La justice sociale

Ce dossier est issu du travail de la Commission Repères  du 22 mars 2019, la présente fiche a été établie afin de partager à tous les questionnements des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens sur ce sujet.

Les événements de l’hiver 2018-2019 font apparaitre une grande urgence sociale avec une demande de réponse par rapport à la question du niveau de vie mais aussi une demande très forte sur la question de la fraternité et de la considération.

C’est la grande question de la justice sociale qui se pose à nous. Comme entrepreneur et dirigeant chrétien cette question ne peut que nous habiter. Que pouvons-nous faire, chacun là où nous sommes, pour lutter contre l’injustice sociale ? Comment devenir, nous aussi, des artisans de la justice sociale ?

Fiches Points de repères des EDC sur la justice sociale
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Fiche Points de Repères sur la justice sociale

A l’issue de la discussion en Commission Repères du 22 mars 2019, la présente fiche a été établie afin de partager à tous les questionnements des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens sur ce sujet.

Quelques repères pour réfléchir à la question de la justice sociale
Prière

« On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; Et ce que l’Éternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu ». Michée 6, 8

Eclairages bibliques

Isaïe 58, 6-9
Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche.

Première lettre de saint Jean 3,10- 11 et 16-19
Voici comment se manifestent les enfants de Dieu et les enfants du diable : quiconque ne pratique pas la justice n’est pas de Dieu, et pas davantage celui qui n’aime pas son frère.
Tel est le message que vous avez entendu depuis le commencement : aimons-nous les uns les autres. (…)
Voici comment nous avons reconnu l’amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères.
Celui qui a de quoi vivre en ce monde, s’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ?
Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité.

Saint Louis et Frédéric Ozanam, figures de la justice sociale

Saint Louis

Saint Louis a désiré être un nouveau Salomon – le modèle du roi sage et juste­ – comme en témoignent sa volonté de rendre personnellement la justice et ses arbitrages, aussi bien entre les seigneurs féodaux qu’entre ceux-ci et le peuple. Les sommes généreuses qu’il a allouées pour la fondation d’hôpitaux (Quinze-Vingts…) et diverses autres œuvres témoignent de son souci d’assurer aux pauvres le minimum vital auquel ils ont droit. Sous l’influence de l’idéal franciscain, saint Louis s’est aussi efforcé de pratiquer une forme de détachement des biens matériels et d’exercer lui-même la charité en allant soigner et servir des repas aux aveugles et aux lépreux. Il s’engage au niveau économique, dans la lutte contre l’usure­ et au niveau politique en déployant des efforts en faveur de la paix­.

Frédéric Ozanam (1813-1853)

Ce professeur à la Sorbonne, témoin des conséquences sociales de la révolution industrielle, ne cessera sa vie durant d’attirer l’attention de ses concitoyens et de son Église sur la misère ouvrière et les injustices du capitalisme naissant. Souvent seul contre tous dans un pays qui hésite entre royalisme et république, parti de l’ordre et pari de la liberté, Ozanam a été l’apôtre de la charité dans une société éclatée et largement anticléricale. Ozanam voit dans la fraternité universelle le remède à la lutte des classes qui ne ferait qu’aggraver la situation… Et il considère que la Société de St-Vincent-de-Paul peut jouer ce rôle de médiation. Il est aussi convaincu qu’il faut combattre les causes de la misère. Ceci passe par la conversion des riches, mais, aussi par celle des pauvres, qu’il appelle aussi à l’action et à l’initiative. Au-delà de la morale individuelle, Ozanam voit aussi la nécessité d’une régulation économique menée par le biais de la loi.

En résumé, Ozanam voit la justice sociale comme la résultante à la fois de conversions privées à l’esprit de partage et de service et d’une régulation publique. En cela, il préfigure la doctrine sociale de l’Église telle qu’elle a été formulée à partir de 1891 dans Rerum Novarum, par Léon XIII, et dans les autres encycliques sociales des papes qui lui ont succédé ».

