Entreprise et famille : comment concilier ces deux réalités ?
Publié le 25/10/2000Comment le dirigeant d’entreprise peut-il concilier famille et entreprise, ces deux communautés humaines ? Afin d’éclairer cette question, voici un témoignage d’Alain de BRUGIERE, ancien secrétaire général du CFPC, donné le 25 octobre 2000 aux membres EDC d’Ile-de-France.
« Grand honneur et grand bonheur d’être ici au milieu de vous ce soir. Grand honneur car suis-je vraiment le mieux placé, le plus pertinent pour vous parler d’un tel sujet « le responsable d’entreprise et la famille » ?
Il y a parmi vous des responsables d’entreprise bien plus pertinents que je ne le suis.
… Mais en repensant au questionnement de tout homme dans la Bible quand il reçoit un appel et qu’il se dit « Pourquoi moi Seigneur ? Qui suis-je pour aller voir Pharaon ? Qui suis-je pour aller parler à mes frères ? « Le ciel ne répond jamais à cette question mais fait comprendre à l’intéressé « Donne ta réponse, Toi , aujourd’hui à l’appel qui t’est fait. » Vous aurez donc ma réponse à cette question qui n’en est pas une… »L’entreprise et la famille » mais sous entendu j’interprète : comment tu t’en sors (ou pas), toi, de ces deux réalités apparemment difficilement conciliables ? »
Entreprise et famille : comment concilier ces deux réalités ?
« Il y a la réponse, intellectuelle, voire spirituelle, que je peux donner et que j’ai envie de donner, mais aussi et surtout il y a la réponse de ma vie, sans doute la seule un peu crédible puisque c’est celle que j’ai essayé de mettre en pratique. Tout parent mesure bien, du reste, que c’est la seule qu’acceptent de croire au final leurs enfants qui les regardent vivre, car ils ne sont pas dupes.
Ce fut un de mes premiers étonnements du reste en arrivant en responsabilité au CFPC comme secrétaire général. Je n’avais pas ouvert la bouche que déjà certains m’interrogeaient parce que j’avais dit par ma vie en faisant ce choix. « Tu as osé quitter l’entreprise ? Quel âge as-tu ? » Oser quitter l’entreprise pour un break de plusieurs années pour faire autre chose… c’est gonflé ». Ca peut paraître insolent… mais bon ! Où serait notre liberté si l’entreprise devenait chaîne ?
Comment organiser ma réponse maintenant ?
Je n’ai pas forcément envie de vous livrer une réponse structurée en trois chapitres et une synthèse mais plutôt par petite touches. »
Qu’est-ce que l’entreprise apporte à la famille, et qu’est-ce que la famille apporte à l’entreprise ?
« Dans un premier temps, ma réflexion m’a mené vers la question : « Qu’est-ce que l’entreprise apporte à la famille, et qu’est ce que la famille apporte à l’entreprise ? »
Car quelque part, je n’ai pas envie d’opposer entreprise et famille. Il faut surtout empêcher que l’une ne dévore l’autre. Il faut surtout permettre à chaque entité d’exister et de se nourrir mutuellement. Là aussi, je n’apporterai pas de réponse universelle, mais ma réponse.
L’entreprise : lieu de réalisation de mes talents
Pour moi, ce que l’entreprise apporte à la famille : bien sûr, des moyens de subsistance (et ce n’est pas neutre, surtout quand on a 4 étudiants), pour moi, père de famille, les moyens de dire « JE », le lieu de réalisation de mes talents, le lieu qui me permet de construire et qui me construit en réciprocité, l’ouverture sur le monde, le vent du large, le lien autre qui permet à la famille de ne pas rester confinée sur elle même, l’exigence de la vie, des échéances, des résultats, l’exemplarité des projets, en un mot le réalisme, le pragmatisme et le sens de l’aboutissement.
Il est heureux, très heureux que les derniers sondages auprès des jeunes plébiscitent la famille. Mais il faut rester vigilant sur ce qu’il y a derrière parfois en terme de fantasme sur le cocooning familial et la crainte du vent du large, de la vie sur le pont où des embruns vous sont servis quotidiennement par le marché, les concurrents, les attentes du personnel, les turpitudes de la technique et les exigences des financiers… Exigences de réalisme donc, dont j’ai eu et ai encore la chance de bénéficier quelles que soient les gamelles que j’ai pu prendre pour le plus grand bienfait de ma maturation humaine.
