Article de la revue

Claire Barneron : « Le travail doit être épanouissant et donner du sens »

Publié le 01/03/2019

Jeune entrepreneuse, cogérante d’Agrilys, une agence spécialisée dans l’organisation de voyages d’études agricoles, Claire Barneron a réussi à réunir dans son métier ses deux passions : l’agriculture et les voyages.

Si les locaux d’Agrilis se trouvent en plein Paris, cela n’empêche pas Claire Barneron de parcourir le monde régulièrement dans le cadre de son activité. La jeune femme âgée de 34 ans, issue d’une famille d’agriculteurs installée en Charente, s’est tout naturellement orientée vers ce secteur qu’elle côtoie depuis toute petite et qui la passionne. « Pendant mes études en école d’ingénieur en agriculture, mes expériences à l’international m’ont bien plu, explique-t-elle. Cela m’a poussée à partir en volontariat international à l’issue de mon cursus. »

Claire Barneron s’envole donc pour l’Indonésie pendant près de deux ans. « Cela n’a pas été facile au début, j’ai mis du temps à m’intégrer, il fallait apprendre la langue. Mais après cela, ça a été génial ! » En plus des cours de français qu’elle dispense, elle organise des formations de terrain pour la faculté d’agriculture. « Je n’y allais pas du tout pour une expertise professionnelle, avoue-t-elle. Finalement, j’en suis revenue avec un bagage assez intéressant et une conviction : il n’y a rien de mieux que les voyages pour transformer les personnes ! »

Le métier de Claire Barneron est axé sur le brassage des cultures et les rencontres.

Donner du sens à son travail

A son retour en France, Claire Barneron trouve son premier job en intégrant une société d’études de marché dédiée à l’agriculture. Après deux ans, la jeune femme commence à tourner en rond et c’est une rencontre fortuite qui la pousse à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. « Une amie m’a montré une offre d’emploi, celle de mon futur associé. Il cherchait quelqu’un pour l’épauler dans l’entreprise qu’il venait de créer, une agence de voyages dédiée à l’agriculture. Pour moi, c’était le job de mes rêves, me permettant d’allier mes deux passions ! » La voilà qui devient cogérante de cette toute jeune entreprise.

Claire Barneron saisit cette opportunité d’Agrilys et ce job qui semble être fait sur mesure pour elle : organiser des voyages d’études dédiés à l’agriculture, pour des étudiants ou des professionnels. Un métier qui prend tout son sens, axé sur le brassage des cultures et les rencontres. « Nous sommes à la recherche du bien commun en provoquant ces échanges entre les agriculteurs du monde entier. Ce partage de connaissances se fait en intelligence collective, afin de créer du lien de part et d’autre des filières, des sujets et des territoires. »

Et si son travail est épanouissant, elle veut aller encore plus loin dans cette quête de sens. « Cette année, Agrilys fête ses dix ans. On en profite pour se poser pas mal de questions sur ce que l’on a construit, poursuit-elle. Jusque-là, nous étions des facilitateurs de rencontres, des groupes venaient avec un projet, nous organisions le déplacement et l’objectif était atteint quand le voyage avait répondu aux attentes de nos clients. Nous souhaitons aller encore plus loin en proposant nous-mêmes des voyages traitant de sujets qui nous semblent fondamentaux pour l’agriculture et les agriculteurs. »

Les déplacements, ici au Mexique, sont destinés aux étudiants et professionnels.

Aller vers le bien commun

Agrilys a ainsi proposé l’an dernier un voyage en Nouvelle-Zélande dédié à la filière laitière, en partenariat avec l’Institut de l’élevage. Et l’entreprise prépare un déplacement au Canada sur l’agriculture de conservation avec un expert des semis directs. Ce pays est le pionnier dans la baisse d’utilisation des traitements phytosanitaires et la fin du travail en profondeur de la terre, qui appauvrit les sols. « Il y a un côté bien commun, nous sommes au service du monde agricole, mais nous souhaitons le servir de la meilleure des manières et nous essayons d’agir le plus intelligemment possible. » Donner du sens et répondre aux besoins et enjeux de la filière agricole, autant de réflexions que Claire Barneron nourrit avec la Pensée sociale chrétienne, que la jeune femme a découvert à travers le parcours Zachée puis les EDC (elle fait partie de l’équipe Notre-Dame-du-Travail) et continue d’approfondir avec le mouvement. « Cela m’a permis de me poser des tas de questions sur tous les aspects de ma vie et j’ai compris que la Pensée sociale chrétienne pouvait nourrir mes prises de décisions et d’actions, dans chaque acte que je pose au niveau personnel ou professionnel. Cela m’a également permis de créer cette unité, en n’étant pas seulement chrétienne le dimanche, mais au quotidien. »

C’est donc tout naturellement que la notion de subsidiarité s’est mise en place, dès l’embauche de la première salariée. « Son profil nous plaisait vraiment mais elle vivait à Rennes et ne pouvait pas déménager. On souhaitait vraiment l’intégrer dans notre équipe, nous nous sommes donc adaptés en mettant en place le télétravail. Car, pour nous, ce sont les personnes qui comptent le plus. » Une philosophie qu’elle applique également à elle-même, afin de préserver l’équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle. « Quand on est entrepreneur, le travail occupe une place très importante. Mais il faut savoir faire la part des choses, il n’y a pas que le boulot dans la vie. » Pour cela, avoue-t-elle, il faut être bien entouré et ne pas avoir ses courriels professionnels accessibles depuis son téléphone…