Citons Ozanam : « La charité c’est le Samaritain qui verse l’huile dans les plaies du voyageur attaqué. C’est à la justice de prévenir les attaques. » Ou encore : « Que la charité fasse ce que la justice seule ne saurait faire. » L’un ne va pas sans l’autre et même si la justice permet d’éviter de nombreux drames, il doit toujours y avoir la charité car selon lui la justice est ‘comme l’épée qui en est le symbole, elle frappe, elle retranche, elle divise’ alors que ‘la charité, au contraire, tient compte des faiblesses ; elle cicatrise, elle réconcilie, elle unit. »

Témoignage de Mgr Anba THOMAS, évêque Copte Orthodoxe de Quosseya et de Meir (Egypte), fondateur de la communauté Anaphora

Comment passer de la charité à la justice sociale ?

Quand nous rencontrons quelqu’un, nous avons tendance à le ranger, à le mettre dans un cadre. Ces cadres, nous les créons en fonction de notre statut social, économique, ou de notre éducation. Nous classons les gens selon notre propre référentiel. Pouvons-nous oser, comme Jésus, casser ces cadres ?

Nous pourrions ainsi passer de la charité à la justice sociale, en aidant les autres à s’élever et à se responsabiliser. C’est ce que l’on entend par « Anafora » : S’élever. La justice sociale, ce n’est pas seulement un acte social ou politique; c’est un acte humain, spirituel. Quand je n’étais encore qu’un enfant, j’ai rencontré un homme, nommé Gawargy. Il était très pauvre et il avait l’habitude de venir dans notre famille pour avoir un peu de nourriture. Un jour, je me suis demandé : « Pourquoi n’invite-t-on pas Gawargy à manger avec nous ? ». Bien sûr, nous donnions la charité aux pauvres, mais pas la justice sociale : on ne les invitait pas à rentrer. Je sais que c’est utopique de penser comme ça, mais quand même, on se sent bien quand on vit de cette manière. Quand on ouvre notre porte à tout le monde…Je décidais donc d’aller manger avec Gawargy, et c’est là que j’ai découvert qu’il était bien plus qu’un « homme pauvre ». Il m’a ouvert des portes : qui m’ont permis de percevoir de nouveaux aspects de la société. J’ai donc appris à voir autrement ces personnes marginalisées. J’ai appris à apprécier l’expérience de leurs vies. Comment voir de la force dans ceux qui sont faibles, de la richesse dans la pauvreté, de la gloire dans la souffrance, et de la joie dans la douleur.

 

Vœux du 1er janvier 2019 de Véronique Fayet, présidente du Secours catholique

Cette année se termine avec une certaine gravité. Deux urgences se sont affirmées fortement ces derniers mois : l’urgence sociale avec une demande de réponse par rapport à la question du niveau de vie mais aussi une demande très forte sur la question de la fraternité et de la considération.
Et puis il y a l’urgence climatique. Cette transition énergétique dont on parle tant. Ces deux urgences peuvent apparaitre comme contradictoires. Pas pour nous. Le Secours Catholique insiste sur la nécessité de concilier les deux, convaincus que cela est possible. Nous pensons même que sans justice sociale, il n’y a pas de transition énergétique et de transition écologique possible.
Cette année nous voulons porter ensemble plus que jamais cette révolution fraternelle en laquelle nous croyons très fortement.
Cela se fera à travers le grand débat national où nous voulons vraiment porter la parole des plus pauvres, celles qui ont une vie très difficile.
Cela se fera aussi pour le Secours Catholique à travers la campagne mondiale migration lancée par notre fédération internationale Caritas Internationalis et le Vatican et qui nous demande de partager encore et toujours le chemin des migrants.

