Article de la revue

L’entreprise, une communauté humaine

Publié le 07/07/2016

Louis Gallois, grand témoin des Assises, a livré une parole libre le vendredi après-midi, répondant aux questions de Sophie Soury, présidente de la région EDC Rhône-Alpes et Jean-Marie Valentin, président de la région EDC Paris.

L’enjeu de réindustrialisation est-il également celui de la réinsertion ?

L.G. : Compétitivité et solidarité sont deux facettes de la même réalité. On a besoin des deux : besoin de compétitivité qui crée l’emploi, et besoin de croissance qui permet de répartir la richesse et rend plus facile la solidarité.
Une société qui n’est pas solidaire est une société qui, à terme, ne peut être compétitive. Il faut une société où les gens peuvent s’épanouir et déployer tout leur potentiel.

Quelle est la méthode Gallois pour le dialogue social ?

L.G. : Le dialogue social, on en a besoin. Il n’y a pas de dialogue social s’il n’y a pas de partenaires
sociaux, ça s’appelle les syndicats. Il faut des syndicats en entreprise. Et je vais même plus loin, […] je propose le chèque syndical. […] Je n’ai pas de recette et je serai présomptueux de le dire : il faut respecter les gens, les écouter car ils ont des choses à dire, si on
pense qu’ils n’ont rien à dire, il n’y a plus de dialogue. Il faut parler franchement, ne pas
tourner autour du pot, dire les choses comme elles sont.

Est-ce que l’ennemi de l’entreprise c’est la finance ?

L.G. : Ce qui me préoccupe c’est la financiarisation des entreprises, quand les actionnaires ont pris le pouvoir dans les entreprises, surtout dans les entreprises cotées et les normes comptables ont été adaptées à cette prise de pouvoir en ignorant complètement le potentiel de développement d’une entreprise, le potentiel humain, la somme des compétences.

Quelle est la finalité d’un dirigeant?

L.G. : C’est de faire avancer son entreprise et tout le monde avec. L’entreprise c’est une communauté humaine. Comment orienter son entreprise pour le bien commun? Le fonctionnement de l’entreprise doit être respectueux de la communauté humaine qu’elle constitue pour se développer. Sa contribution au bien commun est d’assurer son propre développement, c’est-à-dire l’emploi, soit direct, soit indirect.

Réactions de membres EDC

« Louis Gallois (PSA), souligne que les conditions à remplir, pour
un dirigeant dont la finalité est de « faire avancer »,
sont de deux ordres : respecter les personnes et être authentique. Cela suppose de se construire une pensée libre, hors des schémas et des simplismes médiatiques : la France aime ses PME ;
la France « crève » d’une défiance mise en exergue. Le bien commun, pour un
agnostique comme Louis Gallois signifie
à la fois le respect de la communauté
et le travail au développement de
l’entreprise et de toutes ses parties
prenantes. »
Philippe Crouy, équipe Grenoble 2
« Louis Gallois nous a frappé par son
désaveu de l’argent (qui prive de liberté),
son regret de l’absence de dialogue
social en France qui est un gaspillage
énorme. Pour lui, l’entreprise est une
communauté humaine qui n’appartient
à personne : les actionnaires ne sont pas
des propriétaires. »
Équipe Reims Saint-Rémi