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Travail en prison : le président des EDC témoigne
26 juin 2022
Paroles de dirigeants
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Pierre Guillet, président des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, fait travailler des détenus dans son entreprise. Convaincu que donner du travail est un impératif de la dignité des personnes, il franchit un nouveau cap dans la réconciliation entre le social et l’économique. Malgré les coûts cachés et une certaine complexité dans sa mise en œuvre, le travail en prison peut s’avérer un formidable outil de justice réparatrice.
Une maison centrale dans le périmètre de l’entreprise
Au sein de son entreprise, Pierre Guillet avait déjà ouvert son recrutement à des personnes dans des situations difficiles : précarité, handicap, jeunes sans qualification… Il y a trois ans, il franchit un cap en installant un atelier de son entreprise au sein de la prison de Poissy. Il témoigne : « J’ai toujours cherché à privilégier les « circuits courts » en recrutant des collaborateurs qui habitent près de l’entreprise. Ce n’est pas une vie de passer son temps dans les transports ! Or, dans notre périmètre, à seulement 5 kilomètres de l’entreprise, il y a une maison centrale. Je connaissais le bâtiment sans en connaître réellement la spécificité. Les prisonniers y sont condamnés à de longues peines : violeurs, meurtriers, terroristes… » [caption id="attachment_28074" align="alignleft" width="200"] Pierre GUILLET[/caption]Travail en prison : le témoignage d’un autre dirigeant a été décisif
« Un jour, je discute avec un ami, dirigeant d’une entreprise de mon quartier. Celui-ci a un atelier installé au sein même de la maison centrale de Poissy. Son histoire m’inspire et j’en parle à mes collaborateurs. Je visite alors cet atelier peu ordinaire. Je me rends compte de la misère et de la souffrance de cet environnement. Je réfléchis à comment installer un atelier pour Hesion. Les démarches ont pris 9 mois. Au départ, la plupart de mes collaborateurs étaient très réservés voire hostiles que l’on s’intéresse à ces personnes-là. Nous avons alors listé les questions que nous avions, et fait venir la directrice de la maison centrale chez nous. L’intérêt pour le principe du travail en prison a alors été grandissant. De fil en aiguille, j’ai détecté quelles personnes pourraient s’engager dans ce projet. Je ne pouvais pas le mener tout seul, encore moins sans l’accord général ! Certains salariés disaient ne pas être contre mais ne voulaient pas participer au projet. Avec une équipe menée par Charles et Ciprian, les véritables porteurs de ce projet inclusif, nous avons fini par implanter un atelier au sein de la maison centrale. »Participer à la justice réparatrice plutôt que de condamner les prisonniers une seconde fois…
« Le gros du travail en prison, ce sont des tâches qui occupent le temps, qui occupent les mains mais pas l’esprit. Pour donner de la dignité, il fallait deux choses. D’abord éviter de les condamner une deuxième fois. Nous ne sommes pas compétents pour condamner, et cela a été fait ! Deuxièmement, leur donner une « raison d’espérer » en leur donnant un ouvrage à réaliser. Le premier détenu recruté en 2019 est condamné à perpétuité. Le second recruté en 2020 purge une peine de 25 ans. Ce sont des gens cabossés par la vie, à l’humeur qui varie, et ils remettent tout en question tous les jours. Ce travail en prison consiste à câbler des circuits électroniques et à les intégrer dans des boîtiers : on leur remet des composants, et il en ressort des systèmes complets et fonctionnels. »Travail en prison pour vivre l’entreprise comme un acteur également social
« Bien sûr, il y a des coûts cachés : le temps que chacun d’entre nous y passe. Mais c’est une aventure qui apporte beaucoup : être confronté à ces fragilités nous enseigne sur notre capacité à nous y exposer. Aussi, la notion de subsidiarité a progressé. Des collaborateurs se sont engagés dans cette aventure, et cela a révélé des talents inconnus jusque-là. Le travail en prison est un moyen de vivre l’entreprise non seulement comme un acteur économique mais également comme un acteur social. »
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