La justice sociale, un élément clé de la pensée sociale chrétienne

« La recherche du bien commun dans un esprit de service, le développement de la justice avec une attention particulière aux situations de pauvreté et de souffrance, le respect de l’autonomie des réalités terrestres, le principe de subsidiarité, la promotion du dialogue et de la paix dans la perspective de la solidarité : telles sont les orientations auxquelles l’action politique des chrétiens laïcs doit s’inspirer ». Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église, §565

« La justice est un thème central dans l’enseignement social de l’Église. Les accents ont évolué dans le temps, en fonction du contexte politique, économique et social. Car avant d’être une question théorique, la justice est une question pratique qui émerge du scandale de la pauvreté qui déchire le tissu social. Elle s’est posée avec une acuité nouvelle avec la révolution industrielle. Elle a connu de nouveaux développements avec l’extension des échanges économiques au niveau mondial. (…)
Dans la pensée sociale chrétienne, les injustices sont la conséquence du péché de l’homme, mais d’un péché qui s’est cristallisé dans les institutions – ce que Jean Paul II appelle les « structures de péché » – qui contribuent à la reproduction des injustices.
De ce fait, le combat pour la justice exige davantage que la conversion personnelle : celle-ci doit conduire à œuvrer en faveur d’une réforme des structures et des institutions. Et cette justice qu’il s’agit de promouvoir est toujours articulée avec d’autres valeurs, notamment la charité. L’enseignement magistériel souligne que la véritable justice exige d’être toujours « en excès », un excès du bien qui seul peut permette de vaincre l’excès de mal. »
Dominique Greiner, aa https://www.doctrine-sociale-catholique.fr/quelques-themes/94-justice-sociale

« La vie en société doit être considérée avant tout comme une réalité d’ordre spirituel. Elle est, en effet, échange de connaissances dans la lumière de la vérité, exercice de droits et accomplissement de devoirs ; émulation dans la recherche du bien moral ; communion dans la noble jouissance du beau en toutes ses expressions légitimes ; disposition permanente à communiquer à autrui le meilleur de soi-même et aspiration commune à un constant enrichissement spirituel. Telles sont les valeurs qui doivent animer et orienter toutes choses : activité culturelle, vie économique, organisation sociale, mouvements et régimes politiques, législation, et toute autre expression de la vie sociale dans sa continuelle évolution. » Pacem in terris, 1936 §51

« Une chose demeure acquise : l’action de l’État en matière économique, si loin qu’elle porte, si profondément qu’elle atteigne les ressorts de la société, ne peut supprimer la liberté d’action des individus ; elle doit au contraire la favoriser pourvu que soient sauvegardés les droits essentiels de chaque personne humaine. » Mater et magistra, 1961, §5

« La justice est la première voie de la charité ou, comme le disait Paul VI, son « minimum » [2], une partie intégrante de cet amour en « actes et en vérité » (1 Jn 3, 18) auquel l’apôtre saint Jean exhorte. D’une part, la charité exige la justice : la reconnaissance et le respect des droits légitimes des individus et des peuples. Elle s’efforce de construire la cité de l’homme selon le droit et la justice. D’autre part, la charité dépasse la justice et la complète dans la logique du don et du pardon [3]. La cité de l’homme n’est pas uniquement constituée par des rapports de droits et de devoirs, mais plus encore, et d’abord, par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion. La charité manifeste toujours l’amour de Dieu, y compris dans les relations humaines. Elle donne une valeur théologale et salvifique à tout engagement pour la justice dans le monde. » Caritas in veritate, 2009, §6

« Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. » Laudato si, 2015, §49

« Dans les conditions actuelles de la société mondiale, où il y a tant d’inégalités et où sont toujours plus nombreuses les personnes marginalisées, privées des droits humains fondamentaux, le principe du bien commun devient immédiatement comme conséquence logique et inéluctable, un appel à la solidarité et à une option préférentielle pour les plus pauvres. Cette option implique de tirer les conséquences de la destination commune des biens de la terre, mais, comme j’ai essayé de l’exprimer dans l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium,[123] elle exige de considérer avant tout l’immense dignité du pauvre à la lumière des convictions de foi les plus profondes. Il suffit de regarder la réalité pour comprendre que cette option est aujourd’hui une exigence éthique fondamentale pour la réalisation effective du bien commun. » Laudato si, 2015, §158