La famille : lieu de « l’inconditionnel »
« Et puis il y a ce que la famille apporte à l’entreprise. Pour moi, du vécu : le lieu de l’inconditionnel. Le lieu où tu n’as pas à faire preuve de ta bonne foi, ton intelligence, ta puissance financière, le lieu où l’on t’aime pour ce que tu es. Le lieu où tu es là parce que tu es toi. « Oasis » indispensable au milieu du champ de l’activité humaine ; le filet de sécurité inconditionnel. Si l’entreprise explose en vol (ce que j’ai pu connaître), la famille est là, qui se tait, qui tient, qui accompagne en silence et vous dit votre raison d’être.
La famille invite le chef d’entreprise à sortir de la loi du rationnel, l’acceptation du pas parfait. Les enfants sont là pour vous le rappeler au quotidien. Saint Exupéry dans Citadelle » Ne cherchez pas à bâtir un monde où tout soit parfait, mais inventez plutôt un monde où tout soit fervent ». »
La famille invite aussi au respect du faible
« La famille invite aussi au respect du faible, le respect de celui qui grandit ou qui a à grandir. La famille est un rappel permanent au faire grandir… C’est notre rôle de jardinier que l’on comprend assez bien pour nos enfants mais beaucoup moins bien pour des salariés desquels on exige de suite parce qu’on paye.
L’entreprise se nourrit de la stabilité de la famille
Et puis la tendresse … Aimer ses ouailles et exiger comme un père, c’est aussi des fondamentaux palpitants pour une vie d’entreprise. Une chose encore sur ce sujet, du non-dit sûrement, mais implicitement l’entreprise se nourrit de la stabilité de la famille, de la maturité et de la responsabilité que donne la notion de chef de famille. L’entreprise a besoin de cette notion de responsabilité qui prend ses racines dans l’expérience de la famille. Regardez donc bien dans vos entreprises ceux sur lesquels vous vous appuyez plus volontiers, en confiance dans la durée… Je constate aujourd’hui comme DRH qu’en approfondissant les dérives managériales ou comportementales, on trouve régulièrement derrière des familles ou des foyers fragilisés, cassés, blessés ou simplement des personnes qui ont marqué le pas devant cette responsabilité.
L’entreprise, si l’on n’y prend garde, peut détruire le socle de la famille
« Et paradoxalement, l’entreprise, si l’on n’y prend garde, joue avec le feu car elle a une énorme capacité à fissurer ou à détruire ce socle duquel elle se nourrit et sur lequel elle bâtit une partie de son équilibre. Surcharge de travail, responsabilité excessive, temps exigé au delà du raisonnable, autant de coup de boutoirs dans les fondements qui sont partie intégrantes de sa pérennité. »
Famille et entreprise : en toute chose, discerner, peser, goûter, s’engager.
« Autre chose dans la conduite de ce dilemme. En toute chose, discerner, peser, goûter, s’engager. Je ne ferai pas ici d’exposé sur le discernement car on en a beaucoup parlé au CFPC comme en d’autre lieux et aujourd’hui encore. Je crois que c’est une pratique indispensable pour toute personne en responsabilité… Il ne s’agit pas d’un choix à faire entre ce qui serait bien et ce qui serait mal entre le noir et le blanc. C’est apprendre à choisir entre deux situations, celle qui m’inscrit le mieux en Dieu à cet instant présent , qui m’aide à trouver en plénitude ma vocation humaine….
« Cet endroit qui est votre croix, qui vous empêche de grandir, c’est celui qui vous fait gagner en humanité ».
Il est 20heures, j’ai encore plein de boulot. Il est 20 heures, j’ai une famille qui m’attend. Il y a impératif et bonne cause des deux cotés. Si je choisis l’une de ces deux priorités qui se présentent à moi, comment je vais gérer l’autre ? Ma réponse peut aussi jouer avec le temps et s’inscrire dans le temps. Mais souvent, je suis pris en croix entre ces deux réalités si prégnantes « famille ou entreprise, famille et entreprise ?
