Questions des entrepreneurs chrétiens

Comment impliquer mes collaborateurs dans la recherche du bien commun ?

La recherche du bien commun est celle des meilleures relations possibles entre les personnes et entre les personnes et la création. Ces relations se construisent dans la mise en œuvre des vertus.

En effet, l’homme ne peut prétendre réaliser un paradis sur terre. La recherche du bien commun est donc la poursuite de l’idéal évangélique si bien résumé dans le commandement d’amour. Une communauté, tout en sachant qu’elle n’atteindra jamais cet idéal ne peut s’écarter de cet objectif, sans risquer de se perdre.

 

Sommaire

    Réfléchir sur la vision de leur entreprise est pour ses dirigeants et ses collaborateurs l’opportunité de s’interroger ensemble sur le bien qu’ils ont en commun. Si l’enjeu est de créer de la valeur, la question porte sur la nature de cette valeur tant pour l’interne que pour l’externe.

    Autour d’un sens commun, le bien commun de la communauté pourra se développer s’il existe une culture, un comportement hiérarchique et des méthodes communs et intériorisés.

    La vision peut-être définie comme « l’état futur et souhaitable » de l’entreprise. Elle se nourrit de la mission de l’entreprise qui est « le rôle spécifique que l’entreprise veut jouer ». La stratégie est « l’organisation et la conduite des opérations » pour mettre en œuvre la vision.

    Questions :

    • Quelle vision ai-je pour mon entreprise ?
    • En quoi cette vision sert-elle le bien de mes clients ?
      • Quelle est la vraie utilité de ce que je leur vends ?
      • En quoi l’usage de mes produits et services les fait-il grandir en humanité ?
      • En quoi ces produits ou services renforcent-ils le lien social ? En quoi font-ils progresser la société ?
    • En quoi cette vision sert-elle le bien de mes employés ?
      • Quel est le sens de leur action ?
      • Y-at-il des obstacles au développement du sens de leur travail ?
      • Pourquoi peuvent-ils être fiers de ce que nous faisons ?
      • En quoi cette vision sert-elle le bien des autres parties prenantes de l’entreprise ?
    • Si ce que nous faisons est dommageable pour l’une des parties prenantes, comment pouvons-nous y remédier ?
    • Les objectifs et les moyens sont-ils suffisamment cohérents pour que chacun puisse progresser en même temps que l’entreprise à tous les niveaux?
    • Quelle est la clarté des plans d’action ?

    Réfléchir sur la vision de leur entreprise, c’est aussi l’opportunité pour les collaborateurs de sortir du tout économique pour prendre en compte les dimensions morale et politique de l’entreprise.

    Le dépassement du tout économique ouvre la voie à une finalité commune à tous. Marcel Demonque, alors PDG de Lafarge, écrivait en 1960 : «Si le but immédiat de l’entreprise est de produire et de vendre aux meilleures conditions économiques, et ainsi de prospérer, la raison d’être de sa prospérité, c’est l’homme, et non seulement l’homme du dedans de l’entreprise, mais aussi l’homme du dehors, le consommateur des produits de l’entreprise. 1

    La question du sens dont chacun parle tant aujourd’hui dans les entreprises trouve son aboutissement dans le bien commun. Ce sens peut être abordé par l’utilité au travers de questions clés qui portent sur le pourquoi et le pour quoi :

    • Celles du pourquoi : A quoi servons-nous ? Pourquoi sommes-nous là ? Quelle est notre raison d’être ?
    • Celles du pour quoi : Qui servons-nous ? que transformons-nous ? à quoi cela sert-il ? 

    L’entreprise est appelée à répondre à cette question. La réponse est d’abord dans l’utilité que se donne l’entreprise au travers de la vision mais elle est d’abord dans l’utilité que chaque collaborateur trouve dans son travail.  La question devient alors « à quoi mon travail sert-il ? » et plus profondément encore « à quoi je sers ? ». L’utilité du travail d’une personne dépasse ce qu’elle produit, elle est aussi dans les relations vécues avec d’autres, dans la contribution à une aventure …   L’entreprise ne peut imposer le sens de leur travail à ses collaborateurs. Elle ne peut qu’aider chacun d’eux à le construire personnellement.