La théologie protestante
« On a pu décrire l’éthique protestante comme une éthique à deux foyers : éthique de la liberté, elle est toujours aussi éthique de la justice. Jamais l’une sans l’autre. La liberté sans la justice est inopérante, la justice sans la liberté est étouffante. La liberté est au centre de l’éthique protestante, mais précisément elle est inséparable d’une double transcendance : de l’altérité de Dieu, de l’altérité de l’autre, du prochain.

L’éthique protestante insiste plus fortement aujourd’hui sur la catégorie de responsabilité. Il n’est plus possible en effet de simplement opposer l’éthique de conviction à celle de responsabilité, comme on le fait parfois à la suite de Max Weber. L’insistance sur la responsabilité implique la reconnaissance de la priorité de la liberté ; la responsabilité a pour tâche de respecter l’articulation de la liberté et de la justice ; elle ne présuppose pas d’abord un bien commun, comme la tradition aristotélicienne et thomiste, mais postule que la confiance primordiale faite à la liberté et à la justice appelle l’exercice d’une responsabilité constructive. On ne part pas ici du Bien pour aller aux actes, mais de l’acte de la responsabilité comme service des valeurs de la liberté et de la justice. Le modèle n’est pas d’harmonie sociale mais de construction solidaire. À la différence de la morale sociale catholique, qui déduit le Bien commun de la loi naturelle, l’éthique sociale protestante préfère la notion de société responsable, en quête de la reconnaissance des valeurs constitutives. » In Une vision protestante de l’éthique sociale. Questions de méthode et problèmes de fond, 1993, Denis Müller

Justice sociale et travail

Un éclairage de l’OIT

Dans sa déclaration du 20 février 2019, l’Organisation internationale du travail estime que la création d’emplois de meilleure qualité et un meilleur accès aux emplois pour les 40% les plus défavorisés peuvent augmenter les revenus et contribuer à des sociétés plus cohésives et équitables ; ils sont donc importants pour prévenir les conflits violents et relever les défis après les conflits.

 

Selon la PSC

« L’organisme économique et social sera sainement constitué et atteindra sa fin, alors seulement qu’il procurera à tous et à chacun de ses membres tous les biens que les ressources de la nature et de l’industrie, ainsi que l’organisation vraiment sociale de la vie économique, ont le moyen de leur procurer. Ces biens doivent être assez abondants pour satisfaire aux besoins d’une honnête subsistance et pour élever les hommes à ce degré d’aisance et de culture qui, pourvu qu’on en use sagement, ne met pas obstacle à la vertu, mais en facilite au contraire singulièrement l’exercice  » Quadragesimo anno, 1931, §37

« En effet, outre la justice commutative, il y a aussi la justice sociale, qui impose des devoirs auxquels patrons et ouvriers n’ont pas le droit de se soustraire. C’est précisément la fonction de la justice sociale d’imposer aux membres de la communauté tout ce qui est nécessaire au bien commun.
Mais de même que dans l’organisme vivant on pourvoit aux besoins du corps entier en donnant à chacune des parties et à chacun des membres ce qu’il leur faut pour remplir leurs fonctions, ainsi dans l’organisme social, pour assurer le bien commun de toute la collectivité, il faut accorder à chacune des parties et à chacun des membres, c’est-à-dire à des hommes qui ont la dignité de personnes, ce qui leur est nécessaire pour l’accomplissement de leurs fonctions sociales. La réalisation de la justice sociale produira une activité intense de toute la vie économique, dans la paix et dans l’ordre, manifestant ainsi la santé du corps social, tout comme la santé du corps humain se reconnaît à l’harmonieuse et bienfaisante synergie des activités organiques. » Divini Redemptoris, 1937, §51

