Article de la revue

Se mettre en action pour l’Ukraine

Publié le 11/01/2023

24 février. L’Ukraine est envahie. La violence des images de guerre, le désarroi des personnes qui fuient leur pays et, parfois, un profond sentiment d’impuissance qui nous saisit… Comment s’engager ? Que faire en tant que membre EDC ? « Se mettre en action  » répond Pierre Guillet, président du mouvement, faisant écho aux initiatives portées par des membres EDC. Aide matérielle et logistique, organisation d’un accueil d’urgence, intégration professionnelle… Si les initiatives sont variées et parfois même atypiques, elles viennent s’inscrire pleinement dans les orientations du mouvement.

 

Invités à Agir

Comment rester indifférent au sort des personnes réfugiées de guerre ? Les trois orientations des EDC nous invitent à nous impliquer concrètement pour vivre la fraternité, rencontrer le Christ et engager nos talents au service du monde. Des orientations qui « entrent en résonnance avec le monde que nous connaissons et aident à trouver des solutions justes pour tous », explique Pierre Guillet. « Les EDC profitent de leur présence sur tout le territoire et de leur nombre pour se mettre concrètement au service des fragilités et des faiblesses de nos prochains » complète-t-il. De nombreux membres des EDC ont répondu à l’appel en se mobilisant en faveur des Ukrainiens. Individuelles, en équipe, en région, en entreprise ou en famille… toutes ces initiatives ont un point commun : « la volonté d’Agir et de mettre en action ses talents avec implication et organisation. »

 

Besoin de bras

Jean-Marc Semoulin, membre de l’équipe EDC Verneuil-sur-Seine et directeur de l’ONG La Gerbe, avait besoin de bras pour trier et préparer des envois de matériel à destination des personnes fragiles d’Ukraine. « Près de 80 membres EDC se sont mobilisés tous les samedis matin depuis le mois de mars, en équipe, en famille et même en entreprise. Parce que l’idée est, si possible, d’embarquer son entreprise dans l’action », se réjouit Pierre Guillet.

C’est avec son entreprise, Grisbee Gestion Privée, que Frédéric Billot de Lochner, membre de l’équipe Versailles Saint-Louis a répondu à l’appel à s’engager. « Depuis le début, nous voulions faire des actions en entreprise, explique-t-il. Mais on est rattrapés par le quotidien et on ne prend pas vraiment le temps de concrétiser ce projet ». L’appel de La Gerbe est arrivé au bon moment pour le chef d’entreprise qui a fait ce que font le mieux les entrepreneurs : saisir l’opportunité. « Nous avons proposé à nos équipes de se mobiliser une journée avec un deal très simple : Grisbee offre une demi-journée, l’autre demi-journée est à la charge du salarié. Et la réponse a été radicale, tout le monde était partant ! » Les salariés ont donc passé une journée à trier de la nourriture, des articles pour bébés ou à faire de la manutention dans l’entrepôt de La Gerbe. Bilan ? « Il faudrait faire ça toutes les semaines, nous a dit un des salariés ! » sourit Frédéric. Au-delà de la boutade, Frédéric tire deux conclusions de cette action : « On entend souvent que les jeunes veulent donner du sens à leur travail. Ici, nous avons constaté qu’ils avaient non seulement l’envie mais aussi le courage de le faire. Et d’un point de vue personnel, avoir cette opportunité d’agir par les EDC, c’est exactement ce que j’attendais en adhérant il y a quelques mois : pouvoir avancer concrètement, me transformer et transformer mon entreprise ! »