    Ce n’est que parce qu’il peut répondre à cette question que l’homme peut se percevoir libre dans son travail et se sentir créateur.  Nous sommes au cœur de ce qui va le motiver2. Certaines entreprises ont la « chance » d’avoir une activité porteuse par elle-même de beaucoup de sens. Ainsi un laboratoire qui réaliserait des pochettes nutritives sur mesure pour des bébés. Chaque fois qu’un collaborateur travaille sur une pochette, il sait que ce qu’il fabrique contribuera directement à la survie d’un enfant dont il connait le prénom et le nom par l’étiquette. Pour d’autres entreprises, l’utilité est moins évidente et demande bien un travail de vision.

    Quand chacun constate qu’il existe un bien commun, et y contribue par un bien qui lui est propre, alors et alors seulement, il est possible de « faire communauté ».

    Extrait du Cahier des EDC Bien commun et entreprise

    1. Cité régulièrement par Bertrand Collomb notamment lors des Semaines Sociales de 2007.
    2. Le sens trouvé dans son travail est le premier facteur de motivation d’un collaborateur. Ainsi, quand une entreprise souhaite travailler sur la motivation de ses collaborateurs elle a tout intérêt à commencer par le sens.Aujourd’hui, pour parler du même sujet le terme d’engagement est davantage utilisé. Il porte en lui une simplification qui peut poser problème. Ainsi dans certaines présentations, l’engagement porte sur l’alignement des collaborateurs sur la stratégie de l’entreprise et fait l’impasse sur l’implication dans la tâche elle-même. Outre qu’une telle simplification, en évacuant une dimension majeure de l’homme au travail, pose une question éthique, en ignorant un des leviers majeurs de la motivation, elle prive l’entreprise de leviers d’efficacité.
    Témoignages

    Eclairages

    Eclairages de fond

    Les vertus au service du bien commun
    Les vertus au service du bien commun

    Les vertus sont nécessaires au développement du bien commun. Toutes y contribuent : la force comme la tempérance ou la prudence… Cependant deux d’entre elles sont plus systématiquement associées au développement du bien commun. En premier, le désir de justice qui vise à donner à chacun ce qui lui est dû. En second, la bienveillance qui est volonté de viser le bien et le bonheur d’autrui.

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    Eclairages spirituels

    Les relations entre les personnes constitutives du bien commun
    Les relations entre les personnes constitutives du bien commun

    Cette recherche d’idéal que constitue le bien commun demande un effort permanent d’ajustement entre le bien de chaque personne et le bien de la communauté. « Tout homme désire être heureux » mais l’homme n’est pas heureux seul. Sa recherche de bonheur passe par la qualité de ses relations avec les autres et avec la création. « Dieu l’a créé pour qu’il soit fils et frère. L’homme est fils et l’homme est frère ».

    Temps de ressourcement spirituel et managérial
    Réfléchir en équipe EDC et partager mes expériences

    Il peut être pertinent de réfléchir à chacun des collaborateurs sous l’angle du bien commun. Ce sont des questions que chaque manager peut se poser à propos de chacun des membres de son équipe.

    • Quelles sont nos évidences partagées ?
    • Quels sont nos rituels ? Quel en est le sens ?
    • Quelles sont les valeurs partagées dans l’entreprise ? Comment s’incarnent-elles vraiment ?
    • En quoi ces évidences, rituels et valeurs servent-ils le bien commun ?
    • Comment devrions-nous essayer de faire évoluer notre culture pour mieux servir le bien commun?

     

    • Quelle perception ce collaborateur a-t-il du bien commun ?
    • Comment voit-il sa contribution au bien commun dans l’entreprise ? Hors de l’entreprise ?
    • Comment le faire contribuer davantage au bien commun ? Comment l’aider à en être fier…
    • En quoi la vision de l’entreprise sert-elle le bien de mes employés ?
    • Quel est le sens de leur action ?
    • En quoi peuvent-ils être fiers de ce que nous faisons ?
    • Comment son travail contribue-t-il au bien commun de sa famille ?
    • L’entreprise respecte-t-elle la part de vie privée des collaborateurs ? Car elle peut se montrer invasive… et ça peut aussi (côté positif) Est-ce que l’entreprise peut être un lieu de soutien ?
    • Chacun gagne t’il le salaire dont il a besoin ?
    • Les objectifs et les moyens sont-ils suffisamment cohérents pour que chacun puisse progresser en même temps que l’entreprise à tous les niveaux ?

     

    • En quoi cette vision sert-elle le bien des autres parties prenantes de l’entreprise ?
    • Si ce que nous faisons est dommageable pour l’une des parties prenantes, comment pouvons-nous y remédier ?
    Les autres questions sur le thème