La question du prêt dans la Destination universelle des biens
Publié le 23/01/2020La pratique du prêt se justifie pleinement : celui qui a un excédent de liquidités ou le pouvoir de créer monnaie a le devoir de les mettre à disposition de celui qui en a une utilisation productive, et de ne pas le thésauriser.
Pour bien comprendre le prêt, il est utile de distinguer :
• Le prêt de solidarité auquel il est fait référence dans l’ancien testament ainsi qu’à l’époque contemporaine du Christ : il servait essentiellement d’aide au plus pauvres, et ne devait pas maintenir l’emprunteur dans une situation de dépendance vis-à-vis du prêteur, d’où les remises périodiques de dette. Ce type de prêt a été précisément formulé par la doctrine protestante, qui dès Calvin, distinguait clairement le prêt de secours du prêt de production, sur lequel il était légitime de réclamer des intérêts payés sur la richesse produite.
• Le prêt dans la vie économique actuelle qui est le poumon de l’économie, au point qu’il constitue l’essentiel de ce que nous appelons l’argent (la masse monétaire)
Renvoyons au livret « Le chrétien et la dette » rédigé par la commission Ethique et Finance des EDC qui aborde ce point en détail, et contentons-nous d’en relever quelques lignes directrices :
• La dette est morale : employer ses liquidités pour le prêteur est bon car cela permet de créer des richesses
• Le prêt crée une double responsabilité : pour l’emprunteur, celle de prévoir en conscience ses revenus futurs et n’emprunter que ce qu’il pourra rembourser, et pour le prêteur, celle de s’assurer qu’il prête pour financer un projet créateur de richesses, dans des proportions soutenables pour l’emprunteur.
• A défaut, se crée un risque de double malheur, la faillite de l’emprunteur et celle du prêteur, qui peut lui-même avoir emprunté et se trouver dans l’incapacité de faire face.
• La manque de responsabilité des acteurs économiques, ou le manque d’encadrement règlementaire du crédit, peut conduire à une crise systémique par effet dominos, aux conséquences dévastatrices sur l’économie des hommes : nous avons tous en tête l’exemple récent de la crise de 2008
• Le prêt ne devrait financer que des projets créateurs de richesses, c’est à dire des projets d’investissement, qui augmentent la capacité de l’emprunteur à contribuer à l’économie globale et donc l’autonomisent, par opposition au financement de ses besoins de consommation ou d’exploitation courants, au risque de l’asservir. C’est également vrai dans le cas du budget des collectivités publiques.
• Enfin, le prêt sous forme de dette devrait être réservé au financement de projets dont l’aléa est faible, les projets les plus risqués devant être financés par du capital, qui coûte plus cher mais qui n’est rétribuable, que si le projet a réussi.
Extrait du Cahier des EDC La destination universelle des biens