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Fiche Points de Repères « Quel sens donner à sa retraite? »

Publié le 11/09/2019

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A l’issue de la discussion en Commission Repères du 21 juin 2019, la présente fiche a été établie afin de partager à tous les questionnements des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens sur ce sujet.

1/- Rappel du contexte

Création d’un système de retraite universel, prise en compte de l’intégralité de la carrière et des revenus pour le calcul des pensions, modification de l’âge du départ, les préconisations du haut-commissaire Jean-Paul Delevoye ne manqueront pas de créer de nombreux débats, tensions, conflits à l’automne prochain. 

Au-delà de ses nombreuses dimensions politiques ou techniques, la question de la retraite nous ramène toujours à une question anthropologique : quelle conception avons-nous du travail ? Comment abordons-nous ce temps de retrait du monde professionnel ? Qu’attendre de cette forme d’abandon où la notion d’efficacité et même d’utilité change radicalement ? etc.

2/- Ce que nous apportent les Écritures

2-1/ Changer de mission sans cesser de servir :

L’Écriture (Nb. 4, 1-33) nous décrit le travail des Lévites dans le service de la Tente du Rendez-vous. Il s’avère que ce travail précis et méticuleux, qui devait être accompli avec soin, était par ailleurs pénible : transport, montage, démontage, préparation de la Tente, au gré de la présence de la Nuée. Dès lors nous pourrions retenir les critères d’âge et de pénibilité dans ce qui conduit à la cessation de l’activité : « A partir de cinquante ans, il (le Lévite) ne sera plus astreint au service ; il n’aura plus de fonction ; il aidera pourtant ses frères à assurer l’observance dans la Tente du Rendez-vous, mais il n’aura plus de service » (Nb. 8,25)

Ainsi l’ancien doit « aider à assurer » un service qu’il connaît particulièrement bien. Il est qualifié, il est détenteur de la mémoire et d’une expérience à transmettre. De cette page de l’Écriture, nous pressentons qu’en tant que serviteur du Seigneur, un chrétien, même s’il prend une retraite professionnelle, ne se met jamais en congé, mais que c’est bien sa manière de servir qui évolue.

2-2/ « De ses anciens, il fait des sages » (Ps. 105,22) : Anciens mais toujours à l’ouvrage pour le Royaume

L’Écriture nous présente un nombre impressionnant de figures bibliques dont le ministère s’effectue jusqu’au terme de leur vie : Moïse dont l’auteur sacré attestera de la sagesse de celui qui connaissait le Seigneur face à face. Josué qui mourut en service à un âge avancé. Élisée qui mourut de maladie encore habité de l’esprit de prophétie. Pierre et Paul, déjà sages avant d’être vraiment anciens, exercent leur ministère jusqu’au bout, etc

 2-3/ « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co. 12, 10)  

Le poids des années, qui voit décliner les capacités humaines chez l’ancien, ouvre un nouveau chemin possible à l’Esprit et à la Grâce pour remplir une nouvelle mission : celle de transmettre un héritage humain et spirituel, essentiel, structurant et vital ! L’âge devient un atout, un lieu de dépouillement, laissant transparaître la puissance du Christ : « ma grâce te suffit : car ma puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Co. 12,9). L’Écriture nous rappelle que Dieu donne la force à qui est fatigué, augmente la vigueur de celui qui se confie en Lui (Is. 40, 28) et donne au juste de porter du fruit dans sa vieillesse. (Ps. 92, 15)

2-4/ Thésaurisez pour vos enfants (cf. 2 Co. 12, 14)  

Dès lors, le temps de la retraite est avant tout celui de la transmission de la Vérité puisée au cœur de la Parole de Dieu et agissante dans nos vies (Ps. 71, 18) Ce temps ne peut donc être celui d’une certaine oisiveté, que fustige l’Écriture, mais bien celui du témoignage du zèle pour la maison de Dieu. Temps de la sagesse à laquelle les générations viennent puiser conseils et encouragements car « l’enseignement du sage est source de vie » (Pr. 13,14).

