Oser pour une foi(s)
« Celui qui risque, le Seigneur ne le déçoit pas », rappelle le pape François dans La Joie de l’Évangile. A la suite des entrepreneurs et dirigeants qui témoignent dans ce numéro – chacun à sa manière – de ce qui signifie pour eux « osez croire », « oser dire » et « oser bâtir », répondons à l’invitation des Assises de Strasbourg à « oser pour une foi(s) ». Car « qui oserai enfermer dans un temple et faire taire » la Bonne Nouvelle ? Comme tous les chrétiens, les entrepreneurs et dirigeants sont appelés à bâtir un monde meilleur là où Dieu les a placés.
Entretien croisé
Est-il possible d’oser témoigner de sa foi en entreprise ? de prendre la parole même là où c’est inattendu afin de créer la confiance et de s’engager pour bâtir le bien commun ? Extrait de l’entretien entre le pasteur Rudi Popp et Étienne Leroi, dirigeant de Nicolas Schlumberger.
Témoignage
Pour oser dire ma foi, j’ai conscience de la nécessité de m’abandonner à Dieu et de tout lui donner
Avant tout, je pense qu’n à rien à dire si on n’a pas rencontré quelqu’un. Dans le récit de la Pentecôte, avant de dire quoique ce soit Pierre reçoit l’Esprit. Ensuite, il parle de manière à être compris de tous, mais il dit tout de sa foi, sans rien omettre. Il semble que ce n’est pas lui qui parle mais l’Esprit à travers lui. C’est un peu ce que j’essaye de vivre à mon niveau. Pour osez dire ma foi j’ai conscience de la nécessité de m’abandonner à Dieu, et de tout Lui donner… car Il veut tout ! Cela me permet dans le cadre d’échange de qualité, d’osez dire en entretien avec un commercial par exemple que je suis un « dingue de Dieu ! » ou à mon assistante que ma seul vocation est de devenir un saint. C’est toujours un acte de foi de semer des paroles de cette nature dont j’ignore d’ailleurs si elles porteront des fruits. Peu importe, ce n’est pas moi qui récolte ! Je ne ne serai pas jugé sur le nombre de chrétiens que j’aurai convertis mais sur ma capacité à aimer (et il y a du boulot) ! Il faut savoir se laisser faire par Dieu pour entreprendre ou pour risquer de dire sa foi. »
A.W
Reportage en entreprise
Président de Schaeffler France, Marc Becker est aussi directeur général du site d’Haguenau, siège de la filiale française et première entreprise de la seconde-ville du Bas-Rhin. Comment résonne en lui le thème des Assises « Oser pour un foi(s) » ? Rencontre.
Relecture théologique
On doit parler mais aussi écouter et, sans qu’il soit forcément nécessaire de revendiquer, il y a urgence à sortir, à rouver des mots et à mettre en oeuvre la solidarité. Il est difficile d’entendre l’appel de la Bible, il est exigeant d’avoir l’audace de s’abandonner à Dieu, de tout Lui donner, cela peut nous mettre en difficulté.
C’est le défi de la Pentecôte, oser parler la langue de l’autre l’entendre dans sa propre langue, le prendre tel qu’il est grâce à notre « croire partagé, avec la force de notre foi.
Père Bernard Senelle, op, conseiller spirituel de la région EDC Alsace
Ce qui nous oblige ? C’est qu’en fait, nous sommes souvent la seule Bible lue par nos contemporains. Dans ce sens, dirigeants et entrepreneurs, avec conviction et mus par l’Esprit de Dieu, continuons d’essayer d’être chrétiens en écho à la parole de Martin Luther : « Nous ne sommes que des mendiants de la grâce de Dieu. » Une grâce qui nous invite à oser pour un foi. Et cela bien des fois…
Pasteur Philippe Ichter, conseiller spirituel de la région EDC Alsace