« Ou donc est votre croix ? » me demandait mon conseiller spirituel échangeant avec lui sur ce dilemme. » C’est cet endroit où vous croyez que vous êtes empêché de grandir ».
Serait-ce l’entreprise qui empêche de se consacrer mieux et davantage à sa famille ?
Serait-ce la famille qui empêche d’avoir les mains libres pour se consacrer complètement à l’entreprise ?
Et bien cet endroit qui est votre croix , qui vous empêche de grandir, c’est celui qui vous fait gagner en humanité ».
Peser l’impact des choix professionnels sur la vie familiale
En termes de choix professionnels dans la durée, j’ai eu à vivre quelques discernements en profondeur, que ce soit pour mon engagement pendant cinq ans comme délégué général au CFPC, ou pour le choix de mon métier d’aujourd’hui.
Dans les deux cas, l’impact sur la vie familiale était important, et, dans les deux cas, j’ai impliqué la famille car elle est partie de moi-même. Je ne prendrai que l’exemple de ma fille de 17 ans au moment où l’on exposait les conséquences du choix CFPC sur ma présence dans la vie familiale : « Pour nous, l’important, c’est que tu sois heureux avec ton boulot… »
C’est du réalisme, sans doute, mais cela aide à assumer ses choix. Une attitude de vie : proximité / humanité.
En toute chose, rester en état de vigilance sur les signaux faibles : le chef d’entreprise est (souvent) en situation de puissance, pris par la détermination de son engagement …Comment garder la qualité de l’attention ?… et là , à deux , c’est plus facile.
Passer du temps avec ses enfants
Un jour , Michèle me dit : »Matthieu (6ans) devient nerveux et ingérable, il faudrait que tu passes un peu de temps avec lui « . Après trois heures de lego avec Matthieu dans sa chambre, j’entends une petite voix qui dit au dessus de sa construction » Papa, dans la vie , l’important, c’est d’aimer … ».
On sait parfois prendre une demie journée, ou une journée, voire un week-end, pour son entreprise…. Sait-on parfois prendre une demi journée de sa semaine pour un de ses enfants ?
La mère avec Claire dans les jambes « Va voire ton Père … — mais papa il est toujours occupé avec plein de truc dans son agenda ….– et bien demande lui d’avoir une place dedans ! ».
J’inscris donc un rendez-vous avec ma fille un mercredi à seize heures pour aller au cinéma. Je déjeunais avec un gros client à cent cinquante kms de là. Je le quitte rapidement avant le café, invoquant un autre rendez-vous hyper important. J’étais juste à l’heure pour aller voir l’histoire du gros chien Beethoven : un vrai moment de bonheur !
La semaine suivante, je signais avec le client mon plus gros contrat de transport.
Savoir inventer l’exceptionnel au cœur du quotidien pour sortir de la cocotte-minute-entreprise. Prendre un rendez-vous un matin de semaine à l’Armée de l’Air avec son fils de treize ans qui rêve de devenir pilote de chasse…
Etc. A chacun d’être inventif !
L’entreprise doit permettre de vivre la proximité des parents et de leurs enfants
La proximité des parents, ce n’est pas écrit dans les livres. C’est la vie qui l’enseigne, et l’entreprise doit (devrait) permettre de la vivre. Ce n’est pas forcément en longueur de temps, mais en présence ponctuelle forte.
Comme DRH aujourd’hui, je constate que c’est un point d’attention indispensable. L’entreprise doit permettre de gérer l’événementiel fort surtout autour de la famille. L’entreprise s’y retrouve plus que largement en retour sur motivation.
S’il y a synergie entre entreprise et famille , il faut aussi savoir faire la part de cloisonnement nécessaire.
Là encore , le discernement est de rigueur.
Il est sans doute plus pertinent de veiller à protéger la famille de l’entreprise , la famille étant souvent plus discrète. La famille ne court après aucune productivité, aucun résultat mesurable. Elle donne la vie et contribue à mettre debout des être qui à leur tour…
Famille et entreprise : la question du patrimoine
J’ai un peu évoqué ce qui tourne autour du temps. Je voudrais aussi dire un mot des problème(s) lié(s) au patrimoine surtout pour un dirigeant de PME.