3/- Quelques questions éclairées par la pensée sociale chrétienne

Le temps de la retraite est souvent une rupture. Il peut être une source d’inquiétude : comment vais-je vieillir ? Quelle reconnaissance aurais-je ? Comment vais-je vivre avec des moyens limités ? etc. Dans un monde où seule l’efficacité maximale compte, ces questions sont légitimes.

Elles nous obligent à reconsidérer la place de ceux et celles qui sont « sorties » du système « actif ». Quel regard porte-t-on sur eux ? Comment peuvent-ils contribuer au bien commun ? Quel est leur rôle ?

Ainsi, même s’il peut être vécu comme une forme de dépouillement le temps de la retraite ne doit pas être à l’opposé de la créativité. Le dépouillement c’est aller dans le sens du service, ne pas se renfermer sur soi.  Au fond, pendant ce temps de retraite, est-ce qu’on se prépare à la mort ou à la vie ?

3-1/ La dignité inaliénable de la personne   

Chaque personne a une dignité inaliénable. Elle ne dépend pas des réussites ou des capacités de la personne mais de l’amour personnalisant de Dieu. Avec Lui, nous devons considérer chaque personne au-delà de son utilité présumée mais aussi de sa « valeur » immédiate ou différée. C’est ainsi qu’on peut se poser la question de la retraite des femmes qui ont fait le sacrifice d’une vie professionnelle pour se consacrer à leurs enfants ou de ce couple qui a pris plus de temps pour être davantage présent à son enfant en situation de handicap…

3-2/ La fin du travail … mais de quel travail parle-t-on ?   

Le travail peut-être quelques fois pénible et l’on peut comprendre ceux qui voient arriver avec joie le temps de la retraite comme un temps de repos. Mais dans de la pensée sociale chrétienne, le travail ne peut se réduire à la seule activité salariale.

Le travail trouve ainsi un nouvel éclairage : l’homme peut participer à la création. En travaillant, la personne contribue au déploiement de la création et découvre ainsi sa mission de co-créateur. « C’est ainsi que le travail des hommes doit apparaître comme une expression particulière de leur ressemblance avec Dieu qui rend l’homme participant à l’œuvre créatrice de Dieu dans le monde » (Benoît XVI – discours au couvent des Bernardins – 12 septembre 2008)

L’œuvre réalisée, rémunérée ou non, permet à son auteur de prendre conscience de la valeur de son travail et même d’en tirer une légitime fierté. Celui qui consacre son temps de retraité à une activité bénévole s’accomplit comme une personne unique qui contribue à une œuvre commune et au bien commun. Il est utile aux autres et il participe à l’édification d’une communauté qu’il va contribuer à enrichir en lui donnant sa force, son énergie et sa créativité.

4/- Exemples de réalisation

Selon l’étude « Les Français, l’épargne et la retraite 2017 » réalisée par le Cercle des épargnants, six Français sur dix se disent inquiets pour leur retraite.  Pour un entrepreneur et dirigeant chrétien, la question est donc importante : est-ce un sujet dont on parle dans l’entreprise ? Comment est-il abordé ? Sait-on y consacrer du temps ? Comment s’y prépare-t-on ? Des dispositifs sont-ils mis en place pour faciliter ce passage ?

  • La communauté Fondacio propose et anime une réflexion/retraite pour ceux qui ont passé le cap de la retraite professionnelle. Nombreux sont ceux qui abordent cette étape de la retraite en étant plutôt désemparés – voire anxieux – à l’idée d’arrêter l’activité professionnelle à laquelle ils ont consacré tant d’années et d’énergie de leur vie. La session « Re-traiter Ma vie ! » offre un recul pour faire le point des plus et des moins : ce que l’on perd, mais aussi ce que l’on gagne… : de liberté, d’espace de choix et de relations nouvelles possibles… Bref, ce moment unique pour ouvrir une étape neuve de sa vie : se re-situer dans le monde – prendre soin de soi et de ceux que l’on aime – se consacrer à l’essentiel, à ce qui a du prix à ses yeux. Choisir la vie, délibérément ! https://www.fondacio.fr/fondacio/spip.php?article444

 

-> Plus de ressources dans notre dossier d’actualités « la réforme des retraites »