Les vertus sont nécessaires au développement du bien commun. Toutes y contribuent : la force comme la tempérance ou la prudence… Cependant deux d’entre elles sont plus systématiquement associées au développement du bien commun. En premier, le désir de justice qui vise à donner à chacun ce qui lui est dû. En second, la bienveillance qui est volonté de viser le bien et le bonheur d’autrui.
Comme l’a si bien montré Benoît XVI, le désir de justice et la bienveillance sont liés : « La charité dépasse la justice, parce que aimer c’est donner, offrir du mien à l’autre ; mais elle n’existe jamais sans la justice qui amène à donner à l’autre ce qui est sien, c’est-à-dire ce qui lui revient en raison de son être et de son agir. Je ne peux pas « donner » à l’autre du mien, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice. Qui aime les autres avec charité est d’abord juste envers eux. ». « D’autre part, la charité dépasse la justice et la complète dans la logique du don et du pardon » (Caritas in veritate §6). La justice seule ne suffit donc pas, car sans la charité elle conduit à la seule équité et peut être dure voire inhumaine.
Ainsi pour suivre les réflexions de Robert Spaemann[1], l’éthique peut être fondée sur la recherche bienveillante du bien pour tous.
Dans une communauté, la bienveillance est faite d’une attention à chacun. Elle est « amitié[2] » au sens de la satisfaction à vivre ensemble parce que l’on partage et l’on met en commun quelque chose.
Elle comporte une part de gratuité. Cette gratuité ne doit pas être comprise comme la recherche d’une impossible pureté morale. Elle est dans cette attention, ce regard sur l’autre/les autres, qui les invite participer à la recherche « ensemble » du bien.