Questions d'actualité

Contribution des EDC sur la Bioéthique

Le débat actuel sur la bioéthique ne peut laisser personne indifférent. Il nous concerne en tant qu’homme et femme, en tant que chrétien, en tant qu’entrepreneur et dirigeant et en tant que citoyen du monde.

La loi en cours de discussion ne peut se réduire à la l’ouverture de la PMA aux couples de femmes homosexuelles. Elle va bien au-delà de cette question. La commission Repères des EDC propose une fiche pour comprendre et discerner.

 

Sommaire
    Fiche Points de repères : Bioéthique, nous sommes tous concernés
    20152
    Fiche Points de Repères – Bioéthique… nous sommes tous concernés !

    La révision de la loi sur la bioéthique est une loi sociétale… et nous pourrions penser qu’elle ne nous concerne pas en tant que dirigeant. Mais à y regarder de plus près, ses conséquences sont aussi économiques.

    Etude de la proposition de loi sur la bioéthique

    Déjà en 2018,  Philippe Royer avait souhaité apporter une contribution en écrivant au Président de la République et au Comité Consultatif National. Ce dernier avait aussitôt réagi en proposant une audition des EDC, qui s’était déroulée le 3 mai 2018. L’occasion pour le mouvement de faire connaître et partager ses convictions. Le dossier ci-dessous reprend les éléments principaux de cette démarche et le contenu de la contribution des EDC.

    Rappel des positions des EDC sur la consultation en vue de la révision de la loi Bioéthique (avril 2018)

    Nos contributions à la consultation nationale sur la bioéthique sont basés sur notre expérience d’entrepreneurs et de dirigeants d’entreprise, et qui rejoignent le bien de la société toute entière.

    L’harmonie de la personne humaine grandit quand elle peut se réaliser à la fois dans sa famille, son travail et ses autres engagements.

    En particulier, l’épanouissement de la femme ne passe pas par l’accès à des techniques de procréation lui permettant de reporter l’accueil d’un enfant après la réalisation d’une carrière professionnelle mais plutôt par la conciliation des projets personnels, soutenu par les entreprises et par une politique familiale favorable. Dans nos entreprises, nous pouvons témoigner que les mères de famille déploient des talents dont il serait dangereux de se priver. Nous souhaitons favoriser l’accueil de la vie et l’épanouissement des personnes.

    Nous sommes donc opposés à la congélation des ovocytes et des embryons en vue d’une implantation ultérieure qui vient rompre le rythme naturel de la vie.

    Les examens génétiques, la médecine génomique et les neurosciences peuvent aboutir à un nouveau type de sélection des personnes.

    Nous ne pouvons pas être favorables à un élargissement des pratiques actuelles. Des utilisations « discriminantes » pourraient en être faites par des acteurs économiques (assurances ou employeurs) dès lors que ces examens seraient pratiqués plus largement. Il en est de même pour les données de santé sur lesquelles il y a un risque fort de dérive commerciale. La vente par les organismes de santé des données personnelles des patients doit rester strictement interdite et leur anonymisation contrôlée, pour une exploitation uniquement à des fins de bien commun de la société.

    Le risque de marchandisation des organes est important.

    Le corps fait partie intrinsèque de la personne, qui forme un tout, et ne constitue pas un réservoir de « pièces détachées » à la disposition de tous. Nous souhaitons que les pratiques restent très encadrées pour éviter toute marchandisation et faciliter la culture du don.

    La machine doit rester un outil à la disposition de l’homme et sous sa responsabilité, dans le cadre médical comme dans toute autre activité humaine.

    Remplacer la personne humaine dans le diagnostic, le soin ou l’accompagnement des patients vient à l’encontre des attentes actuelles. Les essais de « silver technology » auprès des personnes âgées sont ainsi peu concluants. Les hommes sont et resteront des êtres de relation, depuis le début jusqu’à la fin de leur existence, dépendants des possibilités d’échanges gratuits. C’est pourquoi, nous pensons qu’il est prioritaire de restaurer les liens relationnels et intergénérationnels. Nous nous y employons dans nos entreprises et nos engagements associatifs.