L’équipe Grisbee au grand complet lors de leur journée avec La Gerbe

Abriter et aider à pleurer et à rire

Saisir les opportunités, c’est également ce qu’a fait Éric de Solages, membre de l’équipe EDC Louis et Zélie Martin de Bourges. Quand il reçoit un appel téléphonique de son archevêque, la demande est simple : coordonner la cellule de crise de la préfecture, le diocèse et différentes associations pour la mise en place dans les locaux d’un ancien couvent d’une maison d’accueil d’urgence pour une trentaine de réfugiés. Assez naturellement, l’ancien président de région accepte. En une petite dizaine de jours et grâce à un travail d’équipe, tout est opérationnel, mais le projet ne s’arrête pas là. « Ce qui m’a frappé c’est la rencontre de ces femmes traumatisées, ayant laissé les hommes de leur famille au pays et se battant pour leurs enfants dont certains, en état de sidération, ne parlaient pratiquement plus, explique Éric. N’étant qu’un centre de transit rapide, il est difficile de proposer des accompagnements psychologiques suivis. Alors je me suis demandé comment nous pouvions les aider exprimer à nouveau leurs émotions, à oser pleurer et à rire » Une idée germe : leur faire visiter une exploitation caprine de la région et faire de la câlinothérapie avec des chèvres et les animaux de la ferme : « ce n’est pas très académique mais on fait avec les moyens du bord ! Et ça a très bien marché ! c’est très simple mais très efficace pour les aider à se reconnecter à leurs émotions ! »témoigne Éric.

Calinothérapie chez Laurent Perrot, éleveur caprin dans le Sancerrois

Pour toujours mieux accueillir les personnes réfugiées, l’équipe sur place a réussi à faire venir deux prêtres orthodoxes de Paris qui ont célébré la Pâques orthodoxe : « finalement, ce sont 140 réfugiés qui ont assisté à la célébration. Un moment de rencontre inoubliable ! »

Pâques orthodoxe célébrée à la maison diocésaine de Bourges

Accueillir en famille

Une rencontre que Fabien Thiriez, membre de l’équipe EDC Chantilly, et sa famille ne sont pas près d’oublier ! Engagés via les EDC dans l’élan de solidarité régional en faveur les réfugiés ukrainiens, Fabien participe avec sa famille aux collectes organisées. « Cette opération a suscité beaucoup de questions chez nos enfants. Ce sont eux qui nous ont demandé d’accueillir une famille de réfugiés » rapporte Fabien, qui accepte. C’est à Pâques qu’Alla et son fils Matviei sont arrivés dans le foyer. « Nous voulons les inclure au maximum et pour cela, nos enfants sont très moteurs. Malheureusement, c’est compliqué pour eux de se projeter dans l’avenir sans savoir si un retour sera possible, avec la barrière de la langue et les difficultés matérielles d’un exil en France ». Une aventure très enrichissante pour l’ensemble de la famille qui, au-delà de l’élan généreux, pose aussi la question de l’accueil sur le long terme.

Fabien et Claire Thiriez (EDC Chantilly) et leurs 4 enfants accueillent chez eux Alla et son fils qui ont dû quitter leur maison située dans le Donbass

Proposer un emploi pour faciliter l’intégration

Accueillir des personnes ukrainiennes réfugiées sur le long terme, c’est une question que Pierre Arnaud, membre de l’équipe Besançon qui dirige une entreprise de nettoyage en B to B, s’est également posée. La communauté religieuse la Roche d’Or qui a accueilli le bureau national d’été des EDC a été contactée par la préfecture et le diocèse pour accueillir en urgence des réfugiés ukrainiens en attente d’un logement pérenne. « Je me suis mis assez rapidement en contact avec la communauté pour savoir comment nous pouvions, avec Naoki, proposer des emplois pour faciliter leur intégration » explique celui qui est aussi vice-président des EDC. « C’est une façon concrète de vivre la pensée sociale chrétienne dans mon entreprise » témoigne Pierre. Une initiative qui s’inscrit dans une démarche initiée par l’entreprise en 2021 : une réflexion sur sa raison d’être, ses valeurs et ses règles de vie et la décision concrète d’inscrire l’accueil de la fragilité dans ses engagements. « Mais pour que cet engagement soit tenu dans la durée, il faut qu’il soit structuré et pensé. Nous sommes donc en pleine réflexion pour savoir comment bien accueillir des réfugiés malgré la barrière de la langue et le fait qu’ils n’aient pas leur permis de conduire. » précise Pierre. Un défi de taille que le dirigeant compte bien relever et qu’il vit comme le prolongement logique de son engagement aux EDC : « les entreprises ont un rôle sociétal à jouer important ! Si nous n’enclenchons pas la dynamique, qui le fera ? ».

 

H.B.