Comme père de famille, je suis aussi passé par là. En signant une caution personnelle pour l’entreprise, j’ai mis en jeu le toit de ma famille et ses moyens de subsistance.
Une commission du CFPC a écrit un petit cahier sur le sujet. Je ne m’en suis pas mêlé, car concerné de trop près. Mais j’ai puisé beaucoup de richesses ( à retardement ?) en lisant la mouture finale.
J’ai payé pour comprendre, mais ma famille aussi a payé. Et on n’est pas fier de lui imposer cette épreuve. La vivre sans être écrasé peut être reçu comme une grâce et vécu comme une période qui fait mûrir et grandir (même les enfants) mais tout le monde n’en sort pas indemne…
Famille et entreprise : l’équilibre entre responsabilités et vie de couple
Le point crucial, au cœur de cette expérience, reste l’équilibre à tenir entre le poids des responsabilités et la vie de couple.
Réelle épreuve pour la famille quand le souci ou le projet envahit tout. Quand l’omniprésence de l’entreprise est telle qu’elle asphyxie la relation vitale entre homme et femme, relation qui est le cœur de la famille…
Un jour où je m’inquiétais auprès de mon accompagnateur d’être trop peu présent à mes enfants , il me questionne à son tour : « …Et à Michèle ? Les enfants sont moins anxieux de savoir qu’on les aime, que de savoir que leurs parents s’aiment. Ils plongent leurs racines pour se nourrir et grandir dans la relation qui existe entre vous . C’est leur terreau ».
C’est un peu de lumière qui est tombée sur mon esprit lent à croire: n’est-ce pas là l’essentiel du « fonctionnement » trinitaire qui nous permet de puiser la force de l’Esprit au cœur de cette relation ?
Le Royaume de Dieu est relation.
« Le Royaume de Dieu est relation nous a scandé Michel CAMDESSUS aux Assises de Lille.
Et mon moine qui rajoute : « Vous êtes prêtre l’un pour l’autre. Dieu se dit par l’autre dans le mariage : c’est le choix de l’incarnation, la logique de la dépossession.
L’importance capitale de cette relation de couple est au cœur de la problématique entre entreprise et famille. Dans son dernier livre « Abel ou la traversée de l’Eden », Marie BALMARY décrit bien comment le couple est le premier creuset de la parole qui construit en prenant ses racines dans la différence. Le premier péché de l’Homme, c’est de manger la relation, l’espace relationnel qui permet à l’autre d’exister en se disant… Pas neutre quand on est sensé gérer des Hommes. La fidélité peut être alors vécue comme moyen, dans le temps, de bâtir la communion.
« Tu rêves , pauvre DRH , mais dis-moi où sont tes racines et je te dirai ce que tu cherches à construire ».
Incurie de notre monde qui cherche à ringardiser la fidélité et à nier la différence.
Enthousiasme, fidélité, sagesse sont les trois étapes de toute Vie humaine. La famille, comme l’entreprise, saurait-elle vivre avec une seule (la première), celle qui rapporte. Mais les trois sont bien nécessaires pour que l’œuvre dure et que l’Homme vive. »
L’entreprise pour donner le goût du défi, de la réalisation à ses enfants
Une ou deux touches , encore , si vous le voulez bien.
Humaniser l’entreprise aux yeux de ses enfants donne le goût du défi, de la réalisation, de l’œuvre à accomplir. Savoir en parler simplement, avec notre confiance et nos craintes, et un peu d’humour (ou de recul).
Nous nous complaisons souvent dans nos problématiques ou dans l’évocation de la complexité dans laquelle nous pataugeons. Le bon sens féminin sait parfois si simplement nous mener avec pragmatisme au vrai cœur du sujet par une question que d’aucuns croiraient naïve, mais qui peut remettre l’essentiel au cœur de l’important.
Rendre l’entreprise palpitante aux yeux de ses enfants ou de leurs amis qui passent : devoir capital pour qu’à leur tour, ils aient envie de tenter l’aventure. « Humaniser » c’est aussi savoir montrer ses faiblesses, ses hésitations, savoir dire ses questions.
Comme responsable RH, l’attention aux familles est d’actualité.