    Le respect de la vie et des personnes est primordial pour une société, dont la qualité se lit dans la manière dont elle traite les plus vulnérables.

    La fragilité nous fait grandir aussi. Les personnes les plus fragiles physiquement et psychologiquement nous le rappellent quotidiennement. Elles sont une richesse dans nos familles et nos entreprises. Elles nous rappellent à l’essentiel et nous invitent à organiser la société pour en faciliter l’accueil.

    Sur la fin de vie, la loi de 2016 va déjà très loin dans le souhait de recueillir par avance la volonté des patients relative à leur fin de vie.

    Il n’est pas souhaitable d’aller plus loin. Son application attentive doit se poursuivre et des corrections être envisagées, plutôt pour revenir sur d’éventuels abus d’arrêts des soins. Nous souhaitons pouvoir offrir à nos salariés la possibilité de mieux accompagner les personnes qui ont besoin d’un accompagnement en fin de vie. Des mesures de soutien de cette démarche nous semblent prioritaires à toute autre législation sur la fin de vie.

    Analyse et commentaires sur le projet de loi du Gouvernement et adoption par la Commission de l’Assemblée nationale (septembre 2019)

    Par rapport à nos positions et interrogations, le Projet de Loi déposé par le Gouvernement va jusqu’au bout de l’extension de la PMA à toutes les femmes. La Commission de l’Assemblée nationale l’a même corrigé en allant encore plus loin sur certains points qui pouvaient constituer des garde-fous.

    • L’accès à la PMA serait ouvert aux couples de femmes ou aux femmes non mariées et ce, sans considération de statut matrimonial ou d’orientation sexuelle, pour éviter toute discrimination.

    Cela veut dire que toute femme qui se présenterait pourrait avoir accès à la PMA, à partir du moment où elle ne serait pas en couple hétérosexuel déclaré par le mariage, le PACS ou le concubinage. Cela ouvre l’accès à la PMA aux plus instables des situations, celles des « familles monoparentales », qui sont aussi celles de la plus grande pauvreté selon tous les rapports.

    • De plus, la Commission a enlevé toute mention d’un examen « psychologique » préalable, ne laissant subsister qu’un examen « médical », certes mené par une équipe comprenant des psychiatres ou psychologues, mais dont on se demande l’objet puisqu’il ne s’agit plus de la correction d’une infertilité physique…

     

    • Et elle ne distingue plus dans un couple « la femme qui accouche » de « l’autre femme », contrairement au texte du Gouvernement, au nom de la négation complète de la biologie désormais.

    Le texte en tire d’ailleurs toutes les conséquences, puisqu’il prévoit largement les cas de non-présentation de l’accord préalable du « couple » lors de sa déclaration en mairie et ses différents remèdes (changement ultérieur de « filiation » de l’enfant, procès en annulation de la « filiation » présumée, etc.).

    L’instabilité de l’enfant, et de son identité même, suivrait au gré des circonstances… Avec, surtout, un effet sur les enfants et leur « figure du père » également, puisqu’il s’agit d’enfants privés de père légal au départ, qui n’auront de cesse de s’en trouver un. A la différence des enfants adoptés, qui ont un père nourricier et ne cherchent qu’une trace de leur filiation biologique, sans pour autant avoir manqué de cette « figure »…

    • Il ne serait plus obligatoire que l’une des gamètes provienne d’un membre du couple, les deux (ou l’embryon) peuvent provenir de donneurs extérieurs, même en cas de fertilité naturelle. C’est un détournement complet de ces techniques destinées à aider les couples en cas d’infertilité ou de maladie grave transmissible. Voir avis de l’Académie nationale de Médecine.

     

    • Et plus grave encore la recherche et la modification des gènes sur les gamètes ou sur l’embryon est autorisée avant implantation, si le couple ou la femme y consentent, ouvrant la porte à toutes les manipulations des embryons conçus in vitro !!! Ainsi l’expérience isolée du chercheur chinois serait désormais autorisée…

    Au nom de la protection et de la vérité sur son origine dues à tout enfant, il ne paraît pas raisonnable d’aller dans ce sens, bien évidemment ! Voir l’article de Aude Mirkovic.

