Clarifier les responsabilités de chacun pour une meilleure subsidiarité
Publié le 20/12/2019Clarifier les responsabilités de chacun pour davantage de subsidiarité
Dans l’équipe de Bucarest, une première année de parcours sur la Pensée sociale chrétienne a permis aux coéquipiers de donner du sens à leurs actions. Stéphane Roy de Lachaise, secrétaire général pour la région Europe Centrale d’un grand groupe français et membre de l’équipe de Bucarest depuis ses débuts, partage ici comment un exercice très concret permet d’appliquer la subsidiarité dans son entreprise.
Une carrière en expatriation dans différents groupes français en Bolivie, au Nigéria, en Colombie et au Pérou a conduit Stéphane en Roumanie où il exerce depuis trois ans. Dans le cadre de ses responsabilités managériales devant des collaborateurs de multiple nationalités, Stéphane a mis en place, il y a deux ans, un exercice dit des « domaines réservés ». En quoi consiste cet exercice destiné à clarifier les responsabilités de chacun ?
Le manager demande à ses « N-1 » une liste des sujets pour lesquels ils attendent que leur chef décide. Tout ce qui n’est pas inscrit dans cette liste est par conséquent du ressort direct du « N-1 » ou de son équipe. Le responsable hiérarchique fait le même travail de son côté en listant les décisions qui lui reviennent. Tout le reste incombe aux « N-1 ». « On confronte ensuite les contenus des listes établies par le manager et par son équipe pour aboutir à une version commune et partagée.
Le premier enseignement est de regarder s’il y a beaucoup de différences entre les listes établies. « Si la liste du manager contient beaucoup plus de sujets que celle de ses « N-1 », son management est peut-être trop dans le contrôle. Si sa liste en revanche est beaucoup plus courte que celle de ses « N-1 », il doit se poser la question de la maturité de son équipe, de sa capacité à accepter la responsabilisation et à travailler en autonomie. »
Quelle utilité ?
Pourquoi un tel exercice ? « Cela me permet, à moi comme à tous ceux qui le pratiquent, de clarifier les domaines de responsabilité de chacun et de laisser, autant que possible et faisable, une large plage de décisions à tous les collaborateurs et, in fine, de les faire grandir. », répond Stéphane. Il faut cependant veiller à ce que « la stricte observance des domaines réservés de chacun ne coupe pas la communication entre le hiérarchique et les équipes. Le manager a besoin d’être informé, doit pouvoir donner son opinion, attirer l’attention sur certains points mais il doit aussi respecter les décisions de ses collaborateurs. »
Il arrive parfois qu’un collaborateur sollicite son responsable pour valider une décision qui ne fait pas partie des domaines réservés de ce-dernier. Le manager doit alors encourager et responsabiliser son collaborateur pour qu’il prenne et assume sa propre décision. A l’inverse, il peut arriver qu’un manager veuille décider sur un sujet qui ne fait pas partie de sa liste de domaines réservés. Dans ce cas, le collaborateur doit savoir dire à son manager que cette décision lui incombe directement.
Un exercice (également pratiqué à d’autres niveaux au sein de l’entreprise de Stéphane) qui porte du fruit : « il permet d’abord de clarifier les responsabilités de chacun mais au-delà, il permet aussi à certains de prendre conscience de l’étendue de leur marge de manœuvre », explique-t-il. Et si l’exercice se pratiquait déjà dans l’entreprise, la notion subsidiarité lui a donné encore davantage de sens », conclut Stéphane.
Extrait de la revue Dirigeants Chrétiens n°94.