La dignité humaine fonde également le droit de déployer l’activité économique dans des conditions normales de responsabilité personnelle. Il en résulte aussi – et il convient de le souligner – qu’à l’ouvrier est dû un salaire à déterminer selon les normes de la justice ; compte tenu des possibilités de l’employeur, cette rémunération devra permettre au travailleur et à sa famille un niveau de vie conforme à la dignité humaine. Pacem in terris, 1963, §20

« Mais s’il est vrai qu’un certain capitalisme a été la source de trop de souffrances, d’injustices et de luttes fratricides aux effets encore durables, c’est à tort qu’on attribuerait à l’industrialisation elle-même des maux qui sont dus au néfaste système qui l’accompagnait. Il faut au contraire en toute justice reconnaître l’apport irremplaçable de l’organisation du travail et du progrès industriel à l’œuvre du développement. » Populorum Progressio, 1967, §26

« Notre seconde recommandation est pour ceux que leurs affaires appellent en pays récemment ouverts à l’industrialisation : industriels, commerçants, chefs ou représentants de plus grandes entreprises. Il arrive qu’ils ne soient pas dépourvus de sens social dans leur propre pays : pourquoi reviendraient-ils aux principes inhumains de l’individualisme quand ils opèrent en pays moins développés ? Leur situation supérieure doit au contraire les inciter à se faire les initiateurs du progrès social et de la promotion humaine, là où leurs affaires les appellent. Leur sens même de l’organisation devrait leur suggérer les moyens de valoriser le travail indigène, de former des ouvriers qualifiés, de préparer des ingénieurs et des cadres de laisser place à leur initiative, de les introduire progressivement dans les postes plus élevés, les préparant ainsi à partager avec eux dans un avenir rapproché, les responsabilités de la direction. Que, du moins, la justice règle toujours les relations entre chefs et subordonnés. Que des contrats réguliers aux obligations réciproques les régissent. Que nul enfin, quelle que soit sa situation, ne demeure injustement soumis à l’arbitraire. Populorum progressio, 1967, §70

Le travail est plus qu’une manière de gagner sa vie ; c’est une forme de participation continue à la création de Dieu. Si la dignité du travail doit être protégée, les droits fondamentaux qui sont le privilège des travailleurs doivent aussi être respectés -le droit à un travail productif, à un salaire convenable et juste, le droit d’organiser des syndicats et d’y adhérer, le droit à la propriété privée et à l’initiative économique” Réflexion des évêques catholiques des USA, 1998

« La mobilité du travail, liée à la déréglementation généralisée, a été un phénomène important, qui comportait des aspects positifs par sa capacité à stimuler la création de nouvelles richesses et l’échange entre différentes cultures. Toutefois, quand l’incertitude sur les conditions de travail, en raison des processus de mobilité et de déréglementation, devient endémique, surgissent alors des formes d’instabilité psychologique, des difficultés à construire un parcours personnel cohérent dans l’existence, y compris à l’égard du mariage. Cela a pour conséquence l’apparition de situations humaines dégradantes, sans parler du gaspillage social. Si l’on compare avec ce qui se passait dans la société industrielle du passé, le chômage entraîne aujourd’hui des aspects nouveaux de non-sens économique et la crise actuelle ne peut qu’aggraver une telle situation. La mise à l’écart du travail pendant une longue période, tout comme la dépendance prolongée vis-à-vis de l’assistance publique ou privée, minent la liberté et la créativité de la personne ainsi que ses rapports familiaux et sociaux avec de fortes souffrances sur le plan psychologique et spirituel. Je voudrais rappeler à tous, et surtout aux gouvernants engagés à donner un nouveau profil aux bases économiques et sociales du monde, que l’homme, la personne, dans son intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à valoriser : « En effet, c’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie économico-sociale » » Laudato si, 2015, §25