« La personne aux commandes de son poste de travail est la mieux à même de résoudre les problèmes qu’elle rencontre »
Publié le 23/09/2016Pour Éric Boel, membre EDC et Roannais d’origine, la tradition d’excellence des Tissages de Charlieu (LTC) tient d’abord aux ouvriers qui transmettent depuis des siècles cet art, intelligence de la main et de la matière, habileté à transformer un enchevêtrement de fils en pièces d’exception. Un patrimoine historique sur lequel s’appuyer pour se développer.
Spécialisé dans la confection Jacquard, LTC a misé sur le textile créatif et technique. À partir d’un éventail de 2800 sortes de fils différents, les recettes semblent infinies : « 700 créations voient le jour chaque mois: nouvelles compositions, dessins, structures, c’est l’essence de notre métier, car on achète un vêtement sur un coup de cœur. Notre métier, c’est de parler au cœur » rappelle Éric Boel, qui a repris l’entreprise en 1997 après une carrière dans l’hôtellerie, jamais lassé du bruit entêtant des quatre-vingts métiers à tisser qui brassent le coton, la laine, la soie, ou la viscose.
Chez LTC, on considère tout simplement que la personne aux commandes de son poste de travail est la mieux à même de résoudre les problèmes qu’elle rencontre, et de s’associer à d’autres compétences pour y parvenir. « Il y a plus d’intelligence dans 72 cerveaux que dans deux ou trois ! »
L’autonomie accordée permet une prise de décision libre, qui nécessite bien sûr de tenir compte de l’ensemble de l’entreprise.
Pour être épanoui, chacun doit pouvoir être autonome et responsabilisé, se sentir reconnu et utile, trouver du sens à ce qu’il fait. « Le travail, on le fait avec notre cerveau, mais c’est notre cœur qui nous fait lever le matin. Le business et le cœur sont loin d’être incompatibles. » L’excellence, l’esprit d’équipe et le plaisir pour des salariés qui ont à cœur de servir le client sont les moteurs d’un système vertueux.
Comment éviter la dispersion ? En s’assurant que chacun naviguera dans la même direction.
« Récemment, nous avons réparti les salariés en petits groupes de réflexion explique Eric Boel, qui ont abouti à l’élaboration de fondements communs : vision, valeurs qui rassemblent et guident les équipes de tissage, de R&D et les fonctions support. »

25% du résultat avant impôts est redistribué aux salariés.
L’absence de contrôle, source d’erreurs ? « Faire confiance à quelqu’un, c’est lui donner la responsabilité d’agir, et agir c’est avoir la possibilité de se planter. »
« Notre valeur ajoutée est de présenter un produit nouveau, juste à temps, qui n’existe pas et dans la tendance. En réduisant les intermédiaires, en faisant confiance au plus petit niveau possible dans la prise de décision, on gagne en efficacité » souligne Éric Boel. Il le prouve en chiffres : un CA passé de 8,5 à 11,8 millions d’euros en deux ans.
Un groupe de travail qui prend une décision doit pouvoir aller au bout de sa responsabilité – s’il ne met pas l’entreprise en danger – car on grandit de ses erreurs. Cela pousse à la prise de risque, à l’innovation et à l’épanouissement dans le travail, facteurs-clés de performance ! « L’homme avance dans la confiance et le plaisir, plus que dans la défiance et le contrôle. Je pars du postulat que l’homme est bon, si on lui fait confiance spontanément, il fera confiance en retour. »
Pour ne pas laisser leurs convictions au placard, Éric Boel et ses équipes ont travaillé à des changements organisationnels en profondeur. Depuis quelques années, le système pyramidal, fondé sur le contrôle, la vigilance, les rapports hiérarchiques figés, laisse place à un système plus horizontal, responsabilisant à chaque niveau de l’entreprise.
Membre des EDC depuis une dizaine d’années, Éric Boel s’appuie sur ses convictions chrétiennes : « Le but de ma vie, c’est de rendre les gens autour de moi, ceux que je côtoie, heureux. Évidemment on n’y arrive pas, mais c’est l’objectif que je poursuis, pour ma famille, amis, collaborateurs. » « Aime ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 39), comme un ouvrage à remettre chaque matin sur le métier…

Reportage issu de la revue
Dirigeants chrétiens n°79 – Oser la subsidiaritéLa pensée sociale chrétienne (PSC) est une véritable langue vivante pour les EDC. En faisant de la dignité humaine un fondement, en multipliant les initiatives de suppléance, les chrétiens donnent voix à un principe vertueux.
S'abonner à la revue