    • Les donneurs (de gamètes ou d’embryons, pour les couples ayant eu recours à la PMA et ne souhaitant pas garder les embryons surnuméraires) seraient obligés de donner accès à leur identité à la majorité de l’enfant, s’il celui-ci le souhaite. Plus d’anonymat, donc un effet sur les dons certain. Un rapport est prévu en 2025 sur cet effet sur le nombre de dons. Mais tous les observateurs confirment que cela ne pourra que chuter.

    La phrase est jolie : « Le principe d’anonymat du don ne fait pas obstacle à l’accès de l’enfant majeur né d’une assistance médicale à la procréation avec tiers donneur, sur sa demande, à des données non identifiantes ou à l’identité de ce tiers donneur » ! On ne peut pas faire plus contourné.

    Malgré toutes les précautions juridiques interdisant les recours judiciaires en recherche de paternité, les effets potentiels de cette levée de l’anonymat peuvent être explosifs. D’autant plus que, sans considération du point de vue de la famille, le consentement du conjoint du donneur est supprimé

    Et le refus des donneurs précédemment volontaires à voir divulguer leur identité peut provoquer une pénurie, par la destruction prévue des dons de gamètes et d’embryons en « stock », conduisant à une marchandisation (officielle ou occulte) de la rareté ! Phénomène économique bien connu.

    Enfin, l’accès à ces données sensibles serait géré par une Commission comportant des « spécialistes de l’assistance médicale à la procréation », mais aussi des sciences humaines et sociales, et des représentants d’associations (au nombre de 6), autrement dit aucune garantie réelle de la confidentialité

    • Pour la conservation des gamètes ou des embryons, il est prévu de recourir à des centres de santé publics ou privés (la mention du but « non lucratif » a été supprimée par la Commission de l’Assemblée et certains peuvent le faire sans autorisation[1]). Tout est pris en charge par la Sécurité sociale, dès lors qu’il s’agit de dons pour autrui. Et conservé jusqu’à 10 ans !

    Mais les employeurs et les entreprises ne peuvent pas financer (directement…) la conservation, lorsqu’il s’agit d’un prélèvement destiné à la personne elle-même (conservation de gamètes ou d’ovocytes pour un usage ultérieur).

    Il s’agit là d’un marché réel ouvert pour l’avenir à des centres de conservation publics ou privés, soit pour les PMA de toutes, soit « pour convenance personnelle » pure et simple des « donneurs/donneuses ». Dire ensuite qu’il ne peut pas y avoir d’usage commercial relève de l’illusion… Les importations sont d’ailleurs également prévues, mais non autorisées aux entreprises commerciales, nuance bien faible !

    Le commerce imprégnera bien toute la chaîne de la PMA, nécessairement. Or il s’agit de gamètes ou d’embryons humains !!!

    • La recherche sur l’embryon demeure soumise à autorisation, mais élargie aux recherches sur l’infertilité (?), et la recherche sur les cellules souches embryonnaires (supprimant de fait l’embryon) est soumise à simple déclaration, sauf opposition de l’Agence de Biomédecine, ce qui allège considérablement les procédures et peut même se faire par non-opposition tacite dans un certain délai pris par décret…

    Parmi les autres modifications introduites dans cette partie du Code de la santé publique, la destruction des embryons ayant subi des recherches est prévue explicitement le 14ème jour, destruction pure et simple d’un être humain, au moment où ses organes commencent à pouvoir se différencier ! Cela a le mérite de la clarté, car il était dit auparavant seulement que ces embryons ne devaient pas être implantés.

    Et pour les cellules souches susceptibles d’être différenciées en gamètes leur introduction dans un embryon animal pour une implantation chez la femelle serait possible aussi, sauf opposition ! Les chimères demeurent interdites… sur le papier seulement. Seule la modification d’un embryon humain par l’introduction de gènes d’autres espèces reste interdite, mais pas la modification « humaine » ni l’inverse sur un embryon animal !

