D’un monde à l’autre, agir en espérance
« La politique ? Pas le temps ! » répondait lapidairement un dirigeant chrétien à la question de l’engagement dans la politique élective. « Un enfer », laissait échapper un autre en évoquant la violence de la vie politique… Pourtant, nombreux sont ceux qui regrettent la faible représentation de l’entreprise dans la sphère politique. Pourtant, le « devoir » de service de tout chrétien est sans équivoque. Alors, qui portera la voix de l’entreprise, d’une économie au service de l’homme dans le débat public ? Qui portera l’idée d’une société au service de la dignité humaine et du bien commun si les entrepreneurs et dirigeants chrétiens ne répondent pas à l’appel ? Par-delà les sensibilités politiques qui font la vitalité de la vie publique, soutenons ceux qui ont choisi de s’impliquer, discernons sur notre propre engagement et n’oublions pas qu’il existe mille manières de s’engager en politique.
Entretien croisé
L’engagement : au cœur de la vocation du chrétien
Alors qu’en France le politique traverse une grave crise de confiance qui s’apparente même à une véritable défiance, les chrétiens sont de ceux, peu nombreux, qui défendent la dignité de l’engagement politique. Plus que jamais, ils sont invités à s’y impliquer. Mais pourquoi tout chrétien est-il appelé à s’engager en politique ? Pourquoi cet appel à l’engagement s’apparente-t-il à un « devoir » ? Quels sont les atouts d’un dirigeant d’entreprise dans un tel engagement ? Quelles en sont les difficultés ? Sur quelles ressources s’appuyer ? Comment discerner pour s’engager ? Extraits d’un échange entre Xavier Thierry et Clotilde Brossollet qui, tous deux, ont choisi de s’impliquer en politique.

Xavier Thierry, dirigeant de Générale thermique, élu de l’opposition municipale à Douai et président de région EDC Nord Pas de Calais.

Clotilde Brossollet, éditrice chez Première Partie, anime des formations sur l’éthique de l’action politique. Auteur de Catholiques de tous les partis, engagez-vous ! (Mame, 2021).
A lire dans la revue.
Témoignage
Apporter sa pierre à l’édifice

Hector Hajjar, ministre des Affaires sociales au Liban, vice-président de EDC Liban
Né en 1965 d’une famille humble, la guerre civile m’a interpellé sur la misère, tous milieux sociaux confondus à travers le pays. Dentiste durant 10 ans, je me reconvertis en 2001 dans l’œuvre sociale auprès des adultes à besoins spécifiques, et y développe une bonne connaissance du secteur humanitaire. En 2006, nous fondons les EDC-Liban. Je n’ai pas cherché à être ministre. Nommé a cette charge, je l’ai acceptée en pleine connaissance des vexations inhérentes à l’action politique. Pour moi, l’engagement du serviteur est le même. Jésus était venu dans un monde au moins aussi miséreux que celui d’aujourd’hui. Il a choisi de prendre le parti des plus faibles, et même d’accepter l’ultime sort. Ou je puise ma force ? « Brebis au milieu des loups, prudent tel le serpent, simple comme la colombe (Mt 10:16) », je suis fort de la Prière, de ma Foi et de mes amis : l’action de chacun, aussi minime soit-elle, contribue à rendre le désert fertile et nous mène à la Résurrection. »
Regard d’un conseiller spirituel
Un engagement à deux piécettes (Marc 12,38-44)

Père Marc Lambret, curé de la paroisse Sainte-Clotilde à Paris 7e, directeur du Service pastoral d’études politiques et conseiller spirituel de l’équipe EDC Paris Sainte-Clotilde.
Pour les familiers des évangiles, l’expression « deux piécettes » évoque inévitablement « l’obole de la veuve’ qui n’est justement pas au singulier mais au pluriel : ainsi, nous comprenons que ce n’était pas faute de pouvoir ne donner que la moitie qu’elle a tout donne ! Bien plus, la veuve de notre évangile donne littéralement ce qu’elle n’a pas, puisqu’elle a « pris de son indigence », de son manque. Ce paradoxe – puisqu’elle avait quand même bien ces deux pièces sur elles –, s’explique par ce qui précédé : les scribes « dévorent les biens des veuves » dit Jésus juste avant. En somme, ce pauvre bien vital qui lui est arrache par la cupidité des castes dominantes, la veuve le donne librement en l’offrant à Dieu.
(…)
A lire en intégralité dans la revue
Billet du conseiller spirituel national
L’engagement politique du dirigeant

Père Sébastien Chauchat, conseiller spirituel national des EDC
A quelques semaines des élections présidentielle et législative, le monde politique est à la peine pour nous proposer une vision durable et enthousiasmante de la France, de l’Europe et du monde. Peut-être, en attendons-nous trop des politiques ? Nous aimerions tant qu’un homme ou une femme arrive providentiellement. C’est un leurre que nous devons chasser de nos esprits. Cette attitude nous place dans une posture enfantine. « D’où le secours me viendra-t-il ? Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. »
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Retrouvez les anciens numéros de la revue
Dirigeants Chrétiens n°109 Agir en espéranceDans une époque qui connaît des chaos de toutes sortes, le thème de ce dossier résonne comme un appel à transformer notre monde. Et ce qui pourrait paraître impossible à l’homme tant les défis sont immenses, devient possible dans l’espérance chrétienne : « Dans l’espérance nous avons été sauvés », dit saint Paul aux Romains. Le monde que les entrepreneurs et dirigeants chrétiens qui témoignent dans ce numéro veulent contribuer à faire advenir, il est ici et maintenant, y compris dans l’entreprise.
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