, notamment en les confiant à ceux qui ont le désir et les capacités de les faire fructifier » (Compendium § 178).

 

Pour nous, entrepreneurs et dirigeants chrétiens, cette attitude exclut de nous laisser posséder par les biens matériels ou de les idolâtrer en oubliant leur lien avec le Dieu Créateur créant.

 

L’économie doit être au service de l’homme et non l’inverse. Le Pape François le redit dans l’encyclique Laudato Si’, en nous enjoignant d’œuvrer à la sauvegarde de la « maison commune » mais aussi de « redéfinir le progrès » en fonction de son apport au développement intégral de tout l’homme et de tout homme, selon les formules de ses prédécesseurs.

Repères chrétiens

 

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