Dirigeants Chrétiens n°106 : Réindustrialiser les territoires
Publié le 02/05/2021Réindustrialiser les territoires
La crise sanitaire a été le révélateur de la forte dépendance industrielle de la France et a contribué à faire revenir cette question au premier plan du débat public.
Aujourd’hui, l’appel à la réindustrialisation semble faire consensus. Et dans ce processus, les territoires ont un rôle décisif à jouer: situés au plus proche du tissu industriel, il leur revient de créer les conditions d’une réindustrialisation réussie, en particulier en renforçant leur attractivité.
Mais l’enjeu n’est pas seulement économique, il est aussi environnemental et social, et il peut être une chance pour les entrepreneurs et dirigeants de déployer une économie au service du bien commun.
Entretien croisé
Œuvrer pour le bien commun
Aujourd’hui, les appels à la réindustrialisation et à la relocalisation font consensus. Pourtant, le processus apparaît comme long et complexe. Avant même la réindustrialisation, qu’en est-il du maintien de l’industrie existante ? À quelles condition une entreprise industrielle peut-elle participer au bien commun du territoire dans lequel elle s’implante ? Le fait-elle déjà par sa simple contribution économique ? Quels liens peut-elle entretenir avec la communauté dans laquelle elle s’inscrit? Le dirigeant doit-il privilégier le développement du territoire national? Comment la pensée sociale chrétienne peut-elle nous aider à discerner ? Extraits d’un échange entre le père Dominique Greiner et Anne Philippe.
Anne Philippe,
chargée de la politique sociale chez ArcelorMittal France,
membre de l’équipe EDC Paris Saint François Xavier
Dominique Greiner,
assomptionniste,
rédacteur en chef au quotidien La Croix.
Économiste et théologien,
enseigne la théologie morale,
auteur du blog « La doctrine sociale sur le fil ».
A lire en intégralité dans la revue.
Témoignage
« Offrir une seconde vie »

Jean-François Cassier, dirigeant de TC Transports et de Rhévéa.
Notre entreprise spécialisée en transport de marchandises et logistique participe depuis plus de quinze ans à la collecte et au recyclage des pneus usagés. Rapidement, nous avons constaté que 20 % d’entre eux étaient aptes à une seconde vie et que d’autres pouvaient être réparés.
Face à ce constat, nous avons créé Rhévéa en 2008, entreprise spécialisée dans la réparation à chaud et la revente de pneus. Le site est basé à Cercy-la-Tour dans la Nièvre, un village situé dans une zone largement désindustrialisée, qui emploie aujourd’hui sept salariés.
La principale difficulté a été de former nos opérateurs, car il n’existait pas de filière de formation professionnelle. Enfin, nous travaillons depuis plusieurs années au développement d’une machine d’expertise des pneus usagés et à la création d’une filière pour la mise sur le marché du réemploi au niveau national.
Notre but est d’organiser le réemploi des pneus éligibles à une seconde vie. Pour développer ce projet, nous avons créé Regom, une start-up lauréate en octobre dernier du plan France Relance, dans le cadre de la réindustrialisation du département. La subvention à la clef constitue un véritable accélérateur : nous avons lancé la production de plusieurs machines et réalisé des économies d’échelle, tout en accentuant nos efforts en R&D. Ce programme nous a permis de passer à la vitesse supérieure… G.D.
Regard d’un conseiller spirituel
Réindustrialisation et revitalisation

Jean–Yves Doisy, DG du groupe Vitamine T, diacre et conseiller spirituel de l’équipe EDC Lille Amour et Vérité.
Dans ses Lettres de mon moulin, Alphonse Daudet pose en quelque mots le destin tragique du meunier maître Cornille : « pendant quelques temps, ils essayèrent de lutter, mais la vapeur fut la plus forte, et l’un après l’autre, pécaïre ! Ils furent tous obligés de fermer ».
Tout y est: la vie du territoire qui disparaît, un nouveau système extérieur qui s’impose, une vie de labeur brisée, une dignité perdue, un isolement, le secret, la honte ressentie…
À l’image de maître Cornille, on peut penser que les ouvriers, les salariés et les dirigeants dont l’entreprise est tombée ou a quitté le territoire se sentent désœuvrés, abandonnés, impuissants. Ils ont subi la situation, en ont souffert et on peut se demander ce qu’ils ont pu ressentir au fond d’eux-mêmes face à ce qui s’impose à eux: une mort non choisie, non donnée, qui n’a pas de sens… Au nom d’une mondialisation ou d’un système qui ne considère pas les personnes, qui les laisse de côté, les broie, en broyant ce qui fait leur vie… Il y a beaucoup de violence dans tout ça.
A lire en intégralité dans la revue
Billet du conseiller spirituel national
Une entreprise locale devenue universelle

Le père Vincent Cabanac, aa, conseiller spirituel national des EDC.
Jésus a lancé une start-up pour laquelle bien peu auraient investi un euro et encore moins leur vie ! Quelle a été son intuition originale qui mêle le local à l’international?
(…)

Retrouvez les anciens numéros de la revue
Dirigeants Chrétiens n°105 – La Raison d’être de l’entreprise : slogan ou opportunité ?Depuis la loi Pacte de 2019, l’entreprise a la possibilité, optionnelle, de formuler et d’inscrire sa raison d’être dans ses statuts.
Une évolution qui s’inscrit dans une réflexion plus générale sur une meilleure gestion de l’entreprise, au-delà de sa dimension financière.