Comment contribuer au bien commun dans mon entreprise ?
La finalité d’un dirigeant, c’est de faire avancer son entreprise et tout le monde avec. L’entreprise c’est une communauté humaine. Comment orienter son entreprise pour le bien commun ? Le fonctionnement de l’entreprise doit être respectueux de la communauté humaine qu’elle constitue pour se développer. Sa contribution au bien commun est d’assurer son propre développement, c’est-à-dire l’emploi, soit direct, soit indirect.
Extrait de l’article L’entreprise, une communauté humaine.
La mission du chef d’entreprise est d’être garant1 du bien commun de son entreprise. Son attention au bien commun fonde sa légitimité. C’est bien parce qu’il porte le bien « de chacun et de tous » que les collaborateurs et les autres parties prenantes de l’entreprise peuvent accepter et se soumettre librement à son autorité2.
En effet, si la légalité du pouvoir donnée par la propriété ou par une nomination selon les règles sont nécessaires, elles ne suffisent pas à rendre pleinement légitime le pouvoir d’un dirigeant. Ce n’est que parce qu’il conduit vers un bien commun à l’entreprise et à tous qu’il peut attendre une adhésion de tous.
Pour chaque dirigeant, développer son autorité est un travail permanent et très personnel. Chacun doit trouver la voie qui correspondra le mieux à sa situation, son histoire et sa sensibilité. Dans cette recherche le rapport personnel au bien commun de chacun, les postures et les attitudes adoptées, la façon de regarder les situations et les personnes sont déterminantes.
Comment puis-je personnellement promouvoir le bien commun ?
La promotion du bien commun par le dirigeant ne sera crédible que s’il donne l’exemple.
En effet, que dirait-on d’un chef d’entreprise qui augmente sa rémunération mais pas celle de ses salariés ? Qui prêche des valeurs humaines tout en parlant brutalement à ses collaborateurs ? Qui prône la primauté du client mais se réserve les meilleures places de parking ?…
L’exemplarité du dirigeant est bien au cœur de la communication du bien commun. Elle est le moyen nécessaire et la face externe, visible, de son autorité. Elle indique à chacun comment contribuer au bien commun…
Son exemplarité se construit par :
- La recherche de la cohérence entre ce qu’il dit, ce qu’il fait et ce en quoi il croit. La construction de l’unité de sa personne est l’effort de toute une vie qui dépasse le strict cadre professionnel. L’une des clés est de comprendre à quoi il obéit vraiment, ce qui le motive vraiment et donne de la cohérence à son action.3
- les actes qu’il pose. Il s’agit de « passer devant » et donc d’être le premier à faire ce que l’on attend des autres (éventuellement avant de leur demander). Les actes donnent toujours une indication volontaire ou involontaire de ce qui est important pour nous : la pérennité de l’entreprise, son utilité, la qualité du fonctionnement interne, le développement des personnes… Comme le dit l’adage : « Si on n’est pas toujours exemplaire, on est toujours un exemple ».
- La façon dont il s’exprime sur ce qui l’intéresse vraiment. Ainsi quelle est la première question qu’il pose en rencontrant un collaborateur ou une équipe ? Quels sont ses premiers commentaires à l’issue d’une présentation ? Comment parle-t-il des clients ? des collaborateurs ? Cela traduit le regard qu’il porte sur les autres : Est-ce un regard qui fait grandir ? ouvre des perspectives ? favorise l’autonomie ? encourage l’initiative ? accepte le risque d’erreur ?…
Il n’y a pas d’exemplarité type ni d’idéal unique de l’exemplarité. Là aussi chacun peut avoir des façons d’être, les actes à poser, les points d’attention qui lui sont propres et lui permettent de prouver qu’il est bien au service du bien commun de son entreprise.
Questions :
- Comment est-ce que je donne l’exemple ? Quels sont mes points d’attention dans ce que je fais ? Dans ce que je dis ? Dans les situations « normales » ? Dans les situations difficiles, voire les moments de crise ?
- M’arrive-t-il de reconnaître mes erreurs ? Mes collaborateurs disposent-ils d’un « droit de remontrance » à mon égard ? Suis-je attaché à entretenir un climat de vérité ?
Il ne s’agit pas d’être imité, mais d’être suivi sur un chemin. Celui qui montre l’exemple montre le chemin plutôt que l’objectif. « Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ » (1Co 11.1).
Ce qui est attendu n’est pas la perfection mais la cohérence, jusque dans les faiblesses. Combien de dirigeants ont obtenu des mobilisations sans précédent autour d’un objectif du bien commun en exposant leurs faiblesses4 !
C’est ce qui place l’exemplarité au cœur de la conception chrétienne du bien commun : une dynamique contagieuse, qui donne envie, qui incite à bien faire plutôt qu’un ensemble de règles statiques dont les transgressions sont sanctionnées.
