Questions des entrepreneurs chrétiens

Epanouissement au travail : quel mode de management ?

« Voici la règle de l’activité humaine : qu’elle serve au bien authentique de l’humanité conformément au dessein et à la volonté de Dieu, et qu’elle permette à l’homme, considéré comme individu ou comme membre de la société, de développer et de réaliser sa vocation dans toute sa plénitude. »

Jean-Paul II in Encyclique Laborem Exercens

« Agir par soi-même est une joie, individuellement ou ensemble. Il s’agit d’augmenter et d’embellir le monde. Ce que les politiques ne savent pas en France, c’est ceci : bien souvent l’autonomie a plus de prix que l’efficacité de l’action. Les villageois font peut-être moins bien que l’énarque venu de Paris : oui, mais c’est leur action. L’efficacité, la rentabilité, la performance technique: tout cela, dans une certaine mesure, est moins important que la joie de l’acte libre. »

Chantal Delsol in Revue Dirigeants chrétiens 79
Sommaire

    Le principe de subsidiarité suppose une considération pleine et entière du bien de l’autre et vise ainsi à son développement intégral. Il touche à ce qu’il y a de plus essentiel et de plus profond mais aussi de plus concret dans la vie de tout homme : prier, travailler, aimer… C’est un point de départ pour la réflexion de tout dirigeant.

    Atelier des Tissages de Charlieu

    Atelier des Tissages de Charlieu

    Le principe de subsidiarité est susceptible de promouvoir un développement humain et social. Il permet aux corps intermédiaires de développer leurs fonctions : « Ce principe s’impose parce que toute personne, toute famille et tout corps intermédiaire ont quelque chose d’original à offrir à la communauté. L’expérience atteste que la négation de la subsidiarité ou sa limitation au nom d’une prétendue démocratisation ou égalité de tous dans la société, limite et parfois même annule l’esprit de liberté et d’initiative. »

    In Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise § 187

    Le dirigeant doit en effet veiller à organiser son entreprise de façon à mettre chaque personne et chaque entité en situation de pouvoir prendre les décisions qui les concernent. Les collaborateurs et les entités doivent être libres de prendre les initiatives requises par leurs missions. L’attribution des pouvoirs et l’organisation des processus doivent être conçues en ce sens. Les outils de contrôle ne doivent pas reprendre ce qui a été donné. Ainsi la multiplication des contrôles, les reportings trop détaillés… Le principe de subsidiarité demande de penser les contrôles pour qu’ils soient vraiment au service de ceux qui sont responsables.

    Subsidiarité dans le management : la personnalité créative du collaborateur

    L’homme comporte une dimension que l’on peut appeler « personnalité créative » : l’expression est empruntée à Jean-Paul II dans Sollicitudo rei socialis (§ 15). Elle est reprise dans le § 185 du Compendium à propos de la société civile, conçue comme « l’ensemble des rapports entre individus et entre sociétés intermédiaires, les premiers à être instaurés et qui se réalisent grâce à « la personnalité créative du citoyen ». Le réseau de ces rapports irrigue le tissu social et constitue la base d’une véritable communauté de personnes, en rendant possible la reconnaissance de formes plus élevées de socialité. » C’est à la protection de ces formes élevées de socialité qu’est ordonné le principe de subsidiarité.

    Pourquoi parler de personnalité créative ? En un certain sens, nous sommes tous capables d’inventivité et, diraient les économistes, d’esprit d’entreprise. Le pape Benoît XVI, dans sa dernière encyclique, se plaît à rappeler que l’entrepreneuriat doit être compris de façon diversifiée, qu’il a une signification humaine parce que tout travail peut être vu comme un actus personae ; ce n’est pas sans raison, dit-il, que Paul VI enseignait que « tout travailleur est un créateur » (in Populorum progessio §27). À partir du moment où nous connaissons des ressources humaines et matérielles, que nous rencontrons aussi des besoins, nous établissons le contact (entreprendre signifie établir des contacts entre fournisseurs et consommateurs, ressources et besoins).

    Le Compendium insiste sur la dignité de la personne humaine et sur sa place centrale ; la subsidiarité est un principe qui s’appuie sur cette conception de l’homme digne et créateur : « Toute la vie sociale est l’expression de son unique protagoniste : la personne humaine. » (§ 106)

    La dignité de l’homme : l’unicité, la liberté, la relation, la responsabilité

    On ne comprendrait pas la philosophie du principe de subsidiarité si l’on ignorait ses fondements anthropologiques ; en effet, c’est en raison du caractère unique de chaque personne, de sa liberté fondamentale, de sa dimension sociale que le principe de subsidiarité est pour tout homme un chemin de croissance.