    • L’information réciproque des donneurs et des receveurs est prévue en cas d’anomalie génétique, de même que l’information des familles en cas de découverte « incidente » de telles anomalies, sauf opposition explicite des personnes ou de leurs représentants pour les mineurs ou personnes protégées.

    Ceci semble ouvrir la porte à des recherches génétiques vastes et sans rapport avec les prélèvements de tissus effectués pour la santé des personnes. Certes avec leur autorisation, pour le moment… mais pouvant conduire à des informations dont l’usage n’est pas encore bien balisé, c’est le moins que l’on puisse dire. Sans parler des erreurs possibles ou des incertitudes sur la probabilité de développer telle maladie ou handicap… Les diagnostics prédictifs et leurs conséquences ne sont pas loin !

    La maîtrise de telles données, une fois produites, peut se révéler très délicate… L’homme doit-il chercher à tout prévoir, en serait-il même capable ?

    • Les examens de dépistage génétique seront « proposés » pour des dépistages pré-nataux en cas de risques d’affections « d’une particulière gravité ». Avec la caractéristique d’être communiqués à la femme enceinte, mais seulement si elle le souhaite à son conjoint, laissant entière sa solitude dans le cas contraire.
    • De même pour les mineures, elles peuvent s’opposer jusqu’au bout à l’information de leurs représentants légaux.
    • L’interruption volontaire de grossesse pour motif médical en découlant n’est plus soumise au délai d’une semaine précédemment prévu, précipitant des décisions sans réflexion suffisante.

    L’absence d’accompagnement obligatoire et de la réflexion, qui seraient pourtant nécessaires après un dépistage pré-natal grave, constitue une pression intolérable sur les femmes enceintes qui ne pourront seules résister aux injonctions médicales présentées comme un bien pour elles seules.

    Comment la société peut-elle lutter contre cet individualisme qui conduit au matérialisme ? Voir l’article de Cécile Lafontaine.

    [1] Apparemment l’Assemblée nationale a rétabli les termes « non lucratifs » en voulant éviter la marchandisation de la PMA et de tout ce qui y concourt… Un petit pas en arrière.

    Extraits du compendium de la doctrine sociale de l'Eglise concernant la famille et les droits de l’enfant

    209 L’importance et le caractère central de la famille, pour la personne et pour la société, sont maintes fois soulignés dans les Saintes Écritures : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2, 18). Les tous premiers textes qui racontent la création de l’homme (cf. Gn 1, 26-28; 2, 7-24) font déjà ressortir la façon dont — dans le dessein de Dieu — le couple constitue « l’expression première de la communion des personnes ».458 Ève est créée semblable à Adam, comme celle qui, dans son altérité, le complète (cf. Gn 2, 18) pour former avec lui « une seule chair » (Gn 2, 24; cf. Mt 19, 5-6).459 En même temps, tous deux sont engagés dans la tâche de la procréation, qui fait d’eux des collaborateurs du Créateur: « Soyez féconds, multipliez- vous, emplissez la terre » (Gn 1, 28). La famille apparaît, dans le dessein du Créateur, comme le « lieu premier d’“humanisation” de la personne et de la société » et le « berceau de la vie et de l’amour ».460

    212 Pour la personne, la famille est importante et centrale. Dans ce berceau de la vie et de l’amour, l’homme naît et grandit: lorsque naît un enfant, à la société est fait le don d’une nouvelle personne qui « au plus profond d’elle-même (…) est appelée à vivre en communion avec les autres, et à se donner aux autres ».465 Par conséquent, dans la famille, le don réciproque de soi de la part de l’homme et de la femme unis dans le mariage « crée un milieu de vie dans lequel l’enfant peut (…) épanouir ses capacités, devenir conscient de sa dignité et se préparer à affronter son destin unique et irremplaçable ».466

    221 La famille se propose comme espace de la communion, si nécessaire dans une société toujours plus individualiste, dans lequel il faut faire grandir une authentique communauté de personnes 490 grâce à l’incessant dynamisme de l’amour, qui est la dimension fondamentale de l’expérience humaine et qui trouve précisément dans la famille un lieu privilégié pour se manifester: « L’amour amène l’homme à se réaliser par le don désintéressé de lui-même. Aimer signifie donner et recevoir ce qu’on ne peut ni acquérir ni vendre, mais seulement accorder librement et mutuellement ».491