Extraits du Cahier des EDC Bien commun et entreprise
- Le chef d’entreprise en tant que chef d’une communauté a un rôle et une autorité politique. Comme le rappelle le catéchisme de l’Eglise Catholique « Le bien commun est la raison d’être de l’autorité politique ». (Compendium – 168, CEC, 1910) ↵
- Pour aller plus loin, lire ou relire le livret sur l’autorité rédigé précédemment par la Commission Sources. L’autorité vraie ne s’appuie jamais sur la contrainte, qui conduit toujours à terme à la ruine de l’autorité. ↵
- Chaque collaborateur juge de l’exemplarité d’un comportement qu’il soit celui d’un dirigeant ou non par rapport à une référence transcendante. Celle-ci se construit et idéalement peut faire consensus au sein de l’entreprise. C’est normalement l’objet des valeurs quand elles sont formalisées dans la vision. ↵
- Lire à ce propos l’exemple de Bertrand Martin dans « Oser la confiance » de Bertrand Martin, Bruno Jarossson et Vincent Lenhardt Insep Editions ↵
Eclairages de fond
- Comment développer mon sens du bien commun ?
-
Comment développer mon sens du bien commun ?
On sera étonné de trouver dans cette réflexion sur le rôle du dirigeant le thème de la joie. Elle est pourtant à sa place dès l’instant que l’on s’intéresse au bien commun. L’homme est fait pour le bonheur. Le message évangélique des béatitudes décline ce thème comme pour en souligner l’importance et ceci vaut aussi dans la vie professionnelle.
- Doctrine sociale de l'Eglise : Les structures de péché comme frein au bien commun
-
Doctrine sociale de l’Eglise : les structures de péché comme frein au bien commun
Les structures de péché sont le résultat d’une accumulation de péchés personnels sociaux ou non. Cette accumulation crée à la longue des faits de société qui par leur influence créeront une vraie disposition aux péchés personnels.
- Doctrine sociale de l'Eglise : les structures de sainteté
-
Doctrine sociale de l’Eglise : les structures de sainteté
« A la loi de la chute » selon laquelle « Une âme qui s’abaisse par le péché abaisse aussi l’Église et, d’une certaine façon, le monde entier » correspond une loi de l’élévation selon laquelle « une âme qui s’élève élève le monde ». Cette solidarité humaine dans la chute comme dans l’élévation se développe dans « le profond et magnifique mystère de la communion des saints ».
- François-Daniel Migeon : "Avoir le courage d'identifier l'appel !"
-
Avoir le courage d’identifier l’appel !
Avoir le courage d’identifier l’appel, le service à rendre, qui nous pousse à agir au plus profond de notre être, à sortir de nous-mêmes et avoir l’audace de faire ce que nous estimons être la chose la plus importante.
Eclairages spirituels
- "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés"
-
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » : Evangile commenté
L’Évangile de Jean est une lumière fulgurante sur bien commun ; il en éclaire non les modalités concrètes mais l’intention.
- Le modèle du serviteur qui fait le bien de tous
-
Le modèle du serviteur qui fait le bien pour tous
S’ils sont chrétiens, les hommes et les femmes qui prétendent à l’exercice d’une responsabilité publique d’autorité et de gouvernance collégiale, et d’autres qui conduisent les entreprises, ou sont appelés à collaborer à leur direction, savent qu’ils doivent inscrire leur engagement dans une dimension de service.
- Première épître de saint Paul aux Corinthiens
-
Première épitre de saint Paul aux Corinthiens 12, 7-11
Première épitre de saint Paul aux Corinthiens 12, 7-11 « A chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun. A l’un, c’est un discours de sagesse qui est donne par l’Esprit ; […]
Reportage
Rencontre avec Hélène Dabbadie, membre des EDC et fondatrice de HandySoie, un atelier d’artisanat textile d’excellence qui travaille notamment pour le groupe Hermès. Une entreprise qui, dès sa création, a fait le choix d’inscrire le souci du bien commun au cœur de la vie de l’entreprise.
Et vous, dans votre entreprise, comment cela se passe-t-il ?
Vous pouvez vous poser ces questions individuellement ou en équipe EDC.
- Chacun remplit-il les attributions qui correspondent le mieux à ses compétences et ses souhaits ?
- Ces méthodes d’évaluation prennent elles en considération les compétences et les souhaits des collaborateurs ?
- L’outil de travail est-il adapté aux besoins de chacun ?
- Mets-je suffisamment mes talents en œuvre et est-ce suffisamment au service du Bien Commun ?
- En quoi notre organisation sert-elle le bien commun sur le plan financier, fiscal, par l’intéressement et la participation, la politique de distribution de dividendes, les investissements ?
- Comment est pris en compte le bien commun dans le recrutement ? l’évaluation des collaborateurs ? Les systèmes de rémunération ? Les plans de formation ? La gestion des départs et des licenciements ?
- Quels sont les grands processus de notre entreprise ? En quoi aident-ils les employés à grandir et les liens entre eux à se renforcer ?
- Quels sont nos principaux systèmes en particulier informatisés ? En quoi aident-ils les employés à grandir et les liens entre eux à se renforcer ? Le temps qu’il demande est-il pertinent ?
Au sujet de la bienveillance :
- Qu’est-ce que je fais pour connaitre les personnes avec lesquelles je travaille ? Est-ce que j’y consacre suffisamment de temps ?
- Comment est-ce que j’équilibre la bienveillance et l’exigence ?
- Qu’est-ce que je fais pour que mes managers fassent la même chose auprès de leurs équipes ?
Au sujet de l’émerveillement :
- Comment nous émerveillons-nous ? Qu’est-ce qui nous touche le plus ? Quel effet, cela provoque en nous ?
Au sujet de l’amitié :
- Quelle place donnons-nous à l’amitié dans notre vie professionnelle ?
- Comment la vivons-nous ?