    Dans son encyclique Laudato si, au paragraphe 81, le pape François nous rappelle : « Chacun de nous a, en soi, une identité personnelle, capable d’entrer en dialogue avec les autres et avec Dieu lui-même. La capacité de réflexion, l’argumentation, la créativité, l’interprétation, l’élaboration artistique, et d’autres capacités inédites, montrent une singularité qui transcende le domaine physique et biologique. La nouveauté qualitative qui implique le surgissement d’un être personnel dans l’univers matériel suppose une action directe de Dieu, un appel particulier à la vie et à la relation d’un Tu avec un autre tu. À partir des récits bibliques, nous considérons l’être humain comme un sujet, qui ne peut jamais être réduit à la catégorie d’objet. »

    L’exigence que l’homme soit toujours sujet est essentielle. Pour l’entreprise, Jean-Paul II demandait dans Laborem exercens, au paragraphe 81 : « Qu’on prenne en considération, dans le processus même de production, la possibilité pour lui (l’homme) d’avoir conscience que, même s’il travaille dans une propriété collective, il travaille en même temps “à son compte”.»

    Plus largement, la vie sociale ne peut provenir que des personnes et donc du niveau le plus décentralisé : « Il est impossible de promouvoir la dignité de la personne si ce n’est en prenant soin de la famille, des groupes, des associations (…) auxquelles les personnes donnent spontanément vie… » (Compendium § 185) et donc par analogie à chacune des équipes élémentaires qui composent l’entreprise.

    Extraits du Cahier Subsidiarité
    Témoignages

    Eclairages

    Eclairages de fond

    La subsidiarité dans l'encyclique Caritas in Veritate

    Le principe de subsidiarité [137], expression de l’inaliénable liberté humaine, est, à cet égard, une manifestation particulière de la charité et un guide éclairant pour la collaboration fraternelle entre croyants et non croyants. La subsidiarité est avant tout une aide à la personne, à travers l’autonomie des corps intermédiaires. Cette aide est proposée lorsque la personne et les acteurs sociaux ne réussissent pas à faire par eux-mêmes ce qui leur incombe et elle implique toujours que l’on ait une visée émancipatrice qui favorise la liberté et la participation en tant que responsabilisation. La subsidiarité respecte la dignité de la personne en qui elle voit un sujet toujours capable de donner quelque chose aux autres. En reconnaissant que la réciprocité fonde la constitution intime de l’être humain, la subsidiarité est l’antidote le plus efficace contre toute forme d’assistance paternaliste. Elle peut rendre compte aussi bien des multiples articulations entre les divers plans et donc de la pluralité des acteurs, que de leur coordination. Il s’agit donc d’un principe particulièrement apte à gouverner la mondialisation et à l’orienter vers un véritable développement humain.

    Application concrète du principe de subsidiarité vue du côté du "subordonné"

    Subordonné : sous la responsabilité de, ordonné au bien commun.

    Le mot de  » subordonné » est en lui-même à expliquer non comme une sujétion mais comme une relation de coordination, sous la responsabilité de, en vue, ordonné au bien commun Il n’est bien sûr pas un « inférieur », sa « subordination » implique un respect du fonctionnement dans la logique des étapes à réaliser pour un travail en collaboration. A son niveau de compétence, le subordonné doit disposer de l’autonomie maximum pour insérer son travail dans l’ensemble de la chaîne de réalisation.

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    Eclairage spirituel

    Deuxième Livre des Rois, chapitre 5, 1-17

    1          Naaman, chef de l’armée du roi de Syrie, était auprès de son maître un homme puissant et considéré, car c’était par lui que Yahweh avait accordé le salut aux Syriens; mais cet homme fort et vaillant était lépreux.

    2          Or les Syriens, étant sortis par bandes, avaient emmené captive une petite fille du pays d’Israël, qui était au service de la femme de Naaman.

    3          Elle dit à sa maîtresse: «Oh! Si mon seigneur était auprès du prophète qui est à Samarie, le prophète le délivrerait de sa lèpre.»

    4          Naaman vint rapporter ce propos à son maître, en disant: «La jeune fille du pays d’Israël a parlé de telle et telle manière.»

    5          Et le roi de Syrie dit: «Va, et j’enverrai une lettre au roi d’Israël.» Il partit, prenant avec lui dix talents d’argent, six mille sicles d’or et dix vêtements de rechange.