Pour moi aujourd’hui, comme responsable des Ressources Humaines, l’attention à la famille de ceux qui œuvrent pour l’entreprise, est particulièrement d’actualité. Mission impossible dans le détail (et peut-être non souhaitable pour respecter le cloisonnement évoqué plus haut) mais essentielle dans les grands axes de comportement éthique pour permettre aux familles de vivre.
Parmi les perles que ma vie au CFPC m’a donné de découvrir, il y a le Catéchisme du Patron publié en 1889 par Léon HAMEL, un des fondateurs de l’inspiration du CFPC. Si autrefois le patron se sentait une responsabilité paternelle de protection, d’éducation… on dira aujourd’hui que les choses ont bien changé.
L’évolution et la structuration différentes de la société ont sans doute réparti les rôles différemment, mais ce qui se passe dans l’entreprise n’est pas neutre pour la vie de famille (et inversement aussi, du reste). Notre responsabilité d’entrepreneur sur le « faire grandir l’Homme », sur le temps passé, la pression exercée sur lui, le respect, l’autonomie, la confiance, dans lequel l’entreprise peut lui donner de s’épanouir ou non, sont autant de points d’attention que nous avons attachés à cette notion « d’Entrepreneur d’Humanité » au cœur de nos Assises de Rouen en 98. Humaniser nos décisions.
Dans une entreprise comme celle où je suis : Nous gérons six cents mobilités internes par an, sur 2000 personnes, plus une centaine d’embauches. Ainsi chaque personne change tous les 3à 5 ans de responsabilité, de métier. On peut comprendre la complexité du puzzle : Tenir compte des exigences de performance de l’entreprise, des attentes et des potentialités de chaque individu (du désir de s’accomplir jusqu’à la reconnaissance monétaire) et au final par dessus cela, intégrer le devoir d’attention aux familles, le métier du conjoint, les impératifs des enfants, les impondérables de santé, ‘éloignement… Nécessité parfois de protéger les personnes par rapport à elle même. Une progression de carrière fulgurante peut être l’objet de déséquilibre si on n’y prête attention. Cette attention se traduit moins en technique de gestion des personnes qu’en « savoir être » et à l’état d’esprit insufflé aux équipes qui gèrent au jour le jour cette grosse marmite bouillonnante d’espérance ou d’impatience.
« Plus ils donnent et plus ils vivent, plus ils reçoivent et plus ils sont vecteurs de vie pour leur propre famille. »
Apprendre à donner du sens au travail des hommes, à leur parcours, à leur cheminement en responsabilité est une exigence chrétienne forte dans les respect de notre prochain. La première solidarité aime à dire quelqu’un comme Alain DELEU, c’est pouvoir dire à l’autre, ce « J’ai besoin de toi » qui réveille les êtres. Et plus ils donnent et plus ils vivent, plus ils reçoivent et plus ils sont vecteurs de vie pour leur propre famille. Mais l’équilibre est si fragile entre ce « J’ai besoin de toi » et « Je te pompe jusqu’à la moelle ».
Entreprise et famille, le débat reste ouvert et chacun a à apporter sa réponse. Les lois et l’organisation collective ont un rôle fondamental car elles doivent permettre d’éviter que l’une ne dévore l’autre. Mais ne cherchons pas par elle toutes les solutions car elles ne feront jamais l’âme de ce précieux équilibre entre l’entreprise et la famille. Pour moi, c’est bien au cœur de l’unité de la personne que s’inscrit l’essentiel de la réponse.
Recourir aux psaumes et à la prière
J’ai essayé ce soir de vous traduire un peu ma réponse. Elle se situe quelque part entre le sens de la vie, l’amour des hommes et la manière de faire vivre ses talents. C’est une réponse balbutiante. Je suis si peu digne d’une réponse universelle devant un tel défi qui me dépasse. Je sais simplement que j’ai un recours auquel je m’accroche : les psaumes et la prière. « Arrêter de prier, c’est arrêter d’évangéliser » et les deux communautés humaines que sont la famille comme l’entreprise ont sans doute moins besoin de morale que de souffle. Une sorte de ventilation, comme une hygiène de vie, un parfum de l’au delà qui donne du sens, dilate le cœur et donne au temps de remettre chaque chose à sa place et tout être en Dieu.