Parole persévérante

Sans être un ermite, Jésus s’est isolé pour se préparer à sa mission dans le silence, avant de revenir et d’entrer en dialogue parfois difficile avec des personnages bien distincts. Le plus brutal et violent épisode est advenu dans sa confrontation avec le diable (1). Tenté pendant 40 jours mais conduit par l’Esprit, il a résisté aux assauts et a rejeté par trois fois les séductions au point d’épuiser le « diviseur » qui « s’écarta de lui jusqu’au moment fixé ». Le dialogue peut devenir un combat, face à quelqu’un ou contre soi-même.

Jésus est entré en dialogue sans hésitation. Une kyrielle de noms suffirait à peine à mentionner chacun. Prenons deux exemples significatifs.

Dans son entretien avec Nicodème (Jn 3, 1-21), le Christ perçoit une pensée structurée, une foi profonde, un fort désir de comprendre. Leur conversation débute par une claire affirmation de Jésus : « Il faut naitre d’en haut ». Le lien entre notre humanité et le Maître de la vie se révèle. Pourtant, tout n’est pas simple, « le vent (pneuma) souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va ». L’instabilité peut nous déstabiliser. La rencontre et l’échange exigent de se poser, de prendre le temps de l’écoute et celui de l’expression personnelle. Le dialogue aide à s’élever et à demeurer ferme dans la foi, avec conviction sans obstination.

Une autre leçon se trouve dans les échanges avec le grand prêtre puis le gouverneur romain lors de la Passion. Affaibli, devenu dépendant, sujet à la violence, Jésus n’a renoncé à rien. Il a persévéré dans la vérité même quand elle était rejetée par l’autorité ou la foule vociférante. Jésus n’a pas craint d’assumer jusqu’au bout les conséquences de ce qu’il proclamait. Aujourd’hui, alors que la parole de Pilate et Caïphe n’a plus aucune importance, celle de Jésus résonne encore dans le cœur des hommes.

(1) Mt 4, 1-11 ; Mc 1, 12-13 ; Lc 4, 1-13

Vincent Cabanac, Assomptionniste,  Conseiller spirituel national