Au Liban, le confinement s’inscrit dans un contexte de crise sociale et politique
Publié le 23/04/2020Contrairement à d’autres pays, cinq mois avant l’arrivée du virus, le Liban était entré dans une situation de crise politique et sociale. Celle-ci a conduit à la démission du gouvernement, puis à la formation d’un nouveau gouvernement qui peinait dès le départ à obtenir la confiance de son peuple. Et les nouveaux ministres qui avaient à peine pris leurs fonctions se retrouvent confrontés à des défis auxquels nul n’était préparé…
Les nombreuses guerres ont donné aux Libanais l’habitude du confinement. Mais ce confinement est plus clément que les précédents. Au lieu d’être terrés dans des abris obscurs, nous sommes installés dans nos fauteuils. L’électricité est disponible, la télévision divertit, Internet permet de rester en contact avec les siens et d’être averti des événements. Pour certains, c’est même une période de contemplation, d’exploration de soi, qui permet de faire tant de choses longtemps remises à plus tard. Cependant, le confinement est bien plus difficile à appliquer pour les plus défavorisés comme les réfugiés qui constituent plus du quart des habitants du pays.
La crise sociale et financière avait déjà conduit à des restrictions drastiques pour les transferts à l’étranger et les retraits bancaires, surtout en devises. Ces mesures avaient lourdement affecté tous les secteurs productifs, empêchant l’importation de matières premières. Actuellement, certaines activités économiques continuent « à distance ». En revanche, d’autres sont soit réduites au minimum avec des précautions extrêmes soit totalement arrêtées comme dans le tourisme ou le divertissement. Certains chefs d’entreprises se laissent aller à une torpeur alors que d’autres tentent de convertir la crise en opportunité en adoptant de nouvelles pratiques : vente en ligne, livraison au consommateur… Ainsi, un membre de EDC Liban dont l’atelier protégé, spécialisé dans la production d’objets en plexiglas, a laissé de côté la fabrication d’objets de décoration pour celle de masques.
Depuis longtemps déjà, la marche du pays était, pour une part importante, tributaire d’associations sociales et humanitaires pour palier à la carence des services publics : distributions de rations alimentaires, de médicaments ou d’habits… Mais paradoxalement, notre société s’était habituée au superflu et au luxe au point de ne pouvoir envisager que la vie en soit dépourvue. Aujourd’hui, l’idée que tout cela ne fera sans doute plus partie de la vie progresse. Ceci mettra au défi tous les prestataires de ce superflu qui devront rapidement se recycler dans des nécessités plus essentielles. En prévision d’un appauvrissement alimentaire, de nombreuses initiatives consistant à planter toute parcelle de terrain apte à produire quelque chose de comestible commencent à voir le jour. Peut-être cette crise s’avérera-t-elle une bénédiction…
EDC-Liban