    6          Il porta au roi d’Israël la lettre où il était dit: «Or donc, quand cette lettre te sera parvenue, voici que tu sauras que je t’envoie Naaman, mon serviteur, pour que tu le délivres de sa lèpre.»

    7          Après avoir lu la lettre, le roi d’Israël déchira ses vêtements et dit: «Suis-je un dieu, capable de faire mourir et de faire vivre, qu’il envoie vers moi pour que je délivre un homme de sa lèpre? Sachez donc et voyez qu’il me cherche querelle.»

    8          Lorsqu’Elisée, homme de Dieu, apprit que le roi d’Israël avait déchiré ses vêtements, il envoya dire au roi: «Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements? Qu’il vienne donc à moi, et il saura qu’il y a un prophète en Israël.»

    9          Naaman vint avec ses chevaux et son char, et il s’arrêta à la porte de la maison d’Elisée.

    10        Elisée lui envoya un messager pour lui dire: «Va, et lave-toi sept fois dans le Jourdain; ta chair te reviendra, et tu seras pur.»

    11        Naaman fut irrité, et il s’en alla, en disant: «Voici que je me disais: Il sortira vers moi, il se présentera lui-même, il invoquera le nom de Yahweh, son Dieu, il agitera sa main sur la plaie et délivrera le lépreux.

    12        Les fleuves de Damas, l’Abana et le Pharphar, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d’Israël? Ne pourrais-je pas m’y laver et devenir pur?» Et se tournant, il s’en allait en colère.

    13        Ses serviteurs s’approchèrent pour lui parler, et ils dirent: «Mon père, si le prophète t’avait demandé quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait? Combien plus dois-tu lui obéir, quand il t’a dit: Lave-toi, et tu seras pur?»

    14        Il descendit et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l’homme de Dieu; et sa chair redevint comme la chair d’un petit enfant, et il fut purifié.

    15        Naaman retourna vers l’homme de Dieu, avec toute sa suite. Quand il fut arrivé, il se présenta devant lui et dit: «Voici donc que je sais qu’il n’y a point de Dieu sur toute la terre, si ce n’est en Israël. Et maintenant, accepte donc un présent de la part de ton serviteur.»

    16        Elisée répondit: «Aussi vrai que Yahweh devant qui je me tiens est vivant, je n’accepterai pas!» Naaman le pressant d’accepter, il refusa.

    17        Et Naaman dit «Sinon, permets que l’on donne de la terre à ton serviteur, la charge de deux mulets; car ton serviteur ne veut plus offrir à d’autres dieux ni holocauste ni sacrifice, si ce n’est à Yahweh.

    Reportage aux Tissages de Charlieu

    Pour Éric Boel, membre EDC et Roannais d’origine, la tradition d’excellence des Tissages de Charlieu (LTC) tient d’abord aux ouvriers qui transmettent depuis des siècles cet art, intelligence de la main et de la matière, habileté à transformer un enchevêtrement de fils en pièces d’exception. Un patrimoine historique sur lequel s’appuyer pour se développer.

    Voir l’intégralité du reportage

    Temps de ressourcement spirituel et managérial

    Réfléchir en équipes EDC et partager nos expériences

    Et vous, dans votre entreprise, comment cela se passe-t-il ?
    Vous pouvez vous poser ces questions individuellement ou en équipe EDC.

    • Quelle est la place réelle des personnes et des équipes dans mon entreprise ?
    • Est-ce que je m’intéresse à leurs talents ? à leur potentiel ?
    • Jusqu’où suis-je prêt à faire confiance à mes équipes ? Suis-je prêt à vraiment lâcher prise ?
    • Le projet de l’entreprise donne-t-il vraiment du sens au travail de chaque collaborateur ? Est-ce que chacun s’y retrouve ?
    • Mes collaborateurs ont-ils intérêt à respecter le principe de subsidiarité ?
    • Sont-ils dans la situation où ils ont intérêt/il leur est plus facile d’exercer leurs pouvoirs/responsabilités dans le sens du  projet de l’entreprise ?
    • Les critères et le processus d’évaluation ainsi que les modes de rémunération incitent-ils à respecter le principe de subsidiarité ?
    • Les contrôles respectent-ils l’autonomie des collaborateurs ? la confiance donnée aux collaborateurs ?
    • Chaque collaborateur est-il en situation de faire tout ce qu’il est en capacité de faire pour exercer ses responsabilités ?
    Les autres questions sur le thème