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Lavement des pieds et participation comme service [Evangile de Jean 13,1-20]

15 janvier 2024 Repères chrétiens
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Jésus, proclamé Roi, Messie et Seigneur dans l’Évangile de Jean (cf. Jn 12,13 ; 13,13 ; 18,37), Jésus glorifié par le Père dans sa résurrection, doit pourtant souffrir la Passion. La Passion est le combat suprême de Jésus, contre les forces politiques et religieuses qui refusent la logique d’amour et de gratuité qui est la sienne.

Jésus va donner sa vie, pour vivre jusqu’au bout l’amour de ses frères, et pour manifester que, par la Résurrection, la mort, la violence, le mal et le péché sont définitivement vaincus. Jésus reprend ainsi à son compte la figure du Serviteur, développée par le prophète Isaïe. Le serviteur, dans le livre d’Isaïe (cf. Is 52,13-53,12) est un prophète qui donne sa vie pour révéler aux hommes l’ampleur de leurs péchés, et l’ampleur de la conversion qu’ils ont à faire.

Dans l’épisode du lavement des pieds, en Jn 13,1-20, Jésus fait comprendre à ses disciples de quelle nature est sa souveraineté : Jésus est roi, il est le Messie, mais il l’est dans la mesure même où il donne sa vie pour les autres. De la même manière que la Croix conduit à un renversement total de notre regard sur l’histoire — Jésus, crucifié comme un bandit, crucifié avec des bandits, est celui qui apporte à l’humanité le salut et la vie —, de la même manière l’épisode du lavement des pieds conduit à un renversement total de notre regard sur l’exercice des responsabilités.

Lavement des pieds : Jésus manifeste la correlation entre responsabilité et service

Laver les pieds : c’est le geste du serviteur qui accueille un voyageur, ou son maître après une longue route (voir Abraham permettant à ses visiteurs prestigieux de se laver les pieds en Gn 18,4). En s’agenouillant face à ses disciples, Jésus manifeste la corrélation qui existe entre responsabilité et service : il est le Maître, et il renverse ainsi toutes les conceptions préexistantes de l’exercice de l’autorité : Jn 13,14 : « Si donc, je vous ai lavé les pieds, moi Seigneur et Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ». Les Apôtres, qui participent à la mission de Jésus, sont ainsi également invités à participer à sa compréhension de l’exercice de l’autorité. L’autorité est nécessaire dans la vie et dans l’organisation de la communauté chrétienne, mais elle ne s’exerce légitimement que dans un esprit de service. Pour reprendre une expression de Dietrich Bonhoeffer : « L’ordre de l’Église est d’origine et d’essence divines. Bien évidemment, il se situe dans le service et non point dans la domination ». C’est sans doute cette articulation entre autorité et service qui distingue l’autorité exercée dans une perspective chrétienne de l’autorité exercée dans une perspective purement fonctionnelle.

L’autorité dans une perspective chrétienne

Dans une perspective chrétienne, toute autorité, et plus largement toute œuvre humaine est ordonnée à la construction du Royaume de Dieu. Un Royaume caractérisé par la gratuité, par le service réciproque entre tous ceux qui aspirent à le préparer et à en faire partie. Dans une perspective purement fonctionnelle, l’autorité « s’autonomise » par rapport aux buts qu’elle recherche. Elle devient un objectif en soi, et participe à l’établissement de hiérarchies sociales en fonction desquelles les hommes ne sont égaux ni par leur statut ni par leur dignité.

Résumons les apports de la lecture de Jean 13,1-20 :

  • C’est en prenant sur lui la condition de Serviteur que Jésus nous fait comprendre qui est notre Dieu. En Jésus-Christ, Dieu se met au service de l’homme pour l’aider à affronter les réalités de l’existence (le mal, l’oppression, l’injustice, le manque d’amour, etc..) et pour l’accompagner sur un chemin de vie.
  • Jésus invite tous ceux qui acceptent de participer à sa mission à adopter cette logique de service, selon laquelle toute autorité, toute responsabilité, n’est légitime qu’en vue du service du prochain.
  • Par son choix de vie au service de ses frères, Jésus-Christ donne un sens à l’histoire tout entière : c’est uniquement dans un esprit de service réciproque que peut se construire une communauté humaine où chacun trouve sa place en fonction de ses talents, et de sa vocation.

Source : Cahier des EDC Le principe de participation




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