4 principes forts pour faire de mon entreprise une structure de sainteté

« A la loi de la chute » selon laquelle « Une âme qui s’abaisse par le péché abaisse aussi l’Église et, d’une certaine façon, le monde entier » correspond une loi de l’élévation selon laquelle « une âme qui s’élève élève le monde ». Cette solidarité humaine dans la chute comme dans l’élévation se développe dans «  le profond et magnifique mystère de la communion des saints » 1.

Comme il existe des structures de péché, il existe donc des structures de sainteté. De fait, l’accumulation d’actions bonnes contribue à créer un climat propice au bien. C’est-à-dire à créer une paix profonde, le respect de tous, le bien-être et le développement.

De même, une réflexion éclairée pourra conduire à mettre en place les règles qui favoriseront un fonctionnement vertueux et favoriser le développement du monde. C’est en cela que l’on a pu dire : « La vocation ultime, dernière du chrétien, c’est de présenter le monde à Dieu et de présenter Dieu au monde; là, il est spécifiquement dans son identité chrétienne, pour laquelle personne ne peut le remplacer. ». (Assises régionales EDC de Poitiers 2001)

L’ensemble des dimensions de l’entreprise peut être revu dans cette perspective. Ce sera l’objet du chapitre suivant. Préalablement il peut être intéressant de reprendre les quatre principes développés par le pape François dans Evangelii Gaudium  et repris dans Laudato Si.

Ces quatre principes orientent le développement harmonieux de l’unité d’une communauté dans un projet commun. Pour François, leur application « peut être un authentique chemin vers la paix dans chaque nation et dans le monde entier ». Elles s’appliquent parfaitement à l’entreprise.

Orientation n°1 : Le temps est supérieur à l’espace 2 3

Il s’agit de privilégier le long terme sur le court terme. Pour cela, donner la priorité au processus par rapport aux « résultats immédiats » ou aux « espaces de pouvoirs ».

Pour que ces processus, si nombreux en entreprise, développent une bonne dynamique il s’agit de voir en quoi, ils facilitent :

• Le discernement en laissant le temps à chacun de prendre du recul.
• La qualité des relations entre les personnes.
• Le développement intégral4 des personnes.

Orientation n°2 : l’unité prévaut sur le conflit

« Le conflit ne peut être ignoré ou dissimulé. Il doit être assumé. Mais si nous restons prisonniers en lui, nous perdons de la perspective, les horizons se limitent et la réalité même reste fragmentée. Quand nous nous arrêtons à une situation de conflit, nous perdons le sens de l’unité profonde de la réalité »5. Rechercher l’unité « qui permet de créer une nouvelle vie » demande : 

• d’accepter les conflits en étant convaincu que l’unité leur est supérieure
• de regarder chaque personne dans sa dignité la plus profonde
• de rechercher l’unité en conservant les possibilités révélées par l’opposition.

Orientation n°3 : la réalité est plus importante que l’idée

« La réalité est, tout simplement ; l’idée s’élabore. Entre les deux il faut instaurer un dialogue permanent, en évitant que l’idée finisse par être séparée de la réalité. »6. Cela suppose :

• un retour au réel et à la valeur des faits : qu’est-ce qui s’est vraiment passé ? quels sont les faits ?
• de développer un dialogue vrai car l’observation de la réalité faite ensemble réunit alors que l’émission d’opinions divise
• d’être lucide sur les « diverses manières d’occulter la réalité ». La liste dressée par le pape en rappelle certaines : « les purismes évangéliques, les totalitarismes du relativisme (…), les projets plus formels que réels, les fondamentalismes antihistoriques, les éthiques sans bonté »7. Nous pouvons y ajouter la distance avec le terrain, le pilotage par les seuls chiffres.

Orientation n°4 : le tout est supérieur à la partie

« Le tout est plus que la partie, et plus aussi que la simple somme de celles-ci, on ne doit donc pas être obsédé par des questions limitées et particulières. Il faut toujours élargir le regard pour reconnaitre un bien plus grand qui sera bénéfique à tous. Mais il convient de le faire sans s’évader, sans se déraciner »8 . Pour cela, il importe de veiller à ce que :

• le bien commun du tout donne du sens à l’action de chaque partie. Chacune ayant ainsi en vue une perspective plus large.
• les relations entre les personnes soient traitées en priorité par rapport aux aspects matériels des tâches réparties entre elles
• la solidarité entre les personnes puisse s’exercer au sens de la Pensée Sociale Chrétienne9.
  La solidarité peut demander de « s’oublier soi-même » pour une cause commune partagée en cas de conflit, savoir ainsi rappeler l’objectif commun et faire adhérer autant que possible les collaborateurs impliqués aux solutions « les meilleures ou les moins mauvaises » retenues pouvant impliquer des efforts de certains ou de tous par rapport aux stricts intérêts particuliers.

Extrait du Cahier des EDC Bien commun et entreprise