Disciples apeurés,
Disciples réconfortés
Disciples qui ont reconnu leur Seigneur
A la fraction du pain.
« Garde-moi, mon Dieu :
j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort »
(Ps 15, 1-2)
Chant
R. Que vive mon âme à te louer
Tu as posé une lampe, une lumière sur ma route,
Ta parole, Seigneur, ta parole, Seigneur.
1. Heureux ceux qui marchent dans tes voies, Seigneur !
De tout mon cœur, je veux garder ta parole,
Ne me délaisse pas, Dieu de ma joie.
2. Heureux ceux qui veulent faire ta volonté !
Je cours sans peur sur la voie de tes préceptes
Et mes lèvres publient ta vérité.
3. Heureux ceux qui suivent tes commandements !
Oui plus que l’or, que l’or fin j’aime ta loi,
Plus douce que le miel est ta promesse.
4. Heureux ceux qui méditent sur la sagesse !
Vivifie-moi, apprends-moi tes volontés ;
Dès l’aube de ta joie tu m’as comblé.
Évangile de Jésus-Christ selon St Luc (Lc 24, 13-35)
Lire ou écouter l’évangile du jour sur Prions En Eglise
Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit :
« De quoi discutez-vous en marchant ? »
Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit :
« Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit :
« Quels événements ? »
Ils lui répondirent :
« Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors :
« Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir :
« Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. »
Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre :
« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :
« Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Méditation
Nous sommes en manque et nous éprouvons cette faim du partage et du pain. Depuis tant de semaines, nous ne sommes plus en mesure de vivre en communauté cette expérience unique où le Christ se donne à entendre par sa parole, à manger par son corps offert. Mais contrairement aux disciples d’Emmaüs qui désespéraient de voir leur monde s’effondrer, nous ressentons surtout une privation temporaire. Elle se prolonge et vient éprouver notre foi. Qu’apprenons-nous des événements présents à partir de l’évangile de ce jour ?
Jésus est toujours curieux de ce qui nous préoccupe (« De quoi discutez-vous ? »). Il n’est pas loin de nous, il nous rejoint. Aujourd’hui plus encore car il voit sur nos yeux et dans nos cœurs les soucis que nous portons. Il en vient même à nous provoquer : que ce passe-t-il donc ? (« Quels événements ? »). S’il nous parlait ainsi, contrairement aux disciples se référant aux seuls détails transmis par oral en leur temps, nous pourrions le renvoyer à tant d’émissions, d’articles, de replays, que Jésus serait abreuvé d’informations. Mais l’essentiel y est-il transcrit, mis en valeur ?
Peut-être Jésus nous dit-il aussi : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! ». Pourtant, nous savons que le Christ participe à la souffrance du monde, de tous ceux qui affrontent la maladie, le deuil, les difficultés. Ressentons-nous sa présence à nos côtés ?
Notre disette actuelle nous aide à apprécier la saveur renouvelée de la Parole de Dieu écoutée, méditée et mis en pratique. Ce contexte unique peut nous conduire à restaurer ou entretenir des relations humaines plus harmonieuses pour passer de la tristesse à une joie plus simple que la vision du Ressuscité a rendue aux disciples.
Sans avoir voulu de ce qui arrive, en devant assumer les conséquences tragiques à l’avenir, Jésus nous mène sur le chemin de notre retour à la vie : Que mettons-nous au centre de notre existence ? Au sortir de ce confinement, oserons-nous redire avec les disciples : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
Le feu des seules préoccupations humaines et matérielles peut nous consumer entièrement. Mais le feu qui brûle dans notre cœur vient éclairer le chemin où Jésus nous mène. Nous sommes les nouveaux disciples d’Emmaüs.
Nous entamons notre dernière semaine de prière commune. Ce chemin partagé et parcouru ensemble depuis mi-mars s’achèvera le jeudi 30 avril. Chacun de vous poursuivra sa route et portera cette espérance du Christ ressuscité en témoin de la Bonne Nouvelle.
P. Vincent Cabanac, aa
Prière
Seigneur,
Garde à ton peuple sa joie,
toi qui refais ses forces et sa jeunesse ;
tu nous as rendu la dignité de fils de Dieu,
affermis-nous dans l’espérance de la résurrection.