Lorraine-Champagne-Ardenne

Relecture de la retraite régionale 2018 des EDC Lorraine – Champagne-Ardenne du 16 novembre

Publié le 02/11/2018

RETRAITE EDC à ST THIERRY du 16/11/18

RELECTURE

En guise de préparation à notre journée de récollection, je vous avais proposé huit courts messages de sensibilisation spirituelle au thème de l’espérance. Je vous propose ici de conclure notre journée avec sept points de relecture. Ils ne prétendent pas synthétiser tout ce qui a été dit à haute voix ou au fond du cœur de chacune ou de chacun. Ils expriment simplement ce que j’ai entendu et qui me paraît digne d’être retenu.

 

  1. L’espérance a été présentée tantôt comme un « carburant », tantôt comme un « moteur » ; en fait, je crois qu’elle est les deux. Parce qu’elle est une vertu théologale elle est à la fois donnée par Dieu comme un équipement, comme un moteur mais celui qui le reçoit doit le faire « carburer » en l’exerçant. Une vertu donnée ne va pas sans exercice exercé.

 

  1. Le lieu vital de l’espérance est la tension entre un « déjà là » du Royaume et un « pas encore là » de ce même Royaume. Mais de quelle sorte de tension s’agit-il ? Elle ne doit pas être de l’ordre de l’hypertension, du stress engendré par le « toujours plus, toujours mieux » suscité par le « pas encore là » du Royaume, nous poussant à l’action frénétique ; ni de l’ordre d’une insouciance sous prétexte que le « déjà là » du Royaume nous dispenserait d’agir. C’est une tension qui ne ruine pas notre motivation mais la libère d’une absolutisation indue.

 

  1. L’espérance a cette vertu de nous permettre d’abandonner certaines choses pour nous ouvrir à d’autres. Comment ne pas penser à Abraham quittant Ur en Chaldée « sans savoir où il allait » précise la Lettre aux Hébreux 11,8. L’espérance chrétienne n’est pas attentiste ou timorée ; elle est au contraire audacieuse et sait prendre des risques.

 

  1. S’appuyant sur la Règle de St Benoît dont un des centres de gravité est le rôle de l’Abbé, la Mère Abbesse de St Thierry nous a permis de reprendre conscience que management et espérance vont de pair : l’espérance-confiance dans les personnes permet au dirigeant de moduler son management et de l’adapter en fonction des personnes, des sexes, des générations, de l’histoire de chacun. L’espérance-âme du management en fait un management bienveillant et patient.

 

  1. Le vignoble tout proche, la parabole de la vigne en la fête de Ste Gertrude la Grande et l’itinéraire personnel de Ste Gertrude elle-même nous ont mieux fait saisir l’importance – pour maintenir vive et ardente notre espérance – de la conversion avec ces deux grandes conditions que sont :

– la volonté de nous établir en Christ (le verbe « demeurer » chez St jean) par la prière,

– la nécessité d’un certain dépouillement, de « tailler » dans nos vies ce qui est inutile, encombrant, stérile voire nocif, bref les « sarments secs » de la parabole.

 

  1. Dieu ne croit pas en l’homme ; Dieu n’a pas besoin des hommes car Il n’est pas un Etre de manque. Il aime l’homme, ce qui est beaucoup plus et durera jusque dans le Royaume. Pour autant, il faut dire aussi que Dieu, même s’il vit dans l’éternité, espère en l’homme. Il veut avoir besoin des hommes, non pour Lui mais pour nous, pour nous associer dès maintenant à sa plénitude. Si Dieu n’espérait rien de nous, s’Il n’espérait pas en nous, Il serait un Dieu désespérant et ferait de nous des désespérés.

 

  1. La précédente remarque nous alerte sur la défaillance et la tentation d’oublier ou de ne pas faire grand cas de l’Espérance. C’est bien ce que dénonce si poétiquement Péguy dans Le porche du mystère de la deuxième vertu. Ce n’est pas la Foi et la Charité qui encadrent et « trimballent » leur petite sœur Espérance comme le croit trop souvent l’opinion commune, c’est au contraire l’Espérance qui est le « moteur » du trio si j’ose dire, non que ses deux grandes sœurs soient indolentes, encore moins des « grandes biques » selon l’expression populaire, mais sans l’Espérance, Foi et Charité seraient des vertus lasses, fanées, « fripées par la vie » car elles se meuvent dans le présent seulement. L’Espérance est tendue vers le futur, mieux, vers l’avenir. L’Espérance est la jeunesse de la Foi et de la Charité.

 

Yves GERARD

Conseiller spirituel régional

Lorraine-Champagne-Ardenne