Eclairage de fond

Le financement de l’entreprise est une affaire morale

Publié le 01/09/2014

Le financement de l’entreprise est aussi une affaire morale. La manière dont une entreprise se finance n’est pas une pure question de technique, qui échapperait à la réflexion morale et a fortiori chrétienne.

En effet, les choix que cela implique, au-delà des détails techniques, engagent l’avenir de l’entreprise et parfois même sa nature. Ainsi, le fait même de s’endetter implique une nécessité de remboursement et donc un risque potentiel lié à la charge certaine que cela représente.
Dans certains cas, il est minime et routinier ; dans d’autres il peut engager la survie de l’entreprise.
Plus généralement, l’addiction à la dette peut être une menace pour tous. Tout ceci implique d’évidence des devoirs moraux liés à la responsabilité prise, tant du côté du prêteur que de l’emprunteur.
Plus structurante encore est la question du capital. Car le financement en fonds propres est par nature le financement idéal du risque, et par là de l’avenir.

Réinvestir des profits est, dès lors, pour l’entrepreneur ou l’actionnaire, l’acte de foi par excellence dans son entreprise.

Souvent aussi la poursuite du développement de l’entreprise suppose une ouverture de son capital. Cela peut entraîner une vraie mutation de cette entreprise et comporter ses propres risques – mais nous devons jouer le jeu. Il en est de même pour l’investisseur et tout épargnant. S’associer avec une entreprise pour lui donner des moyens et l’accompagner de façon solidaire est une démarche en soi bonne ; il est bien d’être actionnaire, mieux que d’être créancier ou d’avoir des livrets A ! Sachant que d’un point de vue moral et spirituel cela suppose du savoir-faire et des devoirs en vue du bien commun.
Le financement d’une entreprise met donc finalement en jeu des questions morales essentielles, tant pour le dirigeant que pour l’investisseur et le financier. De quoi animer nos débats !
Edito de Pierre de Lauzun de la revue Dirigeants chrétiens N°67