    224 Face aux théories qui ne considèrent l’identité de genre que comme un produit culturel et social dérivant de l’interaction entre la communauté et l’individu, faisant abstraction de l’identité sexuelle personnelle et sans aucune référence à la véritable signification de la sexualité, l’Église ne se lassera pas de réaffirmer son enseignement: « Il revient à chacun, homme et femme, de reconnaître et d’accepter son identité sexuelle. La différence et la complémentarité physiques, morales et spirituelles sont orientées vers les biens du mariage et l’épanouissement de la vie familiale. L’harmonie du couple et de la société dépend en partie de la manière dont sont vécus entre les sexes la complémentarité, le besoin et l’appui mutuels ».496 Cette perspective fait considérer comme un devoir la conformation du droit positif à la loi naturelle, selon laquelle l’identité sexuelle est indisponible, car elle constitue la condition objective pour former un couple dans le mariage.

    229 La solidité du noyau familial est une ressource déterminante pour la qualité de la vie sociale en commun; par conséquent, la communauté civile ne peut pas rester indifférente face aux tendances de désagrégation qui minent à la base ses colonnes portantes. Si une législation peut parfois tolérer des comportements moralement inacceptables,509 elle ne doit jamais affaiblir la reconnaissance du mariage monogamique indissoluble comme unique forme authentique de la famille. Il est donc nécessaire que les autorités publiques, « résistant à ces tendances qui désagrègent la société elle-même et sont dommageables pour la dignité, la sécurité et le bien-être des divers citoyens, s’emploient à éviter que l’opinion publique ne soit entraînée à sous-estimer l’importance institutionnelle du mariage et de la famille ».510

    La communauté chrétienne et tous ceux qui ont à cœur le bien de la société ont le devoir de réaffirmer que « la famille, bien plus qu’une simple unité juridique, sociologique ou économique, constitue une communauté d’amour et de solidarité, apte de façon unique à enseigner et à transmettre des valeurs culturelles, éthiques, sociales, spirituelles et religieuses essentielles au développement et au bien-être de ses propres membres et de la société ».511

    231
    Les familles chrétiennes, en vertu du sacrement reçu, ont la mission particulière d’être témoins et annonciatrices de l’Évangile de la vie. C’est un engagement qui assume dans la société la valeur d’une véritable et courageuse prophétie. C’est la raison pour laquelle « le service de l’Évangile de la vie suppose que les familles, spécialement par leur participation à des associations, s’emploient à obtenir que les lois et les institutions de l’État ne lèsent en aucune façon le droit à la vie, de la conception à la mort naturelle, mais le défendent et le soutiennent ».518

    235 Le désir de maternité et de paternité ne justifie aucun « droit à l’enfant », tandis que les droits de l’enfant à naître sont évidents, enfant auquel doivent être garanties des conditions optimales d’existence, grâce à la stabilité de la famille fondée sur le mariage et la complémentarité des deux figures, paternelle et maternelle.530 Le développement rapide de la recherche et de ses applications techniques dans la sphère de la reproduction pose de nouvelles et délicates questions qui interpellent la société et les normes qui régissent la vie sociale en commun.

    Il faut réaffirmer comme n’étant pas moralement acceptables toutes les techniques de reproduction — comme le don de sperme ou d’ovocyte, la maternité substitutive, la fécondation artificielle hétérologue — qui prévoient de recourir à l’utérus ou à des gamètes de personnes étrangères au couple conjugal, lésant le droit de l’enfant à naître d’un père et d’une mère qui soient tels du point de vue biologique et juridique, ou qui séparent l’acte unitif de l’acte de procréation en recourant à des techniques de laboratoire, comme l’insémination et la fécondation artificielle homologue, de sorte que l’enfant apparaît comme le résultat d’un acte technique plus que comme le fruit naturel de l’acte humain d’un don total et entier des époux.531 Éviter de recourir aux diverses formes de ce qu’on appelle la procréation assistée, substitutive de l’acte conjugal, signifie respecter — aussi bien chez les parents que chez les enfants qu’ils entendent engendrer — la dignité intégrale de la personne humaine.532 En revanche, les moyens qui se présentent comme une aide à l’acte conjugal ou à la réalisation de ses effets sont licites.533

    242
    Dans l’éducation des enfants, le rôle maternel et le rôle paternel sont tout aussi nécessaires
    .552 Les parents doivent donc œuvrer conjointement. Ils exerceront l’autorité avec respect et délicatesse, mais aussi avec fermeté et vigueur: elle doit être crédible, cohérente, sage et toujours orientée vers le bien intégral des enfants.

