Dossier revue

Dirigeants chrétiens n°53 La RSE masque ou réalité

Publié le 01/07/2012

Couverture de DC 53Extrait du dossier

Depuis le début des années 70, le monde a progressivement pris conscience que la croissance économique n’entraîne pas nécessairement le progrès social et risque même de mettre en péril l’équilibre naturel de la planète et des notions, telles que le bilan social, l’entreprise citoyenne, le développement durable, la responsabilité sociale (ou sociétale) de l’entreprise (RSE), parties prenantes, ont émergé. La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. La démarche consiste pour les entreprises à prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de leur activité pour adopter les meilleures pratiques possibles et contribuer ainsi à l’amélioration de la société et à la protection de l’environnement. La RSE permet d’associer logique économique, responsabilité sociale et éco-responsabilité. Qu’en est-il en réalité ?


Parole de dirigeants

Des légumes responsables

Jean-Bernard Bonduelle, membre de l’équipe EDC Lille XXL, est responsable des ressources humaines et du développement durable chez Bonduelle, entreprise familiale spécialisée dans la transformation industrielle des légumes. La RSE est au coeur de ses exigences.

De l’idée d’étudiants au boom commercial, environnemental et social

Christopher Fuchs, jeune trentenaire américain, est cofondateur, avec son ami et associé Xavier Helgesen, de l’entreprise Better World Books qui récupère des livres universitaires pour les revendre sur le Net, leur donnant ainsi une seconde vie.

Pour un monde meilleur

Sergio Cavalieri, PDG du groupe familial ASAMAR (Brésil), membre de l’Uniapac (Union internationale chrétienne des dirigeants d’entreprise), a été un des intervenants aux Assises nationales, à Lyon. Pour lui, RSE rime avec respect mais n’exclut en rien la rentabilité.

 

Parole d’expert

Responsabilité sociale et formation des jeunes : l’expérience de l’ESSEC

Pierre Tapie a été, jusqu’en octobre 2011, chairman de la Globally Responsible Leadership Initiative Fondation. Cette fondation a été créée par Un Global Compact et l’EFMD (association européenne des business schools) pour former la prochaine génération de leaders « globalement responsables ». Des paroles d’expert sur ce point RSE et formation.
L’ambition d’incorporer la responsabilité sociale personnelle et collective dans un cursus de formation au management est une évidence depuis de longues années à l’ESSEC. Le code génétique de l’école, créée par les jésuites en 1907, avant d’en transférer la responsabilité à l’Institut catholique de Paris en 1913, a été marqué par le double esprit de la cura personnalis de la tradition jésuite et par Rerum novarum, dont la vaste ambition sociale a été exprimée peu de temps avant la fondation de l’ESSEC.
Aujourd’hui, l’ESSEC se situe dans un champ essentiellement laïc et interculturel (1 400 étudiants étrangers de 90 nationalités parmi 4 400 au total à temps plein). Elle a gardé de sa fondation l’ambition de l’accompagnement de chaque jeune dans son projet, et de l’éducation à la responsabilité sociale, tant pour les personnes diplômées que pour leurs entreprises.

 

Regard théologique

Spiritualité et rapport sociétal

Le père Édouard Herr, sj, conseiller spirituel de l’Uniapac, apporte sa réflexion sur la manière dont la spiritualité éclaire et inspire un des trois pôles de la RSE : l’économie, l’environnement et le sociétal. Voici un message d’espérance (vertu théologale) et de confiance dans l’agir sociétal.
La spiritualité chrétienne dans un mouvement chrétien éclaire les relations humaines, sociales et politiques. En somme, ce qu’on appelle aujourd’hui le « sociétal ». Or le passage du Nouveau Testament le plus explicite et le plus central à ce propos est le chapitre treize dans l’Évangile selon saint Jean : le lavement des pieds. Quand on connaît un peu cet Évangile, on sait que ce texte prend chez saint Jean la place de l’institution de l’Eucharistie dans les autres Évangiles. On peut en conclure que le lavement des pieds nous montre l’attitude spirituelle de Jésus dans l’Eucharistie. Comme dans celle-ci, Jésus veut livrer en ce moment crucial le coeur de sa mission auprès des hommes. Il veut mettre en évidence quelle est son attitude à l’égard de ses disciples, mais aussi à l’égard de toute liberté humaine et les amener à suivre son exemple. Cependant ce qui est spirituellement significatif, c’est que Jésus pose ce geste symbolique en sachant qu’il est venu du Père, comme Fils de Dieu, et qu’il retourne auprès du Père. Nous ne sommes pas seulement devant une mise en scène moralisatrice, mais devant la révélation du mystère de Dieu Trinité. Dieu est à nos pieds !