Ecodair, une entreprise de personnes handicapées psychiques
Publié le 07/01/2018A la tête d’Écodair depuis 2005, Hervé Baulme conduit un projet innovant : participer à l’insertion de personnes handicapées psychiques dans le monde du travail et accompagner des salariés vers l’emploi par l’activité économique, tout en étant pleinement inséré dans l’économie de marché.
La première mission d’Écodair ? « Nous accompagnons des personnes en difficulté psychique ou en insertion grâce à une activité de reconditionnement de matériel informatique », explique Hervé Baulme. Mais qu’on ne s’y trompe pas, si le groupe comprend des structures adaptées (Esat, EA, EI), « nous sommes dépendants du marché et en concurrence avec des entreprises qui font le même travail que nous, précise-t-il, il faut sortir de la caricature qui oppose association et économie de marché. En passant de l’autre côté, il me semble que le contexte dans lequel nous évoluons est même plus complexe et plus dur que celui de l’entreprise ».
Car Hervé Baulme connaît bien la vie d’entrepreneur, lui qui a fondé et dirigé Summit, une société de services informatiques spécialisée dans la finance. Qu’est-ce qui l’a alors conduit dans cette deuxième vie professionnelle ? « Juste après avoir vendu Summit en 2005, j’ai pris la route de Saint-Jacques-de-Compostelle pour réfléchir à la suite de ma carrière. Épanoui à la tête de petites structures, je me voyais replonger dans l’entrepreneuriat. C’est PhiTrust et un tract trouvé sur la route de Compostelle qui m’ont mené au monde du handicap et de l’entreprise sociale et solidaire. » Hervé Baulme reconnaît qu’il a longtemps tourné le dos à ce sujet lorsqu’il était patron : « À la limite, ce n’était pas mon problème. Je n’avais jamais recruté de personnes handicapées dans mon entreprise qui pourtant croissait à un rythme soutenu. Je pensais qu’il fallait juste s’acquitter d’un impôt… »
La dignité humaine au cœur de l’entreprise
Suite à ce signe du destin, il décide de prendre ce virage professionnel et s’engage à transformer la petite PME. « Faire vivre Écodair est un combat de chaque jour car nous faisons travailler des personnes touchées par des maladies psychiques (bipolarité, schizophrénie, paranoïa) dont la productivité n’est pas constante et dont les postes nécessitent des ajustements permanents. Elles dis- posent de moniteurs, d ’une psychologue et d’une assistante sociale qui les aide à gérer les problèmes administratifs liés à leur situation. »
Sa plus grande fierté ? Mettre la dignité de ces personnes au cœur du fonctionnement de l’association. «Écodair s’engage à former et accompagner vers une réinsertion progressive dans la société. En remettant à neuf des ordinateurs usagés qui serviront à d’autres, ces personnes s’inscrivent dans une chaîne de solidarité et sont grandies par leurs tâches car elles perçoivent un salaire. » Permettre à chacun de se développer, voilà le credo de ce dirigeant : « Mon objectif est d’assurer une croissance des emplois tout en maintenant l’équilibre économique et donc d’assurer la pérennité de l’entreprise. »
Si le chef d’entreprise a longtemps cru maîtriser son parcours professionnel, il reconnaît que c’est bien la Providence qui lui a permis de mener cette aventure en forme de défi social. « C’est une deuxième vie. Il y en aura peut-être une troisième, j’ai en tête quelques noms de dirigeants chrétiens qui pourraient reprendre les rênes d’Écodair. » Une aventure à suivre.
Fanny Bijaoui

L’œcuménisme vécu aux EDC
Dirigeants chrétiens n°87 – L’oecuménisme vécu aux EDC« L’œcuménisme est inscrit dans l’ADN des EDC », affirmait un dirigeant rencontré pour ce dossier. Quelle joie de voir que le défi que nous lance l’œcuménisme est vécu aux EDC dans le dialogue et le rapprochement entre les différentes communautés chrétiennes !
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