    244
    Les droits des enfants doivent être protégés par des normes juridiques. Avant tout, la reconnaissance publique de la valeur sociale de l’enfance est nécessaire dans tous les pays: « Aucun pays du monde, aucun système politique ne peut songer à son propre avenir autrement qu’à travers l’image de ces nouvelles générations qui, à la suite de leurs parents, assumeront le patrimoine multiforme des valeurs, des devoirs, des aspirations de la nation à laquelle elles appartiennent, en même temps que le patrimoine de toute la famille humaine ».555 Le premier droit de l’enfant est celui de « naître dans une véritable famille »,556 un droit dont le respect a toujours été problématique et qui connaît aujourd’hui de nouvelles formes de violation dues au développement des techniques génétiques.

    251 Dans le rapport entre la famille et le travail, une attention spéciale doit être réservée au travail de la femme dans le cadre de la famille, c’est-à-dire tout le soin qu’elle lui consacre, qui engage aussi les responsabilités de l’homme comme mari et comme père. Ce travail, à commencer par celui de la mère, précisément parce qu’il vise le service de la qualité de la vie et s’y consacre, constitue un type d’activité éminemment personnel et personnalisant, qui doit être socialement reconnu et valorisé,567 notamment par une compensation économique au moins égale à celle d’autres travaux.568 En même temps, il faut éliminer tous les obstacles qui empêchent les époux d’exercer librement leur responsabilité de procréation et, en particulier, ceux qui contraignent la femme à ne pas accomplir pleinement ses fonctions maternelles.569

    Questions spirituelles autour de la bioéthique
    • La vision de l’homme créé par Dieu « homme et femme » est le fondement de l’ouverture à l’autre, de la fécondité et de l’amour, sous toutes leurs formes. Peut-on séparer ce principe de sa traduction physique sans un grave contre-sens et la disparition de toute base « humaine » véritable dans la société ? Pour des communautés humaines que sont les entreprises, cela importe.

     

    • Même la souffrance des couples infertiles est comprise dans ce principe, et nombre de ceux-ci peuplent la Bible pour nous montrer que la fertilité n’est pas uniquement physique. La créativité des entrepreneurs est également là pour montrer que l’on peut participer de multiple manière à construire un monde juste.

     

    • L’enfant est un être dépendant, qui nous enseigne la relation à l’autre, indispensable pour la vie même. Peut-on tromper un tel être depuis sa conception sur la source de sa vie ? N’y a-t-il pas une violence qui ne demanderait qu’à se retourner contre d’autres ensuite, inéluctablement ? La confiance ne se décrète pas mais elle peut se détruire très vite.

     

    • L’enfant ne nous appartient pas, c’est un sujet humain libre. Peut-on le prendre comme objet de désir et de réalisation de personnes qui ne veulent pas se donner pour donner la vie naturellement ? Les manipulations et échanges dont il serait l’objet sont-ils sans conséquence sur sa liberté, alors que l’épigénétique montre les interférences entre l’environnement et l’embryon dès sa gestation et leurs conséquences physiques et psychologiques ?

     

    • L’accueil du plus faible dont l’évangile est pétri ne serait plus toléré dans un tel monde, contrairement à ce que défendent nombre de mouvements et que nous avions repris en 2018 dans nos positions, frappant nos interlocuteurs du Comité consultatif national d’éthique par la cohérence de nos propos… Comment rendre sa place aux plus petits dans ce contexte ?

     

    Interventions des EDC dans la cadre des Etats généraux de la bioéthique