Eclairage de fond

Réflexion sur l’éthique des affaires

Publié le 20/04/2017

Le monde des affaires est celui des entreprises dont le but n’est pas uniquement la production du profit mais sa pérennité comme communauté de personnes.

Quelle finalité pour l’entreprise ?

L’entreprise est un lieu de création de richesses au sens économique dominant. L’homme y répond à l’exhortation du Livre de la Genèse. « Créez et partagez au meilleur prix et dans le respect des personnes ».

L’entreprise est une communauté, c’est l’entité économique majeure au service d’autrui, de la cité. Lieu d’intérêts communs, elle s’affirme aujourd’hui plutôt comme une communauté contractuelle (mi enfer, mi paradis). Le conflit y existe et son mode de fonctionnement est la compétition.

L’entreprise est un lieu de développement de la personne et de la communauté. En échange d’un travail, d’une compétence, d’une efficacité, seul ou avec d’autres, on y obtient une rémunération et une reconnaissance. L’entreprise s’affirme en outre comme lieu d’éducation. L’entreprise est un lieu de socialisation, d’acquisition, de dignité. Dans la mesure où le marché paraît le meilleur moyen pour répartir les ressources et répondre aux besoins solvables par la production et la consommation, il apparaît que l’échange vaut mieux que le don. Ainsi apparaît la nécessité de relations réciproques travail-salaire comme facteur mutuel de positionnement social et de dignité.

Ethique des affaires : quelle place pour les hommes dans l’entreprise ?

Face à la machine, à l’informatique, aux automatismes, il existe un risque de déresponsabilisation de l’homme contre lequel l’entreprise doit lutter. Elle doit chercher à développer la conscience professionnelle, la recherche du travail bien accompli qui élève l’homme, assure sa dignité. Le respect de l’homme doit être développé dès le recrutement, avec des procédures simples et efficaces. Il convient d’accueillir les demandeurs d’emploi, les encourager et les guider dans leurs recherches.
Les conditions de travail devraient permettre à l’homme une liberté, un choix, un moyen d’élévation : le temps choisi, la formation, la sécurité du travail, la motivation dans la fixation de la rémunération, la promotion interne, le développement des compétences de chacun doivent favoriser l’épanouissement de chaque personnalité. L’intérêt collectif de l’entreprise doit prendre en compte les intérêts individuels des personnes. Et cela reste vrai au moment de la rupture du contrat de travail.
L’entreprise est un moyen de reconnaissance sociale, et le travail est un moyen de démontrer la valeur humaine. Le dialogue doit être développé afin d’éviter les sources de conflit. Lorsque ceux-ci apparaissent, il faut conserver le souci du dialogue, la recherche de solutions harmonieuses.

Ethique des affaires : quelle relation avec les partenaires ?

L’entreprise a des liens très divers avec de nombreux partenaires, clients, fournisseurs ou sous-traitants, banques… Il s’agit à chaque fois d’établir un contrat puis de l’exécuter. Au delà des textes des contrats, il doit régner un esprit de bonne foi, la volonté de trouver un bon équilibre dans la conclusion du contrat. Les moyens de pression doivent être rejetés, qu’ils soient liés à la puissance ou à des comportements de corruption. Tous les intérêts doivent être examinés honnêtement dans la formation du contrat, le prix mais aussi la qualité du service ou du produit, les conditions dans lesquelles les hommes auront à travailler pour accomplir le contrat. Il faut aussi rechercher un bon équilibre dans toutes les composantes qui permettent le choix d’un partenaire. Il faut agir dans un esprit de respect du partenaire en ayant une volonté de transparence. La liberté doit s’accompagner du développement du sens des responsabilités. A cet égard, le respect des engagements pris doit être une règle absolue. Les chartes, codes d’usages professionnels, codes d’éthique peuvent être encouragés, dès lors qu’il ne s’agit pas seulement de déclarations de principe mais de réalités vécues.

Ethique des affaires : comment vivre avec son environnement ?

L’entreprise vit dans un environnement économique ou juridique qu’elle ne choisit pas, qui est une contrainte mais avec lequel on doit avoir également un comportement éthique. L’entreprise doit avoir la volonté de respecter la loi, d’avoir un sens civique (respect des lois fiscales, de la réglementation économique, des lois sociales, des lois sur l’environnement…) et d’avoir un sens citoyen (favoriser l’emploi des jeunes, assurer une évolution harmonieuse de la société). La notion de développement durable est utilisée au niveau des collectivités publiques. Elle concerne les entreprises qui doivent participer à ce mouvement. Favoriser le développement, la recherche, assurer la pérennité de l’entreprise mais garantir le respect de la vie et de la dignité des personnes pour aujourd’hui et demain sont des responsabilités de chacun, et l’entreprise a son rôle à jouer.

Un article de N. Plantrou
Références
– Le sens spirituel des biens de la création (Production) R. 8, 19-25
– Un témoignage apostolique de vie en communauté (L’entreprise communauté) R. 16, 3-9 et 16-23
– Vivre pour et avec les autres (Au-delà de l’entreprise) 1 P. 3, 8-12 ; cf Ps. 34 (33), 13-17
– La grande finalité : le bien de l’homme (Le souci des personnes : personnel-clients) Sg 2, 23 ; Ps. 8 ; Héb 2