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Le sens de la solidarité : inclination naturelle, vertu et principe social

13 février 2024 Repères chrétiens
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Le mot de solidarité recouvre des notions différentes parmi lesquelles il est possible de distinguer deux réalités différentes : d’une part, la solidarité résulte d’une inclination naturelle de l’homme envers ses semblables... qui lorsqu’elle se transforme en acte devient une vertu. D’autre part, la solidarité est une réalité vécue... dont le constat et les conséquences débouchent sur un principe social.

 

Chacune à leur niveau, ces deux réalités sont le lieu d’une tension vers le bien. La première invite chaque homme à se convertir personnellement. La seconde à revoir nos organisations sociales et politiques. Leur rapprochement donne une vision dynamique de la solidarité faite d’attitudes individuelles et d’organisation collective. Détaillons ces réalités.

La solidarité est une inclination naturelle.

Dès ses premières semaines, dans un environnement aimant et en l’absence de handicap, le bébé manifeste de l’attention aux autres et développe une tendance naturelle à aider. Dans sa famille, l’enfant pourra développer son sens de l’autre. L’éducation, reçue mais aussi des rencontres, des expériences seront décisives pour renforcer mais aussi parfois malheureusement pour étouffer cette tendance. Adolescent, il vivra cet élan avec ses camarades de classe et son équipe sportive. Adulte, ce sera dans les équipes de travail puis plus largement dans l’entreprise, les associations, clubs...

 

Autant de communautés où la solidarité est « un devoir social ou une obligation réciproque d’aide et d’assistance ou de collaboration, qui existe entre les personnes d’un groupe ou d’une communauté du fait du lien qui les unit.»

 

Quand d’autres vivent des situations de malheur ou d’injustice, le sentiment de solidarité peut s’élargir et se manifester avec force. Dans le cas de catastrophe naturelle, les hommes sensibles au malheur des populations touchées se mobilisent pour leur en venir en aide. Souvenons-nous de la mobilisation provoquée par le tsunami de décembre 2004 en Thaïlande, l’ouragan Katrina de 2005, le tremblement de terre d’Haïti de 2010....

 

La perception, aujourd’hui largement partagée, de « l’urgence écologique » renforce la conscience d’une solidarité universelle. Le monde est devenu comme « un village planétaire » dont la solidarité est une clé.

Quand ce sentiment se traduit en action, la solidarité devient une vertu.

Comme l’écrivait saint Jean-Paul II la solidarité n’est pas « Un sentiment de compassion vague ou d’attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire, c’est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun ; c’est-à-dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous ».

 

« La solidarité s’élève au rang de vertu sociale fondamentale parce qu’elle se situe dans la dimension de la justice,

« L'urgence écologique renforce la conscience d'une solidarité mondiale. »

« Être solidaire, c'est avoir la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun. »

 

« La solidarité est une réalité qui s'impose : l'implication de chaque marin est nécessaire à la bonne marche du bateau. »

vertu orientée par excellence vers le bien commun, et dans l’engagement à « se dépenser pour le bien du prochain en étant prêt, au sens évangélique du terme, à “se perdre” pour l’autre au lieu de l’exploiter, et à “le servir” au lieu de l’opprimer à son propre profit »10.

 

Le développement de cette vertu est le résultat d’une éducation tant intellectuelle qu’affective. Celle-ci commence dans la famille. « Elles (Les familles, ndlr) constituent le premier lieu où se vivent et se transmettent les valeurs de l’amour et de la fraternité, de la convivialité et du partage, de l’attention et du soin de l’autre. » (Fratelli Tutti §114.). Sont également concernés « les éducateurs et les formateurs » ainsi « que les agents culturels et des moyens de communication (qui) ont aussi une responsabilité dans le domaine de l’éducation et de la formation »

La solidarité est une réalité qui s’impose.

Elle est un état de fait qui conduit à une obligation d’aide réciproque ou de collaboration qui unit les membres d’un même groupe. Ainsi, au sein de l’équipage d’un navire en mer, l’implication de chaque marin est nécessaire à la bonne marche du bateau. L’erreur d’un seul met en péril tout l’équipage. Ce qui touche l’un d’eux touche les autres. L’expression « nous sommes tous dans le même navire » dit bien ce qu’est la solidarité vécue comme une réalité.

La solidarité est alors une interdépendance vécue avec plus ou moins de force selon la nature du groupe, sa culture, son histoire. Elle existe dans des groupes dont l’origine peut être très différente : communauté liée à notre origine (famille, clan, nation, humanité), communauté liée à une activité économique, sociale ou politique (entreprise, association), regroupement lié à un contrat (mutuelle...).

 

L’étude de l’étymologie nous apprend que solidarité a la même racine que « in solidum » terme juridique qualifiant un contrat où chacun est responsable de la totalité de la réalisation du contrat.

 

Remarquons que si la solidarité s’exerce pour le bien, elle s’exerce aussi pour le mal et devient alors une « structure de péché » (cf. Bien commun et entreprise pages 48 à 52). Ainsi la solidarité d’un groupe mafieux ou l’impact destructeur que peut avoir sur un groupe la découverte du comportement déviant de l’un de ses membres.

La solidarité est un principe social ou politique, opposé à l’individualisme.

L’interdépendance perçue comme une nécessité positive guide l’organisation des groupes ou des sociétés. Ainsi sur un navire, la solidarité s’exprime dans les codes de conduite entre marins. Au sein d’une société, elle va donner des indications pour la répartition des biens mais aussi sur la façon d’agir : « Les problèmes socio-économiques ne peuvent être résolus qu’avec l’aide de toutes les formes de solidarité : solidarité des pauvres entre eux, des riches et des pauvres, des travailleurs entre eux, des employeurs et des employés dans l’entreprise, solidarité entre les nations et entre les peuples » (Catéchisme de l’Église Catholique § 1941)

La solidarité comme principe guide aussi des lois ou des orientations politiques. Ainsi selon l’article 220 du code civil, la solidarité entre les époux est l’un des principaux devoirs résultant du mariage. La solidarité nationale est invoquée dans les débats sur les retraites, les politiques de santé, la fiscalité.

 

 

Remarquons que la solidarité porte en elle une vision optimiste de l’homme. Elle s’oppose au pessimisme de Hobbes écrivant « l’homme est un loup pour l’homme ». Elle est une façon de mettre la charité en acte. Charité individuelle quand elle est une vertu individuelle. Charité sociale quand elle est mise en œuvre dans une communauté. La solidarité est bien une réponse à l’interpellation de Dieu à Caïn : « qu’as-tu fais de ton frère ? ». Cette interpellation concerne autant notre action personnelle que l’organisation de nos sociétés.

 

Les différentes dimensions de la solidarité sont bien pré- sentes dans l’entreprise. En effet, ses dirigeants, collaborateurs et actionnaires sont solidaires (principe social) quand l’une des parties va mal, l’ensemble de l’entreprise est touché (réalité qui s’impose). Pour bien fonctionner, l’entreprise a besoin du sentiment d’appartenance (inclination) et de dévouement (vertu).




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