Dirigeants Chrétiens n°98 – Tous serviteurs du bien commun !
Publié le 12/11/2019Tous serviteurs du bien commun !
Le titre de ce dossier invite entrepreneurs et dirigeants à se mettre au service d’une économie du bien commun. Mais que signifient les termes « bien commun » pour des chrétiens engagés dans l’entreprise ? Ce bien commun n’est pas une réalité « éthérée, abstraite et lointaine » qu’il faudrait atteindre, répondent les intervenants du dossier. Ils témoignent que la construction du bien commun est une dynamique, dont les défis sont immenses. Entrepreneurs et dirigeants sont invités à s’engager personnellement, à se convertir, pour se mettre au service du bien commun.
Entretien croisé
Une économie au service du bien commun
Comment, d’abord, pourrait-on définir ce « bien commun » qui semble insaisissable ? Comment l’entreprise peut-elle se mettre au service du bien commun de la société mais aussi du sien propre ? « Mettre l’homme au cœur de l’entreprise » pour porter une économie du bien commun, est-ce possible dans un environnement très concurrentiel ? Quel est le rôle du dirigeant dans cette mise en oeuvre ? Quelles implications pour lui-même ? Extraits d’un échange sur le vif entre Bernard Guéry, philosophe, et Hervé Lucas, chef d’entreprise.
Hervé Lucas,
associé-fondateur de Cap vert Energie,
équipe EDC Marseille 3.
Bernard Guéry,
enseignant-chercheur à l’IPC,
facultés libres de philosophie et psychologie à Paris,
consultant en management
intervenant pour des temps de ressourcement EDC.
Témoignage
les salariés constituent la vraie richesse de l’entreprise

Damien Naulleaud, président de Starpak et président de l’équipe EDC Charente Marthe-Robin
À la tête de quatre entreprises de conditionnement, embouteillage, fabrication de coffrets bois et grossiste, Damien Naulleaud, s’engage au quotidien pour mettre le bien commun au cœur de sa stratégie entrepreneuriale. « Aujourd’hui, les dirigeants ont l’obligation de se positionner notamment vis-à-vis des salariés qui constituent la vraie richesse de l’entreprise. »
Son credo ? Des entretiens individuels, des primes au mérite et des valorisations de postes, via la formation ou une évolution choisie. Sans oublier les moments festifs et conviviaux qui permettent de tisser des liens durables. « Ces outils de management très simples me permettent de m’assurer que les gens sont épanouis et sereins à leurs postes et de les garder dans l’entreprise le plus longtemps possible. »
Engagé dans la bataille de l’emploi, Damien Naulleaud a récemment racheté la société en difficulté PEGEE et transféré une gamme de coffrets, donc des emplois au sein de l’association l’Arche. « C’est l’une des dernières entreprises françaises qui fabrique des coffrets en bois en France. Nous avons créé 16 équivalents temps plein et externalisé nos machines et notre savoir-faire. C’est cela aussi se mettre au service du bien commun. » (F.B.)
Regard d’un conseiller spirituel
Christianisme et bien commun

le pasteur Alain Joly a contribué à la rédaction du cahier des EDC « Bien commun et entreprise ».
Même s’ils sont chrétiens, entrepreneurs et dirigeants appartiennent à ce monde. Il faut commencer par cela: les chrétiens, parce que du monde, reçoivent vocation à y inscrire les marques du Royaume à venir. Les rapports à leurs contemporains ne peuvent y être considérés en vis-à-vis. Bien plutôt, les disciples du Christ se découvrent issus, sans titre meilleur, de l’humanité pécheresse, mais appelés à la justification et la sainteté. En contexte chrétien, la perspective de servir le bien commun serait-elle alors une déclinaison de l’appel qui a retenti dans le cœur et l’intelligence de certains hommes à vivre la sanctification ?
(…)
Alain Joly, pasteur Luthérien, est chargé de cours à la Faculté de théologie de Vaux-sur-Seine, il est l’auteur de Prier 15 jours avec Jean-Sébastien Bach (Nouvelle Cité) et de Bach, maître spirituel (Taillandier).
Billet du conseiller spirituel national
La recherche du bien commun nous élève

Père Vincent Cabanac, assomptionniste, conseiller spirituel national des EDC
A toutes les références qui précèdent, que puis-je ajouter si ce n’est une simple image ? Elle sera imparfaite mais peut-être évocatrice. De retour du pèlerinage au Liban, avec les membres du bureau national, un exemple s’impose à mon esprit pour évoquer le bien commun et comprendre comment le « cultiver ». On peut tirer une leçon du pays du cèdre qui appartient à la Terre Sainte. Au long des siècles, son peuple a subi maints conflits, persécutions et même une guerre civile. Malgré toutes ses affres et déconvenues, il subsiste, persévère et essaie de demeurer fidèle à ses traditions religieuses appelées à un respect mutuel. C’est un défi et un signe évident que le vivre ensemble est exigeant. Mais une douce détermination peut faire refleurir même les champs de ruine.
(…)

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Dirigeants Chrétiens n°97 – Les défis du dialogue en entrepriseBien travailler ensemble dans l’entreprise implique d’établir un dialogue entre les parties prenantes. Car c’est dans le dialogue que chacun pourra être reconnu comme personne, reconnu dans ce qu’il fait et contribuer
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