Dubaï : les conséquences du confinement diffèrent selon les secteurs d’activité
Publié le 20/04/2020Dubaï est en confinement « à la Chinoise » depuis maintenant 15 jours, avec des autorisations de sortie tous les 3 jours. Cette période de confinement fait suite à une période de distanciation sociale, home working (90%) et couvre-feu qui était en place depuis début mars.
Les EAU ont environ 6000 cas, 30 morts et ont pris le taureau par les cornes en testant leur population activement (+750 000 tests pour une population de 9 millions d’habitants). Nous anticipons, si le confinement fait son effet, que celui-ci sera lève environ 1 à 2 semaines avant les fêtes de l’Eid (prévu autour du 23 Mai).
La situation économique s’est nécessairement sévèrement dégradée pour Dubaï dont l’activité économique repose sur le tourisme, le commerce, le bâtiment, et la finance principalement. Abu Dhabi, dont la situation financière est très saine grâce à une bonne gestion de la rente pétrolière, va porter le pays dans les mois à venir malgré une baisse des revenus pétroliers.
Des aides au secteur privé sont encore attendues par le gouvernement. Rien n’a été communiqué pour le moment hormis une coupe de 10% des facture d’électricité et un report des loyers commerciaux.
Dans le reste de la région, l’Arabie est en confinement et a lancé un plan d’aide massif au secteur privé, avec un soutien à l’emploi, des coupes significatives dans les factures énergétiques, des financements pour les PME…. Idem au Kuwait, Qatar. Les deux pays les plus durement touchés par la baisse du prix du baril sont Oman et le Bahreïn.
Oman est en crise ouverte et va devoir s’appuyer sur des instances internationales pour passer le cap alors que le Sultan en poste est nouveau et devra assurer l’unité du pays. Le Bahreïn va s’appuyer sur l’Arabie.
L’Iran qui nous est fermé maintenant depuis presque 2 ans car en crise sévère.
Voilà pour le tableau régional.
Quant aux entreprises, elles sont touchées assez différemment.
Nos membres, patrons de PME en lien avec le secteur du retail non-food, sont durement affectés, et ont dû depuis maintenant un mois prendre des mesures drastiques pour permettre à leurs entreprises de survivre : licenciement d’1/2 des effectifs, Unpaid leave, réduction des salaires. Cela s’est fait en essayant de minimiser les difficultés pour les équipes : On garde l’assurance maladie pendant 3 mois, on met les personnes qui le peuvent et l’acceptent temporairement en unpaid leave, on réduit les salaires en fonction des grading dans l’entreprise et surtout on communique, on dialogue, on explique, on aide.
Dans le même secteur mais cette fois grandes entreprises, nos membres ont pour le moment éviter de licencier, s’appuyant sur un matelas de cash solide, et surtout éviter des mesures rédhibitoires qui empêcherait un redémarrage rapide.
Beaucoup d’attention, beaucoup de solidarité. La distance (travail à la maison) a amené beaucoup plus de proximité qu’au bureau grâce à tous les systèmes de com IT.
C’est aussi ce qui ressort de nos entreprises dans le conseil. L’activité a globalement baisse de 20% mais les clients accepte désormais les missions délocalises avec des points de communication sur Teams, ou autres moyens de communication. Les partners, managers passent du coup beaucoup plus temps au contact 121 avec leurs équipes. Les missions s’humanisent davantage. Pour le moment aucun n’a mis en œuvre de plan d’adaptation. La résilience est le message clef. Tenir et anticiper les besoins des clients à la sortie de la crise.
Le secteur de la construction reste globalement pour le moment épargné. Les chantiers ne sont pas arrêtés, mais les mesures HSE strictes ont été prises sur les chantiers, dans les campements (dortoirs) des équipes. La grande question sera la sortie de crise, et la capacité des clients à lancer de nouveaux projets, alors que le secteur de la construction est stratégique pour les EAU. Forte pression sur les fournisseurs pour obtenir des rabais mais discipline dans le paiement des factures pour éviter de couler les fournisseurs.
Le secteur des biens de premières nécessites est épargné par la crise, mais un point d’attention est ressorti : La gestion de la crise en Afrique, avec des mesures de confinement peu adaptées aux pays dont une grand partie de la supply chain dépend des métiers de rue qui sont aujourd’hui stoppés. Il semble que les assureurs crédit se désengagent de plus en plus de ces pays, devant un coût du risque grandissant, menaçant les approvisionnement de ses pays en produits de premières nécessités.
Dans le secteur télécom, secteur considéré comme stratégique, le flux de business continue et la crise a amené de nouvelles opportunités, notamment dans la traçabilité de la supply chain, des malades, etc. La difficulté reste l’absence de contact avec les clients et la grande difficulté a commercer sans contact, une petite révolution a mener même pour le secteur des télécoms.
Dans la gestion de patrimoine, la crise financière a permis de renouer les contacts avec les clients, d’échanger, de rassurer. Il faut se projeter dans un temps plus long que les prochains 2/3 mois. Les équipes ont commencé à s’approprier de nouveaux outils qui permettent de faciliter la communication.
Enfin dans les fournisseurs de l’industrie pétrolière, le Moyen-Orient reste un îlot relativement privilégié. Certes les capex exploration des clients vont être revus à la baisse mais les dépenses de développement vont se poursuivre. Secteur stratégique. Quelques mesures d’adaptation sont mises en place (prise de congés, etc.), une pression est mise sur les fournisseurs pour réduire leurs couts. Mais l’activité reste globalement tout à fait raisonnable. Le confinement a comme pour les autres permis de resserrer les liens sociaux entre les équipes, de « forcer » les managers à prendre plus soin de leurs équipes, etc…
En conclusion, chacun d’entre nous sortira marqué par cette période.
Cette période aura redonné un visage plus humain à ce que nous faisons avec nos équipes, elle aura poussé certains d’entre nous dans leurs extrêmes, nous aura amené à davantage d’attention pour améliorer nos relations avec nos équipes, nos fournisseurs, nos clients.
L’espoir qui a été partage par tous hier soir est que nous sachions garder cette humanité. L’espoir est aussi que nous sachions tirer profit de ces nouveaux modes de communication pour permettre à chacun d’adapter son travail à son mode de vie.
Les membres EDC de l’équipe de Dubaï